Elle s'appelle Émilie et peut être discrètement à vos côtés pendant le concert de votre groupe préféré. C'est grâce à son talent que vous êtes là ce soir. Elle est tourneuse, en voici la démonstration pendant les Transmusicales de Rennes .
Les Transmusicales c'est le festival découvreur de talents. Bien-sûr il y a le flair d'un Jean-Louis Brossard aux manettes depuis 40 ans mais concrètement, comme ça se passe une programmation ?
Voici Émilie Davaine, petit bout de jeune femme qui a le rire comme habit de scène. Elle connaît tout le monde et c'est une de ses forces, elle a ce que l'on appelle du réseau.
Je m'explique, Emilie est tourneuse. C'est à dire que son métier consiste à monter des tournées de concerts.
Monter une tournée pour des groupes
La majeure partie du temps ce travail elle le fait pour des groupes étrangers qui ont besoin lors d'une tournée européenne de faire un passage sur l'hexagone. Dans ce cas, le groupe a besoin de quelqu'un sur place pour mettre en place les quelques dates qui vont s'intégrer dans le planning de leur tournée internationale. Et ce quelqu'un peut-être Émilie.
Pour être tourneur il faut une dose de réseau, une pincée de bagout, et un zest de feeling artistique
Le réseau c'est nécessaire. C'est en allant dans les festivals en France et à l'étranger que le tourneur rencontre, croise, partage des moments de jours et de nuits avec les représentants des festivals et salles de concerts du monde entier à la recherche de groupes pour leur programmation.
Ces gens, il faut les convaincre à venir écouter le concert du groupe que le tourneur défend. Et des groupes il y en a souvent un grand nombre en compétition. C'est là que le bagout du tourneur compte. Réussir à réunir face à leur groupe les bonnes personnes qui vont avoir envie de les programmer sur les plus grandes scènes du monde.
Le feeling artistique c'est le petit quelque-chose en plus qui fait que le groupe est bon et va faire la différence. Tant qu'à défendre un groupe autant qu'il séduise, et pour ça y'a pas d'école. Il faut avoir ce petit truc dans les veines.
Repérer les groupes, elle le fait depuis toujours
Émilie a commencé de cette façon en 2007. Elle avait repéré Monsieur Lune un soir d'été lors d'un concert à l'entrée de Perros-Guirec. Par hasard. Une fête, des fous rires et la voilà tourneuse pour Papaluna Production. La machine est lancée. Décision est prise de se vouer à ce métier-passion, alors une formation à Issoudun complète l'apprentissage du terrain.
Ensuite tout s'enchaîne, elle passe par Imperial/Les femmes s'en mêlent Festival, Zouave, A Gauche de la lune, et maintenant LA Factory pour Caramba. Émilie n'a pas la bougeotte, elle saisit les occasions quand elles se présentent.
Caramba est une belle structure dans le milieu, autour de 30 personnes travaillent de concert. L'union fait la force.
A l'étranger tu fais ton marché
Bien que bretonne de Port-Blanc, c'est à Paris qu'est son bureau. Paris c'est pratique, il y a plus d'aéroports que dans les côtes d'armor. Alors Émilie peut facilement partir à la recherche des groupes qui feront sensation dans quelques mois. Un lieu connu des professionnels de la musique c'est le Great Escape Festival à Brighton. En mai dernier c'est là-bas que Jean-Louis Brossard, Mathieu Gervais pour les Transmusicales composaient une partie de leur festival. Émilie y était également et a eu un coup de coeur pour Easy Life. Elle a réussi a faire rentrer ce jeune groupe talentueux dans le catalogue en calant une première date à Paris. Mais son planning est en Jet-Lag, elle est en mai ou en juillet le matin, en août l'après-midi et se rappelle que c'est l'heure des Transmusicales en regardant par la fenêtre.
Al-Qasar, Chemical Brothers, Garbage
Toujours un coup d'avance, c'est la règle de ce métier. Il faut penser programmation d'été en hiver et vice et versa. Les contacts du tourneur ce sont les agents des musiciens, nationaux ou internationaux. Les agents contactent les agence de "Tour" pour placer leurs groupes dans les festivals. Ensuite entre le tourneur et le groupe s'installe une collaboration. Et ce principe est le même pour les prestigieux Chemicals Brothers, Garbage, Dropkick Murphys, ou des noms moins connus que défend l'équipe de Live Art Factory.
Sur les Transmusicales, pour Caramba ils seront six présent. Autour d'Émilie, il y aura Aurore, Alice, Julia, Lorenzo, et Lucas. Chacun à défendre son ou ses groupes. Chacun a essayé de convaincre les responsables de festivals ou de salle de concert que c'est leur groupe qu'il ne faut pas rater pendant les Trans. Tous a espérer que des programmateurs achèteront un concert de leurs protégés.
Émilie Davaine nous a accordé une interview dans l'espace professionnel des Transmusicales de Rennes. Une chance, nous avons réussi à obtenir quelques instants d'entretien en tête à tête alors que les sollicitations étaient nombreuses.