Télétravail, distanciation, aération des locaux, une inspectrice du travail se rend dans des entreprises de la région pour vérifier que les employeurs respectent les règles. Quelques rappels à l'ordre mais peu d'infractions.
"Bonjour, je suis inspectrice du travail et je viens contrôler le respect du protocole covid". Dans le hall d'accueil d'une entreprise de services, près de Rennes, Corinne Robin annonce d'emblée la couleur au directeur, un peu surpris.
L'inspectrice de 57 ans passe chaque mois à la loupe des dizaines de PME pour des contrôles sur la durée du travail, la rémunération, l'amiante. Dernière thématique dans sa liste, le respect des mesures de prévention contre le covid-19, notamment le télétravail, est "systématiquement examiné".
Absence de télétravail: jusqu'à 500 euros d'amende par salarié
Depuis le 3 janvier 2022, pour faire face à la vague Omicron, le télétravail a été rendu obligatoire pour trois semaines à raison de trois jours minimum par semaine, quand les postes le permettent. Le texte sur le pass vaccinal introduit également, pour la première fois, une amende administrative pouvant aller jusqu'à 500 euros par salarié en cas de non respect du télétravail, dans la limite de 50.000 euros par entreprise.
Chez Tessi, une entreprise de 440 salariés sous-traitant dans le secteur bancaire ou de la santé, l'affiche réglementaire sur le port du masque obligatoire est bien visible à l'entrée. Sur le sol, un ruban de marquage invite à respecter un sens de circulation. A priori rien à redire.
Aération
"Toutes les activités télétravaillables ont été basculées en télétravail", assure Nicolas Derrien, directeur régional. Les visiteurs arrivent devant une pièce a priori non aérée aux rideaux métalliques baissés, où une dizaine de salariés s'affairent devant leur écran. Mme Robin sourcille.
"Combien de fois aérez-vous la pièce ?", interroge-t-elle un salarié. "Une fois par jour", lui répond ce dernier, tandis que le directeur prend un air désemparé.
Dans un open-space, plusieurs jeunes sont massés devant un écran. "Ce sont des alternants en formation", justifie M. Derrien.
Salles de pause
Lieux à fort risque de contamination, les salles de pause déjeuner sont examinées scrupuleusement. D'un pas cadencé, Corinne Robin mesure la surface de l'une d'entre elles. Des autocollants "sens interdit" figurent bien sur les tables pour veiller à la distanciation, mais l'inspectrice juge la jauge de 18 personnes beaucoup trop importante.
"Il n'y a rien à redire sur le télétravail et la distanciation, mais ce qui me soucie c'est l'aération des locaux. C'est beau sur le papier, il n'y a pas de mauvaise volonté de l'employeur mais dans les faits c'est aéré une fois par jour", commente-t-elle avant de reprendre sa voiture.
Cette fois, c'est une entreprise de comptabilité d'une trentaine de salariés qui doit se plier à l'exercice. La directrice des ressources humaines arrive d'un pas pressé. Les locaux sont flambant neufs et quasi déserts.
"Tout le monde est en télétravail sauf une salarié dont le mari est nounou avec trois bébés à la maison", explique-t-elle tout sourire. Face à l'épidémie, l'entreprise est en "100% dématérialisation et 100% digitalisé".
La grande majorité des entreprises respecte le protocole, une centaine a fait l'objet d'une lettre d'observation. Il n'y a eu que cinq mises en demeure et aucune sanction pénale n'a été prise jusqu'ici.
Sébastien MoizanDirecteur adjoint du travail à la Direction départementale de l'Emploi (DDETS)
Conseils aux entreprises
Dans l'open-space, des séparateurs en plexiglas ont été installés et les fenêtres sont ouvertes en permanence, suscitant la sympathie de l'inspectrice, qui relève aussi la présence d'une bonne dizaine de bidons de gel hydroalcoolique.
"On vérifie que les salariés ne sont pas mis en danger mais on est aussi là pour donner des conseils", explique Mme Robin, qui termine sa visite en demandant la communication de certains documents.
En 2021, 500 entreprises d'Ille-et-Vilaine ont été contrôlées sur la thématique covid.