Face à la répétition des épisodes de gel, certains agriculteurs innovent pour maintenir leurs récoltes. C'est le cas de la coopérative des viticulteurs de Quincy qui participe à une étude technologique pour mieux protéger les vignobles.
Alors que ce dimanche matin, les températures s’échelonnaient entre 0 et - 3°C, comme le montre ce tweet de l’association Météo Centre, les prévisions pour les heures à venir ne sont guère différentes.
Selon Météo France, le thermomètre descendra entre 0 et - 4°C dans la nuit de dimanche à lundi.
Arrivé jeudi, cette vague de froid inquiète les agriculteurs et même les pouvoirs publics. Le Premier ministre a envoyé un communiqué ce dimanche soir indiquant que "la nuit prochaine s’annonce comme la plus rude. Les services de l’État sont mobilisés et suivent de près les évolutions météorologiques."
Il assure que "l'État sera aux côtés des agriculteurs touchés" et avoir "demandé au ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation de mobiliser, dès le début de semaine, le dispositif des calamités agricoles, en particulier pour l’arboriculture, pour permettre aux exploitations déjà durement éprouvées de faire face".
Les viticulteurs craignent en effet pour leurs vignes, plus précisément pour les bourgeons. Si jamais ceux-ci sont gelés, les agriculteurs peuvent dire au revoir à leur récolte. Alors pour le moment, chacun tente de réchauffer l'air la nuit pour sauver les récoltes, comme ici en Indre-et-Loire avec des bougies :
"On est très serein"
Luc Tabordet et Jean Tatin, tous deux vignerons dans le Cher, en ont bien conscience, mais sont pourtant confiants. Ils font en effet partie de la Cuma des vignobles (coopérative d’utilisation de matériel agricole sur le territoire de l'appellation Quincy), dont ils sont respectivement le président et le secrétaire. Et leur groupement est pionnier dans la lutte contre le gel depuis près de 20 ans.
Depuis sa création en 2000, la coopérative fait installer des tours anti-gel qui brassent de l’air chaud. Aujourd’hui, il y en a en tout 70 qui permettent de protéger les deux tiers du terrain. "Sur Quincy, grâce à notre parc antigel on est très serein, confirme Luc Tabordet. L’année dernière, nous avons réussi à sauver la majeure partie de notre production, donc actuellement nous sommes prêts pour affronter la période de gel qui va venir."
Vérifier l'efficacité des tours
C’est bien mais la Cuma veut aller plus loin pour peut-être investir dans du meilleur matériel. Pour cela, elle participe à un projet européen d’innovation baptisé SICTAG (système et gestion des tours anti-gel), et a installé d’autres instruments technologiques dans les parcelles, comme des capteurs pour mesurer la force de l’air générée par les éoliennes anti-gel.
"Il y’en a 40 qui sont installés autour de la tour dans le cadre du processus de recherche, détaille Jean Tatin. Ils sont déposés à différentes distances : 10 mètres, 20 mètres, jusqu’à 100 mètres, donc on va voir la force du vent provoqué par la rotation des hélices." Une façon de voir le degré de protection apportée par l'éolienne.
"Il y a différentes tours sur le marché, on a besoin de caractériser techniquement la force et l’efficacité de la tour, ajoute le secrétaire de la Cuma. C’est un des objectifs, pour nous permettre de choisir les tours les plus efficaces pour le brassage et la protection contre le gel."
Limiter les frais et les nuisances
Ces données mais aussi l'évolution des températures sont transmises à un automate informatique. Il est censé aider les viticulteurs à mieux utiliser les éoliennes anti-gel, en sachant par exemple quand les démarrer ou quand les arrêter.
"La Cuma des vignobles c’est 70 tours sur le parc de Quincy, il y en a 35 qui sont au fioul, précise Luc Tabordet. Une nuit de gel, c’est à peu près 50.000 litres de fioul. Donc cet automate-là, s’il nous permet de gagner une heure de fonctionnement […] peut nous permettre de faire des économies financières parce qu’on va dépenser moins de fioul. Mais aussi des économies de nuisance par rapport aux riverains."
A titre expérimental
Ce système est pour l’instant utilisé à titre expérimental. Le président et le secrétaire de la Cuma des Vignobles assurent que les résultats de l’étude technique sont partagées avec d’autres coopératives de la région Centre.
Mais ces installations ont à la base un coût : près de 50.000 € pour une tour anti-gel. Souvent questionné, la CUMA invite les viticulteurs qui le peuvent à suive leur démarche et leur rappelle qu'ils peuvent bénéficier d'aides publiques.