L'industriel breton Vincent Bolloré a été placé en garde à vue mardi à Nanterre dans une enquête sur des soupçons de corruption autour de l'attribution de concessions portuaires en Afrique de l'Ouest, a appris l'AFP de sources proches du dossier, confirmant une information du Monde.
L'homme d'affaires breton est entendu dans les locaux de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF). Une information judiciaire a en effet été ouverte à Paris pour « corruption d’agents publics étrangers » et qui vise à déterminer si le groupe Bolloré a utilisé ses activités de conseil politique pour obtenir en 2010 la gestion des ports de Lomé, au Togo, et de Conakry, en Guinée.
Selon les informations du Monde, "les magistrats soupçonnent les dirigeants du groupe d’avoir utilisé leur filiale de communication Havas pour faciliter l’arrivée au pouvoir de dirigeants africains en assurant des missions de conseil et de communication sous-facturées. Et ce, dans un seul objectif : obtenir les concessions portuaires des lucratifs terminaux à conteneurs."
Deux autres cadres du groupe, Gilles Alix, directeur général du groupe Bolloré, et Jean-Philippe Dorent, responsable du pôle international de l’agence de communication Havas, ont également été placé en en garde à vue.
Une enquête préliminaire ouverte déjà en juillet 2012
Confiée aux juges financiers Serge Tournaire et Aude Buresi, cette information judiciaire, portant sur des soupçons de "corruption d'agent public étranger", a pris la suite d'une enquête préliminaire ouverte en juillet 2012 par le parquet de Paris, puis transférée au parquet national financier.Dans un communiqué, le groupe Bolloré a "formellement" démenti toute irrégularité liée à ses activités africaines. Une perquisition avait déjà eu lieu en avril 2016 à la tour Bolloré de Puteaux (Hauts-de-Seine), siège notamment du groupe Bolloré Africa Logistics, en particulier dans les bureaux de Vincent Bolloré, alors PDG du groupe.
Marché obtenu après l'élection d'Alpha Condé en Guinée
C'est en enquêtant sur les relations de Francis Perez, président du groupe Pefaco, une société spécialisée dans l'hôtellerie et les jeux et très implantée en Afrique, que les enquêteurs ont été amenés à se pencher sur les activités africaines de Vincent Bolloré. Francis Perez comptait parmi ses relations Jean-Philippe Dorent, salarié de la société de communication Havas, qui s'est notamment occupé en 2010 de la campagne présidentielle guinéenne du candidat Alpha Condé. Elu président en novembre 2010, Alpha Condé avait résilié le 8 mars 2011, par décret, la convention de concession du terminal à conteneurs du port de Conakry octroyée en 2008 pour une durée de 25 ans à Getma, une filiale de l'armateur français NCT Necotrans.Le gouvernement guinéen avait confié quelques jours plus tard la gestion du port au groupe Bolloré, déclenchant une bataille judiciaire entre les deux rivaux. Le groupe Bolloré avait été condamné en 2013 à verser plus de 2 millions d'euros à NCT Necotrans pour solder ce litige.