Alors que la demande va croissante, les aléas climatiques ont empêché une récolte correcte de lentilles vertes du Berry, une appellation d'origine protégée.
La filière est unanime : l'heure est grave. La récolte de lentilles vertes a été catastrophique, victime des aléas climatiques qui ont fragilisé leur croissance, alors que ces légumineuses sont plébiscitées par les Français. La région Centre-Val de Loire ne fait pas exception.
"On a eu une récolte comme on n'a jamais vu depuis l'introduction de la filière dans les années 1950", affirme Cécile Taillandier, responsable commerciale de Cibèle (Groupe Axéréal), qui regroupe les 45 producteurs de Lentilles vertes du Berry (IGP et Label rouge), répartis sur 49 communes de l'Indre et du Cher. "Sept quintaux par hectare en moyenne (contre vingt habituellement), les anciens n'ont jamais vu ça !", ajoute-t-elle.
Pour Laurent Cordaillat, producteur de céréales et de lentilles vertes du Berry à Saint-George-sur-Arnon (Indre), plusieurs facteurs expliquent cette annus horribilis. "La première semaine d'avril a été froide, ce qui n'a pas favorisé la croissance des plants. Et puis ensuite, ça a été sec. Les champignons et les pucerons sont apparus bien plus tôt et en bien plus grand nombre que prévu". Résultat, des plants petits, parfois même pas récoltables...
La lentille verte, un produit de plus en plus apprécié
Pourtant, la demande de lentilles vertes est en augmentation, dans le sillage d'une consommation plus orientée vers les protéines végétales, jugées meilleures pour la santé et l'environnement. Cet effet a été accentué par le confinement, pendant lequel les Français ont massivement consommé des légumes secs.
Reflet de cette tendance, la surface cultivée de lentilles, en majorité vertes a plus que doublé en France depuis 2015, passant de 17.000 à 37.000 hectares aujourd'hui, selon le site de l'interprofession des huiles et protéines végétales Terres Univia. Heureusement, sur les exploitations, la lentille est souvent un complément de revenus. Les cultivateurs ne sont pas en péril, même si la perte économique est réelle.
Reportage de Meerajh Vinayagamoorthy et Pascal Epée