Il les avait pourtant prévenus. Selon nos informations, le Maire de Bourges, Yann Galut a envoyé à la coordination rurale du Cher la facture pour la dernière manifestation qui a eu lieu dans le chef-lieu du Cher. L'édile estime que ce n'est pas aux Berruyers de régler la facture.
Le montant est salé… une facture de 6700€ aurait été envoyée à la coordination rurale du Cher par Yann Galut suite à la dernière manifestation organisée par les agriculteurs dans le centre-ville de Bourges. Le Maire de Bourges (Divers Gauche) avait pourtant alerté les agriculteurs que c'est sur les services municipaux et non sur le gouvernement que la facture retombe et avait demandé aux agriculteurs de cesser de déverser pneus et fumier dans le centre-ville, comme nous vous l'expliquions dans un article très détaillé du 6 avril dernier.
"Autant je peux comprendre la colère et les revendications des Agriculteurs face à leur situation, autant je regrette qu’à chaque fois, c'est la Ville qui doive en payer les conséquences derrière" avait écrit Yann Galut sur son profil Linkedin, il y a un mois. " Les Agriculteurs ont tout à fait le droit de manifester mais je leur demande d’arrêter de déverser fumier et pneus car après ce n’est pas le Gouvernement qui répare mais les agents de la Ville. La Facture s’élève à plusieurs milliers d’Euros : qui va payer ? In fine ce sera le contribuable Berruyer".
La coordination rurale "surprise et peinée"
"Ce courrier, c'est une surprise totale, c'est la stupéfaction", réagit Gonzague Bachelier, Administrateur de la coordination rurale du Cher. Le syndicat agricole a immédiatement demandé à rencontrer le Maire de Bourges suite à cette lettre. "Il nous a répondu ne pas avoir le temps. Qu'il nous rencontrerait courant juillet seulement". Si la coordination rurale admet ne pas avoir vu passer le message de Yann Galut demandant de ne plus déverser des pneus et du fumier, ils assurent cependant avoir proposé à plusieurs reprises de nettoyer eux-mêmes les manifestations. " Quand on manifeste, on ne pense pas aux factures, on manifeste notre mécontentement pour être entendu. Nous avons déjà proposé de nettoyer nous-même, mais quand nous revenons tout est déjà fait. C'est sûr qu'il y a un peu d'inertie pour remobiliser tout le monde. On a besoin de 12 à 24 heures pour pouvoir revenir nettoyer, mais on n'a jamais été contre", assure Gonzague Bachelier. "Quand y'a des manifestations en France avec destruction de matériel, embrasement dans les quartiers, est-ce que des factures sont envoyées ? C'est arrivé à Bourges aussi. On s'en prend facilement à un syndicat, on est peiné et surpris". La coordination rurale assure pourtant manifester dans le respect. "On a même laissé courir le printemps de Bourges, pourtant les forces vives étaient prêtes à bloquer et manifester mais on les a contenus". La coordination rurale du Cher s'attend à recevoir une seconde facture. "Cette première facture était pour une manifestation du mois d'avril, mais il y en a eu d'autres depuis".
Pas de facture pour la FNSEA
De son côté, la FNSEA 18 confirme ne pas avoir été concernée par l'envoi de ce courrier, car serait restée en dehors de la ville. Denis Jamet, le Président de la FNSEA 18 affirme : "On essaie à chaque fois qu'il y ait le moins d'atteintes aux biens possible. En tout cas, pour cette manifestation, nous n'étions pas au même endroit, même si nos revendications sont partagées. Le mal-être est commun à tous les agriculteurs".
Cette différence de traitement interroge en tout cas la coordination rurale. "On ne comprend pas que la FNSEA n'ait pas reçu des factures alors qu'il y a encore des stigmates en périphérie de la ville de leurs manifestations. Est-ce qu'il n'y a pas derrière une volonté politique ?", s'étonne Gonzague Bachelier. La coordination rurale du Cher assure en tout cas qu'elle ne payera pas la facture. Mais aussi que le mouvement de colère des agriculteurs n'est pas terminé. "Si nous continuons de manifester, c'est parce que ça va mal. Toutes les aides PAC ne sont pas versées. Il n'y a pas que les Jeux olympiques en France, il y a des difficultés pour tout le monde. Ce n'est pas fini".