À l’instar des étudiants en médecine qui viennent en renfort des personnels hospitaliers, les étudiants en pharmacie remplissent eux aussi des missions contre l’épidémie. L’ARS, la faculté de Rennes 1 et l’Ordre des pharmaciens aident les volontaires dans leurs démarches.
S’engager dans les métiers de la santé découle presque toujours de quelque chose de fort : une envie de servir, de venir en aide aux autres. En ces temps de crise du coronavirus, beaucoup de jeunes étudiants de la santé font la démonstration de leur vocation.
Une mobilisation de tout le campus de Rennes 1
Au téléphone, c’est d’abord le Doyen de la faculté des sciences pharmaceutiques et biologiques qui me donne la mesure de la mobilisation des étudiants. Il vient d’organiser la livraison d’un lot de gants vers le Centre hospitalier de Lamballe :
« C’est tout le campus-santé qui s’est mobilisé, tous les labos, les UFR et toutes les écoles partenaires de Rennes 1 comme l’Ecole de chimie ou l’INSA, qui ont contribué à collecter les matériels de protection dont elles disposaient ».
Gants, masques, lunettes, blouses, charlottes, tout a été rassemblé, trié et stocké en un lieu unique. Puis envoyé par exemple à SOS Médecins jusque dans les Côtes-d’Armor ou le Morbihan, ou à l’HAD35 (aide à domicile), ou dans des hôpitaux comme celui de Lamballe.
Fabrication de gel hydro alcoolique
Dés la 3ème année de pharmacie, les étudiants ont pu se rendre utiles en travaux pratiques de galénique (fabrication de produits et pommades au contact du corps).
Avec le stock d’alcool, glycérine et peroxyde d’hydrogène disponible sur le campus, une vingtaine d’entre eux ont ainsi fabriqué 1400 litres de gel hydro alcoolique (GHA) sous la direction de leur professeur.
En renfort au CHU de Rennes
À l’hôpital, les étudiants interviennent à plusieurs niveaux. Certains comme les étudiants en 5ème année, étaient déjà en stage hospitalier dans différents services du CHU avant l'épidémie. Ils sont alors soit dans un des services de la pharmacie de l’hôpital (préparation, livraison dispensation), soit au pôle biologie dans les services d’analyse, ou encore dans les services cliniques.
Une partie des étudiants en 5ème année a été mise en attente pour venir en renfort quand le pic d’épidémie arrivera sur la Bretagne d’ici une semaine.
Les étudiants de la 6ème année sont quant à eux en stage pendant six mois, soit en filière industrie soit en filière officine.
Ceux qui étaient en stage en officine de pharmacie, y sont restés, sauf les plus fragiles ou ceux qui ont un entourage fragile, à qui on a demandé de se confiner.
En renfort dans les officines avec Pharm’help
Dans le cadre de la crise sanitaire, les étudiants ont aussi une autre façon de s’investir : venir en aide aux officines libérales.
Une plateforme a été mise en place par le Conseil de l’ordre des pharmaciens et par l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) : elle permet aux étudiants volontaires d’être mis en relation avec des pharmaciens qui ont besoin d’un coup de main.
Les pharmaciens s’inscrivent via le site du Conseil de l’ordre pour remplir un formulaire d’annonce.
C’était le cas ce mardi de sept pharmacies bretonnes à la recherche de renfort :
-pour remplacer certains de leurs préparateurs, malades, devant s’occuper de leurs enfants ou préserver leurs proches d’une contamination dangereuse.
-ou pour aider à servir les clients, parce qu’il faut plus de précautions que d’habitude.
Ainsi, la pharmacie Rose, à Quimper, a trouvé de l’aide en particulier pour le week-end. La préparatrice qui seconde habituellement la pharmacienne est restée coincée au Cambodge. C’est Paul Deniel qui viendra à son secours ce dimanche. Étudiant en 5ème année il a été reçu au concours de l’Internat. En attendant d’être interne en novembre prochain, il propose ses services sur la plateforme Pharm’help.
Il sait qu’il va servir des patients venus se renseigner avant de consulter un médecin, ou qui s’ignorent porteurs du coronavirus parce qu’ils n’ont pas déclaré de symptômes. Des situations à risque, mais le jeune homme de 23 ans a une véritable vocation :
"On est très nombreux à se mobiliser en officine ou en pharmacie des hôpitaux. On a tous en tête le service du public et le service rendu par l’hôpital public."
La pharmacienne de Quimper peut compter sur lui mais elle sait qu’il faudra prendre un maximum de précautions :
"on ne connait pas bien l’évolution de la charge virale de ce coronavirus dans les sept premiers jours."
Pour les pharmaciens, les officines sont des zones à risque bien plus encore que les supermarchés.