Pendant une manifestation, ce vendredi 5 avril, des agriculteurs ont déversé des tonnes de foin, fumier et des pneus dans le centre-ville de Bourges. Cette nouvelle action soulève la question de la responsabilité financière du nettoyage des voiries.
En milieu d'après-midi, il restait encore du fumier et du foin sur la place de l'Europe à Bourges. À l'appel de la FDSEA et la Coordination rurale du Cher, des agriculteurs du département ont manifesté, ce vendredi 5 avril, en laissant derrière eux les traces de leur colère. À savoir, bottes de foin, fumier et pneus...
Ce mode d'action est devenu presque commun au vu des grosses manifestations des agriculteurs de janvier et février. Plusieurs villes de la région avaient reçu leur dose de déversement de foin, de fumier et de pneus.
#AgriculteursEnColere Trois bennes de fumier déversées devant la préfecture d’Indre-et-Loire alors qu’une délégation de la #Fdsea etde #JA est reçue par le Préfet. pic.twitter.com/OPQCW5U1JF
— Marine Rondonnier (@MarineRond15581) January 30, 2024
Mais ce déversement ne se fait pas sans conséquences. Yann Galut, maire ex-socialiste de Bourges, s'est fendu d'un coup de gueule au lendemain de la manifestation des agriculteurs dans sa ville. "La facture s'élève à plusieurs milliers d'euros : qui va payer ? In fine, ce sera le contribuable berruyer", écrit, atterré, l'édile dans un post sur LinkedIn.
10 000 euros pour déboucher des canalisations
Ce sont les services municipaux qui sont à l'œuvre pour le nettoyage des routes dans la ville berruyère. Rien que pour les résidus de la manifestation du 5 avril, ce sont quinze employés municipaux qui ont été mobilisés toute la journée du lendemain dès sept heures. "C'est autant d'employés qu'on doit payer en heures supplémentaires, en horaires de week-end, précise Yann Galut auprès de France 3 Centre Val de Loire. On laisse la facture aux Berruyers !"
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C'est la troisième fois que les agriculteurs manifestent dans le centre-ville cette année. Si rien de particulier n'a été à déclarer lors de la première manifestation, du fumier avait été déversé dans des fontaines de la ville la deuxième fois, faisant grimper la facture à 10 000 euros pour déboucher les canalisations, selon la mairie.
Ce vendredi 5 avril, les manifestants ont tenté de bloquer deux ronds-points juste devant la mairie et la préfecture. Et cette fois, c'est la goutte d'eau. "Il y en avait absolument partout, décrit Yann Galut. Devant la préfecture, ils ont monté une pile de 10 mètres de haut. Ce n'est pas normal."
Le maire de Bourges assure comprendre la colère et les revendications des agriculteurs, mais dit regretter les conséquences pour la Ville.
"Les agriculteurs ont tout à fait le droit de manifester, mais je leur demande d’arrêter de déverser fumier et pneus, car après ce n’est pas le gouvernement qui répare, mais les agents de la Ville."
Yann Galut, maire de Bourges
Le maire de Bourges devrait révéler l'ampleur de la facture après avoir fait les comptes de ce week-end, mais selon lui, la note sera salée. "Rien que pour les pneus — alors qu'ils n'en ont pas laissé beaucoup — nous en avons pour 3 000 euros pour les rentrer dans un système de conditionnement."
Plainte contre X dans d'autres villes
Selon le décompte du média Reporterre, le montant du nettoyage des dégâts des manifestations des agriculteurs cet hiver s'élèverait à 8 millions d'euros minimums. Mais alors qui paie la note ? Pendant les différents blocages des routes et convois de tracteurs qui ont eu lieu entre la fin janvier et la mi-février, la question s'était déjà posée pour les mairies, mais aussi les Conseils départementaux qui ont la responsabilité d'entretenir les routes départementales qu'avaient utilisées les agriculteurs manifestant.
Pour de nombreuses administrations, la facture ne devrait pas leur revenir, étant donné que la colère et les revendications des agriculteurs sont dirigées contre les politiques du gouvernement. Certaines administrations avaient même décidé de porter plainte, à l'instar de la ville de Bordeaux et du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine. Même stratégie du côté de la société privée Vinci Autoroutes qui évaluait à plusieurs centaines de milliers d'euros le coût total de nettoyage de ses voies après les manifestations.
Le maire de Bourges, Yann Galut, dit, lui aussi, étudier la possibilité de porter plainte. Il appelle également l'État et la préfecture à prendre leurs responsabilités. "Il faut faire en sorte que les agriculteurs respectent les règles de la manifestation. Là, le dispositif lors de la manifestation n'était pas à la hauteur."