Le sort du transporteur MoryGlobal semble définitivement scellé après le retrait annoncé ce vendredi de la dernière offre de reprise, rendant inéluctable sa "liquidation totale". Et plongeant les 2.150 salariés vers un plan social de grande ampleur.
C'est le tribunal de commerce de Bobigny qui donnera la décision finale mardi prochain. Mais le retrait du transporteur normand Malherbe, qui proposait la reprise de 141 personnes, précipite déjà la chute de l'ex-Mory Ducros, compagnie qui avait disparue il y a un an, au prix, déjà, de 2.800 licenciements. Il n'y a "plus de suspense, c'est fait", a réagi Stéphane Boudaud, délégué du personnel. Selon lui, la principale offre de reprise partielle "a été retirée" par Malherbe, qui a fait jouer une clause suspensive en raison d'une baisse du chiffre d'affaires de MoryGlobal. Sollicité, l'acquéreur potentiel a confirmé le retrait de son offre, sans en préciser les raisons.
"Foutre le feu"
Sur les huit offres de reprise déposées initialement depuis le redressement judiciaire entamé le 10 février, c'était "la mieux-disante mais elle n'était pas valable pour autant", selon Jean-Claude Hacquard (CGT). "Il n'y aura pas de repreneur, on va vers une liquidation totale" puisque toutes les autres offres ont été "rejetées" par l'administrateur judiciaire, affirme-t-il. Les candidats potentiels ont tous boudé l'activité de messagerie, le coeur de métier de MoryGlobal et qui représente "90% de l'effectif", a précisé une source proche du dossier. Malherbe n'était intéressé que par les activités d'affrètement et de logistique, "ce qui ne représente qu'une toute petite partie du personnel", a-t-elle fait savoir.On est foutu, on n'a plus rien à perdre !" Patrick Potin, employé à MoryGlobal depuis 24 ans.
La disparition de la société ne faisant désormais plus de doute, les salariés concentrent leurs efforts sur l'obtention d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) comparable à celui obtenu l'an dernier par leurs collègues licenciés de Mory Ducros. À l'époque, l'actionnaire du transporteur Arcole Industries - qui est également l'actuel propriétaire de MoryGlobal - avait mis sur la table 30 millions d'euros de plus que le minimum légal, via des indemnités de licenciement dites "supra-légales". Les salariés réclament que les "60 millions d'actifs de la société [leur] soient reversés", sous peine de "foutre le feu" dans les agences, assure Patrick Potin, employé dans le Loiret. "De toute manière on est foutu, on n'a plus rien à perdre", ajoute cet homme de 53 ans, dont 24 passés dans l'entreprise.
Jeudi, les représentants du personnel ont été reçus au secrétariat d'Etat aux Transports. À l'issue de la réunion, les pouvoirs publics se sont engagés à mettre en place "un dispositif exceptionnel d'accompagnement individualisé", avec le recours notamment à un cabinet de reclassement et à une bourse à l'emploi. En outre, l'État "prendra en charge, pendant deux ans, les différentiels de salaires jusqu'à 300 euros par mois pour les salariés ayant retrouvé des emplois moins bien rémunérés", est-il précisé dans un communiqué.