Certains reviennent du marathon des Sables, au Maroc, qui s’est achevé ce samedi 9 octobre. D’autres s’apprêtent à s’envoler pour la Réunion pour courir la Diagonale des Fous. Qui sont ces coureurs bretons à la recherche de sensations extrêmes ?
Même pas fatigués ! Valérie Angot, 54 ans, et Laurent Guichard, 47 ans, sont tout juste revenus de leur incroyable aventure dans le Sud du Maroc. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ils ont presque déjà envie de repartir. Pourtant, ces deux coureurs de l’extrême viennent de courir le célèbre marathon des Sables, 250km en 6 étapes et en pleine chaleur –avec des pointes à 50 degrés.
Sportifs obsessifs et masochistes pour les uns, athlètes surnaturels pour les autres, tous les deux se considèrent pourtant ni plus ni moins que comme des coureurs ordinaires… en quête de l’extraordinaire?
The most beautiful images of the last arrival ? pic.twitter.com/BlFJap3tVt
— MARATHON DES SABLES (@marathonDsables) October 9, 2021
"Je me suis mise à courir il y a seulement 10 ans, raconte Valérie, secrétaire de mairie à Sérent. A cause de mon vétérinaire ! Mon chien était trop gros, il m’a dit qu’il fallait le faire courir. J’ai fait une première course de 45 minutes, la Vannetaise. Et j’ai tout de suite voulu faire du long".
Emportés par la passion
Valérie va donc augmenter la distance, se lancer dans les grands trails bretons comme le Raid du Golfe (170 km) pour finir au marathon des Sables. Celle qui est aussi mamy est pourtant consciente du danger. A l’issue de la première étape du marathon des sables, un homme est mort, de suites de la chaleur. "Cette info, ça met un coup de massue quand on apprend ça, le lendemain. Mais ça ne m’a pas fait flancher. Je préfère mourir en vivant mon rêve. C’est ce que j’ai dit à mes enfants. Mais on a été très vigilantes. Et de toutes façons, il était hors de question d’abandonner. Je voulais offrir la médaille à ma petite-fille".
Laurent Guichard, contrôleur technique à Pordic, a commencé lui aussi très tard la course à pied. "Il y a trois ans, je ne pouvais courir au maximum qu’une trentaine de kilomètres. Puis je me suis mis à la longue distance, dans les trails bretons d’une soixantaine de kilomètres, comme Guerlédan ou le Glazig".
Lui aussi a été impacté par la mort d’un concurrent. "Tout ça m’a refroidi. On a vraiment cru que la course allait s’arrêter. C’était au début de la course et de mon côté, je vomissais, je me vidais. Je ne m’alimentais pas bien, j’étais dans ma bulle et j’oubliais de prendre mes pastilles de sel. Dès le dimanche soir, le premier jour, j’ai crû abandonner. Et puis c’est allé de mieux en mieux ».
"La course, ça rend humble"
Au final, Valérie a terminé 352e, Laurent 87e . Peu importe. Tous les deux ont le sentiment d’avoir vécu une aventure humaine incroyable. "Le marathon des sables, confie Valérie, ce sont des rencontres extraordinaires, des moments de partage. Et puis la course, ça rend humble".
Ce que j’aime, c’est l’humain, c’est l’ambiance, la solidarité, que ce soit avec les organisateurs, avec les docteurs, avec les bénévoles. Quand j’ai fini la course, j’avais presque les larmes aux yeux. C’était dur de se dire que c’était fini, je n’en avais pas envie. La course à pied, c’est une drogue. On se surpasse sans arrêt, dans les dunes, partout. Mais on n’est pas des surhommes
Tout droit vers la Diagonale des fous
Alors que certains viennent d’affronter l’enchaînement de courses dans la fournaise du Sud du Maroc, d’autres se préparent à défier les folles pentes luxuriantes et souvent trempées de la Réunion. Le 24 octobre, des milliers de coureurs s’élanceront pour la célèbre et redoutable Diagonale des fous, la Mecque dans le monde du trail français. 170 km, 10000 mètres de dénivellé, de nuit comme de jour, jusqu’à 65 heures de course pour certains.
Une équipe bretonne d’Ultra-trail à la Réunion
Comme il y a deux ans lors de la dernière édition, une équipe bretonne s’est montée, la Breizh ultra-trail team. En 2019, elle était montée sur la troisième marche du podium.
Pourtant, là encore, les 13 coureurs qui la composent ne sont pas des pros, juste des passionnés. Et pourant, là encore, il n’y a ni gloire ni argent à gagner.
"C’est une super aventure, raconte Gwenaël Le Boulc’h. C’est le dépassement de soi, c’est dépasser ses limites. Et puis j’aime bien être avec les copains dans ce type d’ambiance".
La tête et les jambes
Contrairement au marathon des Sables, la difficulté sur cette course est plutôt d'enchaîner sans cesse les montées et les descentes, interminables, notamment pour les Bretons qui n’ont pas beaucoup accès à ce type de reliefs dans la région, pour s'entraîner.
Certains mettent alors en avant la force du mental. Sur 40 % de perte de force d’un coureur durant un ultratrail, 10 % seulement sont liés aux muscles eux-mêmes et 30 % à l’incapacité du système nerveux central de commander les muscles.
"Le mental il rentre pour 50% dans la course. T’as 10000 occasions d’abandonner la course, t’as faim, t’as froid, t’as mal. Le côté est mental est hyper important à gérer, confirme Serge Nicolas. Mais c’est un challenge perso, c’est la diagonale, c’est mythique, tu as une chance d’être là, tu es en vie, et peux courir, alors tu débranches tout et tu y vas".
Programmés pour courir loin et longtemps
Beaucoup de gens pensent que la diagonale des fous portent bien son nom. Mais ces coureurs de l’extrême sont-ils vraiment fous ? Pas si vite.
D’après des médecins du sport, Courir un ultratrail, c’est plus accessible que plusieurs pensent. Physiologiquement, nous sommes quand même fait pour courir de très longues distances. L’humain serait davantage fait pour une longue course en sentier dans la nature que pour courir de plus courtes distances le plus vite possible sur la route. Un ultratrail, ça va moins vite, le mouvement est moins répétitif et on marche même parfois.
Contrairement à la croyance populaire, courir beaucoup n’augmente pas l’arthrose dans les genoux et les hanches, mais aide plutôt à la freiner.
Alors… à vos chaussures de sport ?