Le Préfet des Côtes d’Armor vient de prendre à son tour un arrêté pour classer les secteurs Est et Sud du département en alerte renforcée. L’absence de pluie et la chaleur cumulées accélèrent la baisse des débits dans les cours d’eau. La situation est chaque jour plus préoccupante.
Des mesures de restriction supplémentaires dans les secteurs SUD et EST du département des Côtes d’Armor concernent des interdictions plus strictes d’arrosage pour les particuliers, des restrictions complémentaires pour les agriculteurs indique la Préfecture dans un communiqué.
"Les dispositions en vigueur sont maintenues pour ce qui concerne l’interdiction de certaines pratiques (douches de plage, nettoyages des terrasses et façades, remplissage de piscines privées, nettoyages des véhicules hors stations). Les lavages et carénages de bateaux sont uniquement autorisés dans les aires professionnelles."
Chaque goutte compte
"Le problème, c’est qu’en Bretagne, nous avons peu de nappes phréatiques, souterraines comme dans d’autres régions, notre eau vient des ruisseaux, des cours d’eau et sans le traditionnel petit crachin breton qui les approvisionne, nous sommes en situation critique, explique Estelle Le Guern, chargée de mission à Eau et Rivières de Bretagne. Les trois quarts de notre alimentation en eau proviennent principalement de ces cours d’eau et certains sont au plus bas, cela nous rend fragiles."
"Les niveaux des retenues d’Ille et Vilaine sont très préoccupants, précise l’association sur son site internet. Malgré les dérogations pour les débits réservés, la baisse est très rapide. Les Côtes d’Armor transfèrent de l’eau vers l’Ille et Vilaine mais la situation va y devenir préoccupante début août."
"Deux communes sont déjà en rupture de service d’eau dans le Finistère ! Braspart (l'incendie ayant contribué à la situation) et Plonéour Ménez, qui sont des communes peu ou pas interconnectées pour leur adduction en eau potable."
Le suivi de la consommation d’eau dans les barrages réservoir va devenir le sujet de vigilance des prochaines semaines. "La retenue de la Chèze est maintenant très sollicitée, le débit dans le Blavet à l’aval de Guerlédan est bien soutenu, les barrages Saint Michel (Aulne) et Drennec (Elorn) assurent entre 50 et 65 % des débits au niveau des prélèvements des usines de potabilisation. Au rythme actuel de soutien des étiages, la situation semble sous contrôle. Mais les soutiens des débits vont inexorablement devoir augmenter avec la poursuite du tarissement."
Les préfets des quatre départements bretons invitent la population à maintenir les comportements responsables afin d’éviter les usages d’eau qui ne sont pas indispensables.
Les petits gestes pour sauver les grandes rivières
Sur son site internet, le Centre d’information sur l’eau prodigue quelques conseils et rappelle les chiffres. Un français consomme en moyenne 150 litres d’eau par jour. "Sur ces 150 litres, 93 % de l’eau utilisée à la maison sert à l’hygiène et au nettoyage, 39 % pour les bains et les douches, 20 % pour les toilettes (chasse d’eau), 12 % pour le nettoyage du linge, 10 % pour la vaisselle, 6 % pour l’entretien de la voiture et du jardin et seule 7 % est utilisée pour l’alimentation, pour boire et pour la cuisine. "
En prenant une douche plutôt qu’un bain, vous économisez 100 litres d’eau, (à condition, évidemment que cette douce soit brève, (l’idéal est de ne pas dépasser le temps d’une chanson, 2 à 3 minutes et bien sûr de fermer le robinet le temps de se savonner.) Il en va de même pour le brossage des dents, et le nettoyage du visage, inutile de laisser couler l’eau.
Il est également possible de conserver l’eau qui a servi à nettoyer fruits et légumes pour arroser les plantes. Sachez aussi qu’une vaisselle effectuée en machine n’a besoin que de 15 à 20 litres d’eau quand il en faut entre 30 et 80 pour laver à la main.
Enfin, le site propose d’équiper les chasses d’eau d’un "système à double débit, vous pouvez économiser jusqu’à 7 litres d’eau par chasse. En mode normal, la chasse d’eau utilise 10 litres tandis qu’en mode économique, elle n’utilisera qu’entre 3 et 6 litres selon les modèles. Vous pouvez également diminuer le volume de remplissage de votre cuve d’eau en plaçant des briques ou des bouteilles d’eau à l’intérieur."
Une réflexion nécessaire
"Avec le changement climatique, la situation va se compliquer, j’espère que l’on n’oubliera pas ce moment que nous sommes en train de vivre lorsque les premières pluies d’automne vont tomber s’inquiète Estelle Le Guern d’Eau et Rivières de Bretagne. Car il faut que l’on mène une réflexion sur ce qu’il convient de faire. On ne peut plus continuer à artificialiser ainsi les terres : l’eau y ruisselle sans pénétrer dans le sol, elle est aussitôt perdue. "
La chargée de mission ne manque pas de propositions :" Il faut que l’on recrée des zones humides. Elles fonctionnent comme des éponges, l’hiver, elles absorbent le trop plein d’eau et elles peuvent le restituer en été. Il faut aussi que l’on restaure le bocage, les haies, les talus, les arbres conservent eux aussi l’humidité. "
Car si l’eau est importante pour notre consommation, elle l’est aussi pour la faune et la flore aquatique.
Plus que jamais, le dicton est vrai qui dit que l’eau, c’est la vie.