Se nourrir tout au long d'un tour du monde à la voile en solitaire ne s'improvise pas. A moins d'un mois du départ du Vendée Globe, les 33 skippers ont bouclé menus et avitaillement. Avec l'aide précieuse de nutritionnistes du sport comme Virginie Auffret qui épaule 5 marins.
Prévoir des repas pour 75 à 90 jours de mer, c'est l'exercice d'équilibriste auquel se livre Virginie Auffret. En fonction des priorités et des goûts de chaque skipper, la diététicienne établit l'alimentation nécessaire pour courir un Vendée Globe dans les meilleures conditions. Une coopération qui a débuté en janvier 2020.
" Les marins ont des besoins énergétiques spécifiques, qui ne sont pas les mêmes entre le Grand sud glacé et les Alizés tropicaux. Il faut trouver l'équilibre entre le gras, le sucre, les protéines. L'objectif c'est que ces sportifs maintiennent leur masse musculaire, leur vigilance tout au long de leur voyage" explique la nutritionniste.
On estime qu'un marin du Vendée Globe dépense en moyenne 4000 kilocalories par jour quand un terrien n'en brûle que 2800. Au même titre que l'hydratation et le sommeil, la nourriture est donc la clé indispensable pour résister à trois mois de solitude en mer. Les aliments doivent être faciles à consommer, à conserver. Leur apport nutritionnel est essentiel.
Objectif : préserver 100% des capacités physiques et intellectuelles des skippers
Ennemi juré de la performance : le poids embarqué. L'alimentation à prévoir ne doit pas dépasser 180 kilos. Le but est donc de choisir la quantité idéale pour l'efficacité maximale. Les produits frais durent trois semaines au maximum, ils seront embarqués à la veille du départ. Pour la longue route s'imposent les plats préparés sous vide et la nourriture lyophilisée (légère, peu encombrante). Un sac de nourriture pour 24 heures de navigation. Les menus ont été pensés, adaptés, validés par chaque skipper.
Manger, un plaisir indispensable
Il y a l'efficience de l'assiette mais surtout tous ces petits plaisirs gustatifs qui permettent de garder le moral. Ces "petits bonus" comme les appelle Virginie Auffret. Qui n'ont pas toujours une valeur nutritionnelle intéressante mais s'apparentent à un baume psychologique. Certains skippers embarquent du chocolat, des bonbons, des noisettes, des sardines à l'huile ou du foie de morue... De petites madeleines de Proust qui apportent un peu de douceur à ces marathoniens de la course au large.