Les refuges SPA sont fermés au public dans le cadre du confinement. La Société protectrice des animaux, dont beaucoup de sites arrivent à saturation, a obtenu du gouvernement une reprise strictement encadrée des adoptions, jeudi 16 avril. Une nouvelle bien accueillie au refuge de Rennes.
Tous les matins, un des dix salariés du refuge SPA de Rennes ouvre les cages de certains chiens pour un instant de liberté collectif. Les adoptions sont suspendues depuis le début du confinement et le refuge atteint aujourd’hui ses limites. "Nous avons notamment accueilli dix chiens du refuge SPA de Vitré qui a fermé, explique Jennifer Gavelle, responsable du refuge. Heureusement, les fourrières ont réduit leurs interventions aux urgences, ce qui limite les nouvelles arrivées."
Avec 130 chiens pour 110 places et 70 chats au lieu de 50 normalement, et bientôt plusieurs portées de chatons, nous ne mettons pas les animaux en danger mais la reprise des adoptions va nous permettre de respirer.
Des adoptions solidaires et réfléchies
La Société protectrice des animaux a obtenu une dérogation du ministère de l’Intérieur pour mettre en place des adoptions solidaires, strictement encadrées. "Nous allons mettre en ligne sur notre site et nos réseaux sociaux les photos d’une quinzaine de chiens et une dizaine de chats faciles à adopter, c'est-à-dire ne nécessitant pas de suivi éducatif particulier. Il ne faut pas que ces animaux causent des problèmes et que nous devions intervenir ou les reprendre. Cela génèrerait trop de contacts et autant de risques de contamination."
Les personnes intéressées doivent d’abord contacter la SPA par écrit. La demande sera traitée par les salariés du siège national qui vont s’assurer qu’il s’agit d’un acte bien réfléchi.
Ce n’est qu’après cette présélection qu’un rendez-vous pourra être pris au refuge pour finaliser l’adoption. Et là encore, les équipes se réservent le droit de ne pas confier l’animal s’il y a un doute. "Il ne faut pas que ces animaux reviennent au refuge un mois après la fin du confinement, prévient Jennifer Gavelle. C’est un engagement sur le long terme, car la vie va reprendre son cours."
Refuge fermé, fonctionnement chamboulé
Au refuge de Rennes, qui reste fermé comme depuis le début confinement, seule une quinzaine de personnes s’occupe quotidiennement des animaux, alors qu’une centaine de bénévoles donne des coups de main habituellement. L’équipe a été divisée en deux groupes qui ne se croisent jamais, pour pouvoir assurer le fonctionnement si un des salariés tombe malade. "Cela fait beaucoup de travail, forcément, reconnaît la responsable. Mais nous sommes bien approvisionnés en croquettes et nous recevons des colis de friandises, dont on a besoin pour administrer les médicaments ou pour faire de l’éducation positive. Si nous en manquons, on lancera peut-être un appel aux dons."
Dans d’autres refuges, comme celui de Landerneau, fermé également, les adoptions continuent mais sous une autre forme. De nombreux échanges écrits et téléphoniques précèdent un éventuel rendez-vous, à domicile, pour l’adoption. D’autres animaux sont confiés temporairement à des familles d’accueil.
Et le déconfinement ?
A la SPA de Rennes, on espère que le déconfinement apportera plutôt une vague d’adoptions que d’abandons. "Mais c’est un risque qui existe, reconnaît Jennifer Gavelle. Il y aura sûrement des ajustements entre les maîtres et leurs animaux à la fin du confinement. Surtout pour les chiens. Il faudra qu’ils se réhabituent à la solitude pendant que leur maître part travailler après avoir passé des semaines ensemble 24h/24. Nous serons là pour conseiller les gens ».