Les dirigeants nationaux sont exhortés à sauver le climat lors de la COP 26, qui s'est ouverte ce dimanche 31 octobre à Glasgow. En Centre-Val de Loire, les élus surfent entre espoirs face à la bonne volonté affichée par les grands de ce monde et désillusions face aux sombres perspectives dressées par le GIEC.
La COP 26 peut-elle sauver la planète ? La réunion des grands de ce monde, qualifiée par certain de réunion de la dernière chance, ouverte ce dimanche 31 octobre à Glasgow en Écosse, a pour objectif de revoir à la hausse les engagements nationaux dans la lutte contre le réchauffement climatique.
En tout, plus de 120 dirigeants du monde arrivent ce lundi à Glasgow, pressés de toute part de faire plus et plus vite pour éviter le pire à l'humanité. Parmi eux se trouvent le Britannique Boris Johnson, l'Américain Joe Biden, l'Indien Narendra Modi, ainsi que le président français Emmanuel Macron. En revanche, les dirigeants chinois, russe et brésilien se feront représenter par des délégations.
Une "volonté commune d'avancer"
Les observateurs espéraient que la réunion des leaders du G20, qui représente près de 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, donnerait un fort élan à cette COP écossaise repoussée d'un an en raison du Covid-19. Mais le rassemblement à Rome cette semaine a "déçu" jusqu'au président américain, notamment sur l'absence d'engagements de la Chine - le principal pollueur mondial - et de la Russie. "Nous avons fait des progrès au G20 [...], mais ce n'est pas assez", a renchéri Boris Johnson avant de mettre en garde : "Si Glasgow échoue, c'est tout qui échoue".
Alors cette COP 26 est-elle la réunion de la dernière chance ? Pour Nadia Essayan, députée MoDem du Cher et membre de la commission du développement durable à l'Assemblée, la réponse est clairement : "Non." Pour elle (qui revient justement de Rome, où se tenait une pré-COP 26), "la volonté commune d'avancer est là". D'avancer "un peu plus vite" même, affirme-t-elle, prenant pour exemple la taxation à 15% des multinationales actée lors du rassemblement romain. Une taxation qui pourrait rapporter 150 milliards de dollars par an, ce qui "va permettre des investissements supplémentaires, qui, je l'espère, iront vers le développement durable".
Anticiper l'échec
En espérant de la sorte, Nadia Essayan affiche un "optimisme prudent" en vue de la COP26, concédant que "la bonne volonté seule ne suffit pas, il faut ensuite passer aux actes". Le bilan est globalement le même pour le vice-président écologiste de la région Charles Fournier, mais qui, à l'inverse, se dit plutôt pessimiste tout en gardant espoir. Pour lui non plus, cette réunion n'est pas celle de la dernière chance, mais pour une raison plus terre à terre que celle de la député MoDem. Il affirme que, "même si la diplomatie climatique échoue, j'ai envie de me dire qu'on va agir autrement, qu'il n'y aura pas que ça comme solution".
Il sera ainsi présent à Glasgow les 9 et 10 novembre pour présenter le projet, porté par le Centre-Val de Loire, de COP régionale. Une idée "qui fait des petits", affirme-t-il, citant volontiers "la Wallonie, une région danoise, une en Norvège" inspirée par l'initiative du Centre. Un exemple concret qui démontre la capacité à agir sans les grands de ce monde, s'ils s'avèrent incapables de renforcer la lutte contre le changement climatique.
Signaux faibles
Lui-même ne semble pas vraiment croire à un dénouement heureux à Glasgow. "Au G20, on a eu des signaux plutôt faibles, et il en faudrait des forts", assure-t-il, citant "l'absence d'engagements sur la sortie des énergies fossiles, et un horizon flou pour la sortie du carbone". Car si plusieurs pays ont affirmé un objectif de neutralité carbone pour 2050, d'autres comme la Chine visent plutôt 2060. Une date bien "trop tardive" pour redresser la barre, selon l'élu Europe écologie-Les Verts :
Avec l'accord de Paris, on devait tenir les 1,5° de hausse, et là on est plutôt sur une trajectoire à 2,7. On sait déjà qu'on n'atteindra pas les 1,5. Les sept prochaines années vont être déterminantes, pour sortir d'une situation cataclysmique. C'est le GIEC qui le dit.
Charles Fournier, vice-président du conseil régional délégué au Climat
Nadia Essayan préfère, elle, voir "les écologistes et Greta Thunberg" (et donc probablement le GIEC) comme "des lanceurs d'alerte, qui nous boostent et nous disent que ce n'est jamais suffisant, et ça ne l'est jamais, on le sait". Elle vante ainsi le bilan environnemental du quinquennat, citant par exemple les milliards du plan de relance dédiés à la transition énergétique, et en particulier à la rénovation thermique. "Les avancées se mesurent aussi dans la sensibilisation du public, plaide-t-elle. Quand je vais dans les écoles, les enfants sont intéressés par l'écologie. Et ce sont souvent les jeunes qui nous poussent à agir."
Espoirs douchés
Sur ce point, Charles Fournier est d'accord : "Les espoirs viennent de l'opinion publique et des mobilisations", assène-t-il. Mais selon lui, ces espoirs ont été, du moins en France, douchés par la présidence d'Emmanuel Macron. "On est le 12e pays le plus pollueur, on n'a pas tenu nos engagements [pris lors de la COP 21 notamment, ndlr], on a été condamnés", liste-t-il, critiquant une certaine hypocrisie de la France à, malgré tout, vouloir prendre le leadership de la lutte contre le changement climatique.
Les deux élus s'accordent sur la nécessité de trouver les fonds pour accompagner les pays du Sud, plus pauvres, à eux-aussi entreprendre la transition écologique. Une enveloppe de 100 milliards d'euros annoncée il y a plus de 10 ans, qui n'est pour l'instant bouclée qu'à hauteur de 79 milliards. Sauf que "100 milliards, ce n'est même plus suffisant, il faudrait beaucoup plus", s'alarme Charles Fournier.
Outre le carbone, la COP26 pourrait réserver quelques surprises. L'élu écologiste espère ainsi que soit actée la réduction de 30% des émissions de méthane. Un sujet sur lequel une trentaine de pays, dont la France, devrait s'engager. Autres sujets à ne pas oublier : l'artificialisation des sols, ainsi que la déforestation.