L'Imoca de Fabrice Amedeo a sombré au large du Portugal, ce 14 novembre, suite à un incendie à bord du voilier. Le skipper, secouru par un cargo, fait le récit de son naufrage.
"J'ai juste eu le temps de mettre ma combinaison de survie et de détacher mon radeau, au beau milieu des flammes". La voix est posée mais Fabrice Amedeo sait qu'il revient de loin.
Ce 14 novembre, son Imoca a sombré au large des côtes portugaises, après qu'une explosion a provoqué un incendie à bord. Pour le skipper, la Route du Rhum est terminée. Il se trouve actuellement sur un cargo venu le secourir et fait route vers les Açores où il devrait arriver ce mardi soir.
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Sauver sa peau
Fabrice Amedeo mesure, après coup, ce qu'il vient de traverser. "L'épaisseur du trait entre la vie et la mort est mince, ça s'est joué à pas grand-chose, confie-t-il. Sur le moment, je n'ai pas eu peur. La peur, je l'ai ressentie une fois sur le cargo".
Tout a commencé par l'explosion du ballast sur une vague le 13 novembre. "Je me suis retrouvé avec des centaines de litres d'eau dans le bateau qui ont endommagé les batteries. Elles sont tombées en panne. Je n'avais plus d'électricité, plus rien. J'ai donc décidé d'aller à Cascais pour réparer afin de repartir ensuite".
C'était très violent et surtout très rapide, ce feu. D'une brutalité inouïe
Fabrice AmedeoSkipper Route du Rhum
Une avarie qui oblige le marin à barrer son Imoca "à l'aveugle", sans ordinateur ni pilote automatique. Et sans fermer l'œil pendant quasiment 24h, "afin d'arriver le plus vite possible au Portugal". Mais un incendie se déclare à bord du voilier le lendemain, vers midi. "De l'eau s'était infiltrée dans une batterie, elle a pris feu et puis elle a explosé".
Le skipper n'a pas beaucoup de temps pour réagir et sauver sa peau. "C'était très violent et surtout très rapide, ce feu. D'une brutalité inouïe" relate-t-il.
Un cargo à la rescousse
Fabrice Amedeo n'est pas au bout de ses peines car, une fois le radeau de survie mis à l'eau, tout ne se passe pas comme prévu. "Normalement, le cordage qui relie le radeau à l'Imoca est censé se rompre et là, il ne s'est pas rompu. Du coup, l'Imoca continuait à tirer le radeau et à le ramener vers les flammes".
Le marin trouve un couteau, se jette à la mer et finit par couper le cordage "J'ai assisté au naufrage de mon voilier en flammes, dit-il. Et puis j'ai attendu les secours pendant trois à quatre heures".
Quand cela commence à mal se passer en mer, cela dégénère vite
Fabrice AmedeoSkipper Route du Rhum
Un cargo, alerté par la direction de course, se déroute pour opérer le sauvetage du navigateur réfugié sur son petit radeau pneumatique, minuscule point orange perdu au milieu de l'Atlantique que le capitaine du cargo ne repère pas immédiatement. "La manœuvre pour me hisser à bord fut tout aussi périlleuse, indique Fabrice Amedeo. Je me suis retrouvé contre ce mastodonte d'acier, avec une mer qui faisait monter et descendre mon embarcation de cinq mètres. J'ai été accueilli par un équipage chaleureux qui a fait preuve d'un énorme professionnalisme pour me secourir".
Même s'il est entraîné et formé pour affronter tout incident au large, Fabrice Amedeo reconnaît que "quand cela commence à mal se passer en mer, cela dégénère vite. C'est une épreuve de voir son bateau couler. Mais je suis en vie et cette expérience ne change rien à mon envie de course ni à l'amour que j'ai de l'océan".