Entre le 1er et le 20 août 2003, à cause des fortes chaleurs,15000 décès ont été déplorés en France, soit une augmentation de 60% par rapport à la mortalité prévue. Depuis, un plan canicule a été mis en place. Les personnes âgées ont payé un lourd tribut à ce phénomène climatique, notamment dans les maisons de retraite. La prévention est-elle désormais suffisante pour faire face à de tels évènements ?
À l'époque, l'été 2003 fut le plus chaud qu'ait connu la France depuis 53 ans. Une vague de chaleur inédite s'abat sur l'Hexagone durant la première quinzaine d'août, avec des températures maximales bien au-dessus des normales saisonnières. Des records supérieurs à 40 °C sont enregistrés, y compris en Bretagne. La région aura à déplorer 325 décès de plus que les chiffres habituels, selon les données Geodes de santé Publique France. Un phénomène unique depuis le début des mesures de température.
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Un traumatisme national
Santé publique France, rappelle que, suite à cette catastrophe sanitaire, touchant particulièrement les personnes âgées et les populations vulnérables, des actions de surveillance et d'alerte ont été mises en place, notamment le plan canicule.
Même si les grosses chaleurs épargnent la Bretagne en ce début d'été, l'épisode de 2003 reste dans toutes les mémoires, ayant traumatisé à la fois les citoyens et les professionnels du secteur de la santé. Trois semaines qui ont lourdement frappé les personnes âgées. À l'époque, le sujet était méconnu et les maisons de retraite n'étaient pas équipées. Désormais, les leçons de cette crise sanitaire ont été tirées.
A-t-on suffisamment de bras pour gérer la canicule ?
Chaque année, les Ehpad reçoivent des directives des ARS [Les Agences Régionales de Santé ont vu le jour en 2010, NDLR] et un protocole de prévention à mettre en place.
Pour Sébastien Malgorn, directeur de la Résidence Lucien Schroeder à Rennes, ces directives sont louables mais ne sont pas en prise avec la réalité des établissements. "Les protocoles ne sont pas la solution" explique-t-il." Face au manque de personnel l'été, alors que le secteur est déjà en sous effectif chronique, il est difficile de gérer la situation en cas de crise. Au lieu de nous noyer sous les directives, il vaudrait mieux prendre en compte notre quotidien", rajoute-t-il.
Hydrater nos résidents, les déplacer vers la pièce de rafraichissement équipée de climatisation, installer des ventilateurs dans les chambres, gérer les fontaines à eau, aider les personnes âgées pour utiliser des brumisateurs : c'est une lourde tâche quand on manque de personnel.
Sébastien Malgorndirecteur de la Résidence Lucien Schroeder
"Chez nous, ce sont les réactions pertinentes de bon sens du personnel qui prévalent. Pas besoin de directives pour cela. Nous faisons aussi appel à des bénévoles pour nous épauler" rajoute Sébastien Malgorn.
Des changements politiques
Annabelle Veques préside la FNADEPA, une fédération qui regroupe 1 500 Ehpad publics et privés au niveau national. "En parallèle du plan canicule, différentes actions ont été mises en place" explique-t-elle. Notamment le registre des personnes vulnérables géré par les Centres Communaux d'Action Sociale. La prise de conscience politique a également conduit à des mesures de financement majeures dédiées à ce secteur de la santé". Annabelle Veques souligne : "On a bénéficié de moyens inédits et une mise à disposition de personnel, notamment via la création de la Journée nationale de solidarité.
Par ailleurs, mise en place en 2005, la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie a bénéficié en 2022 d'un budget d'aides pubiques de 35 milliards d'euros, pour des actions en faveur des personnes âgées et handicapées.Un bémol toutefois pour la Présidente qui souligne que c'est la dernière fois qu'un tel évenement a conduit l'Etat a donner une telle enveloppe, alors qu'il serait nécessaire d'avoir une nouvelle prise de conscience pour adapter la société à l'évolution démographique et au vieillissement de la population. Un chiffre qui parle actuellement : 83 % des Ehpad adhérents à la FNADEPA cherchent du personnel, avec une pénurie particulière pour les plannings en période estivale.
plan canicule
IL comporte quatre niveaux de gravité :
niveau 1 ou "veille saisonnière" activé automatiquement chaque année du 1er juin au 31 août. Les maisons de retraites, hôpitaux, crèches et autres lieux accueillant des personnes fragiles se préparent à d'éventuelles fortes chaleurs.
niveau 2 : un renforcement de cette surveillance.
niveau 3 avec "l'alerte canicule". Il est déclenché localement lorsqu'un département est placé en alerte orange par Météo France. Les préfectures et municipalités lancent des campagnes de communication pour rappeler les bons gestes à adopter.
niveau 4 lié à la vigilance météorologique rouge. Une cellule interministérielle de crise (CIC) est activée.Les préfets sont responsables de leur propre gestion de crise, avec d'éventuelles mesures comme l'interdiction des rassemblements en extérieur. Les maraudes du SAMU social sont renforcées pour distribuer de l'eau aux personnes les plus précaires et les sans-domicile fixe.
A noter aussi ,la mise en service d'un numéro vert: le 0800 06 66 66, pour toute question liée à la canicule.