Retour au collège pour tous les niveaux : une reprise en pointillés pour quel intérêt pédagogique ?

Une nouvelle phase du déconfinement s'ouvre ce 2 juin, avec la réouverture progressive des lycées et des collèges aux élèves de 4e et 3e. S'ensuit une réorganisation qui réduit parfois comme peau de chagrin le temps de présence en classe.


A Montauban-de-Bretagne en Ille-et-Vilaine, le collège Evariste Galois accueille habituellement 650 enfants. Depuis le 18 mai et cette semaine encore, seuls les 6e et 5e sont présents en demi-effectif.

Dès la semaine prochaine, avec le retour des 4e et 3e, ils seront environ 300 à revenir sur les bancs de l'école. Les quatre niveaux seront au collège en même temps mais par demi-groupe. Protocole sanitaire oblige, ce sera en alternance une semaine sur deux.

Laure Rossi, conseillère principale d'éducation de l’établissement est assez positive sur cette reprise, même si ses journées ont un peu changé. Sa priorité du moment : faire en sorte que les élèves ne se croisent pas.
 

"On a voulu maximiser leurs heures de présence au collège et faire des semaines complètes, en alternance avec une semaine à la maison" explique Laure Rossi.


Dans son établissement, beaucoup d'élèves reviennent "contents de retrouver un rythme ; l'enseignement en demi-groupe est plus profitable, les professeurs aussi s'y retrouvent car les classes sont plus légères" assure-t-elle.

Une organisation qui n'est pas la règle dans tous les établissements de la région. Avec le retour des 4ème et 3ème, certains collèges, aux effectifs plus importants encore, ne peuvent proposer qu'une seule journée de cours en présentiel à chacun de leurs élèves.


Dans ces conditions, y a-t-il un intérêt pédagogique à revenir en classe ?


Oui défend sans hésiter la FCPE. Peu importe qu'il s'agisse seulement d'un jour par semaine, le retour à l'école est une bonne nouvelle pour la fédération de conseils des conseils de parents d'élèves, qui milite depuis le début pour une reprise. "Que ce soit un jour par semaine ou deux jours toutes les deux semaines, il faut qu'on puisse les ramener. Que les enseignants puissent faire la passation pour la classe supérieure" explique Magalie Icher, présidente de la FCPE 35.

Sans compter que les adolescents retrouvent ainsi un lien social et "leurs parents un rôle de parents et non plus de parents-enseignants".
 
A Pleumeur Bodou où enseigne Véronique Baslé, le collège Paul Le Flem compte un peu plus de 300 d'élèves. Ici le choix a été fait d'avoir des professeurs présents par demi-journées : les enseignants assurent le suivi d'activité de matières qu'ils n'enseignent pas.

"On a essayé de faire en sorte qu'il y ait la même disponibilité pour les élèves à distance et les élèves en présence" explique Véronique Baslé, professeure de lettres classiques. La professeure constate que même "s'il y a beaucoup de temps passé à se laver les mains", "l'intérêt existe, même s'il est bien moindre. Les professeurs peuvent contrôler ce que les élèves font. En présence, on voit mieux aussi s'ils ont compris ou pas".


Raccrocher les décrocheurs


Généralement, lorsqu'un élève ne s'est pas connecté sur le cartable électronique ou le site PRONOTE depuis un moment, les professeurs principaux alertent la direction puis la vie scolaire. Cela n'a concerné qu'une poignée d'élèves du collège Evariste Galois à Montauban de Bretagne. Mais ce qui pose question, relate Laure Rossi, c'est le fait que les élèves ont le droit de ne pas revenir.

Pour elle, "l'absentéisme est faussé ; il y a 1000 raisons de ne pas revenir et on ne peut rien dire. C'est difficile d'évaluer les situations d'urgence". Pour la conseillère d'éducation, "on se rendra compte des conséquences du confinement l'an prochain ; là c'est un peu tôt".

Même constat du côté de la FCPE pour qui il faut rétablir l'obligation d'aller à l'école, pour raccrocher ce qu'ils appellent eux les « décrochés ».

"On aurait apprécié que Monsieur Blanquer soit plus explicite et plus ferme lors de son intervention du 28 mai. Le gouvernement se défile par rapport à l'école. Il laisse les gens prendre leur décision" déplore la présidente de la FCPE 35.


Préparer la rentrée de septembre


La FCPE estime que "le protocole sanitaire dans les zones vertes aurait dû être allégé". Aujourd'hui, la crainte de la fédération se tourne plus vers la rentrée de septembre : "que ce soit pour le premier ou le second degré, cela ne va plus être tenable. C'est peut-être le moment aussi de mettre moins d’enfants par classe".

Le Sgen-Cfdt met en garde :

Ces différentes reprises mobilisent toute l'énergie de la communauté éducative. Mais elles ne doivent pas occulter la question essentielle de la préparation de la rentrée.

 
Véronique Baslé, par ailleurs secrétaire au Sgen-CFDT, l assure : "il va être urgent du point de vue des élèves comme des enseignants de repartir du bon pied. On ne peut pas reprendre en septembre comme si rien ne s'était passé ; il y aura des retards à rattraper, des élèves à raccrocher. Les enjeux scolaires sont des enjeux sociaux" rappelle-t-elle.

"Les colonies de vacances éducatives évoquées par le gouvernement seront loin de suffire, il faut prendre les choses au sérieux" affirme-t-elle.
D'autant qu'il est impensable pour le syndicat de demander aux professeurs de travailler plus cet été :

Certains ont bossé jusqu'à 70h par semaine, pas tous, mais on on ne va pas leur demander de reprendre du rab en juillet et août, ils ont juste envie de se déconnecter.

 

Les adolescents, eux, que pensent-ils de ce retour en pointillés au collège ou au lycée ?


Pour ou contre, enthousiastes ou bien l'impression d'être en prison avec tous les gestes à respecter, les avis sont multiples. Il est tôt pour en tirer des enseignements mais leurs ressentis sont à prendre au sérieux dès maintenant.

Au Centre de recherche en éducation de Nantes, un projet sur l’impact de la crise sur le "bien-être subjectif" des collégiens vient d'être lancé. Les premiers résultats sont attendus pour l'été.
 

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