A travers chants : La Paimpolaise

Fin 19e, le jeune Théodore Botrel a pour habitude de courir les cabarets de la capitale. Amoureux du théâtre, le jeune breton exilé sur Paris a déjà quelques chansons à son répertoire mais on ne lui a pas encore donné sa chance. Son jour va venir.

Un soir de 1895, l'artiste qui devait se produire sur les planches du fameux cabaret "Le Chien Noir" est aux abonnés absents. Le patron appelle Botrel à la rescousse. Et Botrel qui n'attendait que cela s'exécute, décline sur scène un répertoire qu'il va désormais devoir étoffer. Et il a une idée.

Dix ans plus tôt est sorti un roman qui a profondément marqué le jeune Théodore né à Dinan. Le livre s'appelle Pêcheur d'Islande, il est de Pierre Loti, et il raconte l'histoire d'amour entre une demoiselle et un jeune paimpolais qui chaque année s'en va pêcher de longs mois sur les bancs islandais. Botrel le dit lui-même, il va "paraphraser" Loti, et pour la musique s'inspirer d'un air de chasse entendu pendant son enfance du côté de St Méen le Grand. La Paimpolaise est née.

Botrel va modifier ses paroles un peu trop polissonnes


La chanson qui sera surtout popularisée par un autre chanteur, Félix Mayol, va rapidement connaître des modifications. Botrel avait commencé sa carrière en écrivant quelques textes à la tonalité polissonne, et avec la Paimpolaise, il a un peu récidivé. Rien de scabreux pour des oreilles du 21e siècle, mais pour ne pas effaroucher le public de patronage de l'époque, quelques vers vont passer à la trappe.

Botrel remplaçe "Les draps tirés jusqu'au menton" qui laissent présager une partie de jambes en l'air par "Devant un joli feu d'ajonc" politiquement plus correct. A la trappe aussi, pour éviter le calembour malencontreux, la "Peau de la Paimpolaise", désormais remplacée par la "Coiffe".  

Botrel qui n'avait jamais vu Paimpol avant d'écrire sa chanson, viendra quelques années plus tard l'interpréter dans le port des Côtes du Nord. En Bretagne, à l'époque, l'accueil fut plutôt bon, note Jean-Francois Botrel, universitaire et spécialiste de Théodore Botrel. "La Paimpolaise redorait le blason d'une population jusqu'ici caricaturée au niveau national".

Plus tard, dans les années 70, Botrel et son folklore finiront malgré tout par donner des boutons à une partie de la nouvelle génération. Mais cela aura le mérite d'enrichir encore le répertoire des adaptations. Avec une déclinaison plus "politique" courant la lande des années Flb : "J'aime Paimpol et sa falaise. Et le front de libération. Mais chez nous y'a comme un malaise. faut que çà pète au pays breton". Fermez le ban(c).

G. Le Morvan, T. Bouilly, T. Descamps

 

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