Plusieurs avocats de parties civiles demandent le report du procès du chirurgien Jöel Le Scouarnec jugé aux assises à huis clos depuis vendredi à Saintes (Charente-Maritime) pour agressions pédophiles, en invoquant des risques sanitaires liés à la crise du Covid-19.
Le "huis clos total ne permet pas de protéger tous les acteurs du procès", dont plusieurs sont dans "une situation vulnérable", a expliqué Me Marie Grimaud, avocate de l'association partie civile Innocence en Danger, qui évoque un "haut risque sanitaire".
"Plusieurs parties au procès (...) ont fait savoir qu'elles solliciteraient le renvoi à la reprise de l'audience (...) en raison de la crise sanitaire provoquée par le COVID 19. Ces demandes (...) devront faire l'objet d'une décision de la cour d'assises de Charente-Maritime, après recueil de l'avis de l'ensemble des acteurs du procès" lundi matin, a confirmé dans un communiqué Emilie Abrantes, magistrate déléguée à la communication à la cour d'appel de Poitiers.
Selon Me Grimaud, deux de ses clientes, qui avaient dénoncé des agressions pédophiles de la part de Joël Le Scouarnec dans les années 90, ont été "en contact avec une personne infectée au Covid-19 dans leur entourage". Ces deux femmes aujourd'hui majeures, reconnues symboliquement parties civiles malgré des faits prescrits, devaient témoigner lundi.
L'avocate, enceinte, a par ailleurs expliqué que les membres de son cabinet, et elle-même, devaient être "confinés" après avoir appris qu'un client étranger à l'affaire a été "déclaré positif au coronavirus".
Autre élément : la femme de l'accusé dont le témoignage est très attendu, mais qui était absente à l'ouverture du procès, se trouvait "vendredi dans un service de diagnostic du Covid-19" et a été en contact avec ses fils, témoins au procès, a ajouté l'avocate.
Me Francesca Satta, l'avocate de la petite fille de 6 ans dont la plainte avait débouché sur l'interpellation du chirurgien en 2017, s'est dite également "en faveur de ce report".
Face aux mesures sanitaires dratiques annoncées samedi, "on ne peut pas déserterle banc des parties civiles si l'audience est maintenue", a-t-elle justifié.
La question du maintien en détention provisoire du chirurgien renvoyé pour des viols et/ou agressions pédophiles sur quatre mineures entre 1989 et 2017, premier volet d'une affaire aux centaines de victimes potentielles, sera examinée lundi en cas de décision de report.
Le procès, entamé vendredi, est censé durer jusqu'au mardi 17 mars.