La Région souhaite doubler le nombre de commerçants connectés, et encourager les habitants à consommer localement par le biais du "à emporter" pour contrer la toute-puissance d'Amazon.
Entre 5 000 et 6 000. C'est le nombre de commerces, petits et moins petits, à ne pas pouvoir ouvrir pendant le confinement en Centre-Val de Loire. Fleuristes, bijoutiers, librairies, boutiques vestimentaires, parfumeries, restaurants... Tant d'acteurs économiques, qui doivent s'en remettre aujourd'hui au "click and collect", qui permet au client de réserver en ligne parmi les stocks d'un magasin, puis de venir chercher la commande.
Même maigre, la bouffée d'air peut être importante pour des commerces dont plusieurs mois de chiffre d'affaires sont déjà partis en fumée au printemps. Et "les aides ne suffiront pas, même si elles se chiffrent en milliards". Ce sont les mots d'Harold Huwart, vice-président de la région Centre-Val de Loire, ce mardi 3 novembre en conférence de presse.
Une conférence de presse lors de laquelle le président de région François Bonneau a annoncé la création prochaine d'une plateforme en ligne, développée avec les chambres de commerces et des métiers, pour regrouper les commerçants pratiquant le "click and collect". Une initiative similaire à celle, mise en place le 30 mars dernier, axée sur les produits locaux.
S'organiser avant la décisive période de Noël
Ainsi, les habitants de tout le Centre-Val de Loire devraient pouvoir se connecter à la plateforme, entrer la catégorie de produits recherchée et leur localisation géographique, et obtenir une sélection de commerçants et d'artisans de proximité pouvant répondre à l'appel.Avec pour objectif de rendre plus facilement lisible, pour le consommateur, une pratique éclatée entre les bassins de population et d'activité. Plusieurs initiatives locales ont récemment fait leur apparition pour organiser ce "click and collect" sur des secteurs bien défini, à l'image du site e-montargis.fr, qui sera lancée le 10 novembre prochain.
La plateforme régionale devrait regrouper les commerces frappés de fermeture administrative, mais aussi les bars et restaurants, ainsi que certains producteurs locaux qui auraient plus de mal à écouler leur marchandise.
"S'il n’y a pas un minimum d’activité, il y aura des fermetures et des suppressions d’emplois, avertit Harold Huwart. Il y a une nécessité absolue pour les commerces qui font une grosse part de leur chiffre d’affaires à Noël d'écouler leurs stocks et de refaire de la trésorerie", comme les fleuristes, les bijoutiers ou les marchands de jouets.
"Amazon, ça suffit !"
Le gain en lisibilité ne devrait pas se limiter aux clients. Pour la région, l'objectif est aussi de faciliter l'inscription en ligne pour les commerçants, et de faire passer le nombre de commerces connectés dans le Centre-Val de Loire de 40 à 80% grâce à la plateforme.Le tout pour garantir la survie de ces petits commerces "qui assurent la vie de nos centres-villes et de nos villages", explique François Bonneau.
Il faut que les habitants de la région se disent : "Amazon, ça suffit !". On va pas faire de la mondialisation quand nos cœurs de ville sont en train de mourir. Ca sera un moyen de redonner de la solidarité.
L'idée serait ainsi de favoriser les circuits courts et la production locale pour contrer la toute-puissance des GAFA mondialisés, y compris au-delà des frontières régionales. "Il n'y a pas de barbelés autour de la région. Si le boulanger qui fait le meilleur pain est à 2km et dans une autre région, c'est à celui-là qu'on va", assure le président de région.
Une nouvelle solution pérenne pour le "consommer local" ?
Et en plus de déborder des frontières régionales, la plateforme devrait également déborder des frontières du confinement, et se pérenniser après la crise sanitaire. Pour François Bonneau, "la possibilité pour un commerçant d'avoir son offre en ligne durablement est absolument nécessaire".Alors les plateformes de "click-and-collect" comme celle avancée par la région deviendront-elles une norme pour les commerces, y compris après le confinement, tel un Amazon des villages... En attendant, la plateforme devrait voir le jour au plus tard la semaine prochaine.
