Il a beaucou plu cet hiver, mais les réserves d'eau commencent déjà à se vider à cause d'un ensoleillement exceptionnel en mars et avril en Bretagne. La sécheresse guette la région. Et les météorologues annoncent déjà des températures élevées cet été.
"Le temps est bon, le ciel est bleu", dit la chanson, qui résume parfaitement la météo du mois d'avril en Bretagne. A tel point que le taux d'ensoleillement breton a devancé celui de la Corse et de la Côte d'Azur.
Dans les Côtes d'Armor, la ville de Saint-Cast-le-Guildo affiche 259 heures d'ensoleillement du 1er au 26 avril dernier, selon Météo Bretagne. Un record ! Mais est-ce bon signe ?
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— Météo Bretagne (@MeteoBretagne) April 27, 2021
Quelques averses éparses et puis un temps plus perturbé en début de semaine prochaine. La pluie se fait désirer en Bretagne ?https://t.co/Y6Lzjsipxp pic.twitter.com/cycMdG6TOT
"L'ensoleillement du mois de mars et avril est digne de ce que l'on retrouve en été, constate Steven Tual, météorologue à Météo Bretagne. L'anticyclone entre les îles britanniques et la Scandinavie n'a pas bougé depuis la mi-février, ce qui nous a donné des taux d'ensoleillement records, avec un vent d'Est qui a accéléré la sécheresse".
"La sécheresse est déjà bien prononcée pour la saison"
Certes, le niveau des nappes phréatiques est pour le moment satisfaisant, car il a bien plu cet hiver. Malheureusement, les pluies ont depuis été déficitaires.
"On partait sur un bon stock d'eau dans les nappes phréatiques en ce début d'année, regrette Flora Lucassou, hydrogéologue au Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM), qui craint une sécheresse des cours d'eau cet été.
Si les nappes phréatiques sont vides cet été, et qu'il ne pleut pas, les cours d'eau ne vont pas être alimentés. Conséquence : les agriculteurs ou les industriels qui utilisent l'eau des forages ou des puits vont devoir prélever sur le réseau d'eau potable.
Selon Stéven Tual, "la sécheresse est déjà bien prononcée pour la saison". Mais pour Jean-Paul Riault, producteur laitier à Guipry Messac en Ille-et-Vilaine, "il est encore trop tôt pour le dire".
"Les gelées de la première quinzaine d'avril et le manque d'eau dû aux températures élevées dans la journée ont retardé la pousse de l'herbe, et donc du paturâge" indique-t-il.
La période estivale nous inquiète, nous agriculteurs car si nous ne faisons pas suffisamment de stock au printemps, si nous manquons de fourrage, nous serons contraints d'emmener nos animaux à l'abattoir, et il y aura des pertes de lait...
Heureusement, la pluie devrait revenir dès ce week-end. "Nous attendons une première quinzaine de mai plus humide qu'en avril, prévoit le météorologue. Reste à savoir si ces pluies seront efficaces ou non."
Deux saisons distinguées au lieu de quatre
Depuis quelques années, Stéven Tual observe "des sécheresses de plus en plus précoces et conséquentes l'été", avec "des feux de camps, des champs très secs et des tensions sur les plantes".
D'autre part, les hivers sont particulièrement pluvieux. "L'ensemble des rivières régionales étaient en crues en décembre", rappelle-t-il.
Le printemps et l'automne sont devenus des saisons intermédiaires, où l'on passe du tout au tout. C'est une des caractéristiques de la variabilité du climat, mais aussi une conséquence du réchauffement climatique. Les deux sont liés.
Autre exemple révélateur du changement climatique selon Stéven Tual : les bourgeons. "Le climat se réchauffe et les bourgeons poussent alors plus vite et plus tôt dans l'année. Mais le risque de gel du mois d'avril et de mai, lui, est toujours là. Le gel risque de détruire les bourgeons."
"Il va falloir penser à s'adapter autrement, à consommer autrement", conclue Stéven Tual, qui annonce d'ores et déjà un été avec des températures élevées.