Elle a 46 ans, est ambulancière à Saint-Brieuc et Gilet jaune depuis l'acte I. Dany nous accorde un entretien dans lequel elle revient sur les raisons qui l'ont poussé à manifester, elle qui n'a jamais fait partie d'aucun mouvement politique. Elle dresse le bilan du mouvement inédit, un an après.
Elle avait répondu tout de suite présente à l'appel des réseaux sociaux, se disant que "cette fois elle comprend la lutte". Depuis, Dany était devenue la porte-parole des Gilets jaunes de Lamballe jusqu'en février 2019. Elle accepte totalement ce qualificatif, elle qui pourtant n'avait jamais donné sa voix à quelque revendication, se désintéressant alors de plus en plus des échéances électorales.
Un an après, le bilan
Chez elle, Dany nous a accordé un long entretien pour expliquer les raisons de son engagement, pour ensuite détailler le ressenti qu'elle perçoit après un année en "jaune".Au départ, la Lamballaise était très motivée par les idées revendicatrices et fédératrices du mouvement naissant. Lors du premier rendez-vous, elle a été subjuguée par l'ampleur du nombre de participants. Elle, comme les autres Gilets jaunes se sont sentis portés par une dynamique nouvelle et inédite.
Mais peu de temps après l'acte I, le manque de réponses du gouvernement a provoqué chez elle un sentiment de mépris des politiques. Pour Dany, ce mépris s'apparente à une manipulation, à laquelle certains médias auraient pris part.
La seule réponse qu'elle a réellement vécu, c'est celle des forces de l'ordre. Elle estime que le climat des manifestations est devenu très vite violent. Et à la violence répond la violence. Une violence qui la choquait mais qui ne l'étonne plus désormais.
Mais cette violence a fait peur à la majorité des participants, ce qui explique la baisse de mobilisation avec le temps selon elle.
Les revendications restent les mêmes
Aujourd'hui, malgré la disparition de la majorité des Gilets jaunes les samedis, Dany observe que de nombreux secteurs de la société sont mobilisés pour défendre leurs droits : hôpitaux, pompiers, etc. Mais elle signale que les revendications des Gilets jaunes restent les mêmes. Un an après, trop peu d'avancées ont été obtenues selon elle.Alors que le mouvement était apolitique et sans chefs, Dany estime que le mouvement nécessite finalement une structure, avec des gens dont les aptitudes pourraient au mieux défendre leurs revendications. Elle estime que sans une structure, le combat se fait dans le vide. Pourtant, Dany a perçu une réelle prise de conscience parmi les Gilet jaunes et que leurs revendications ne se sont pas exprimées en vain.
Un an plus tard, Dany se sent fière de faire partie de ce mouvement. De se battre pour les autres. La contestation des Gilets jaunes lui semble légitime, car trop souvent elle ressent de l'injustice dans ce qu'elle observe de la société. Désormais, Dany espère que le gouvernement actionnera son acte II en prenant en compte la parole de cette France trop souvent oubliée des gouvernants.
Propos recueillis par Jean-Marc Seigner.