DATA. Le couvre-feu anticipé a-t-il montré son efficacité dans le Cher pour enrayer la circulation du covid-19 ?

Alors qu'un nouveau confinement est sur toutes les lèvres, le couvre-feu a-t-il permis, comme il était censé le faire, d'enrayer la circulation du coronavirus ? En Centre-Val de Loire, le Cher a été le premier département concerné, dès le 15 décembre. Cette précocité a-t-elle porté ses fruits ?

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Est-il trop tôt, ce 26 janvier, pour donner une estimation précise de l'efficacité du couvre-feu, décrété le 15 décembre pour plusieurs départements et généralisé à la France entière le 16 janvier ? Réponse courte : oui. Les autorités sanitaires régionales, en tout cas, ne disposent pas encore de données concernant l'efficacité du couvre-feu, mais s'attendent à de premières estimations nationales dans le cours de la semaine.

Des signes encourageants pour Santé publique France

Malgré tout, Santé publique France se voulait optimiste lors du dernier point épidémiologique, le 21 janvier. L'institution rappelle qu'outre le couvre-feu à 20h déclaré le 15 décembre, "un couvre-feu anticipé (18h-6h) a été mis en place dans 15 départements de métropole" le 2 janvier. Une semaine plus tard, cette mesure est étendue à 10 autres départements, dont le Cher. Le 16 janvier, le couvre-feu à 18h devient national.

Or, l'évolution du taux d'incidence dans les départements ayant été placé précocement sous couvre-feu semble encourageante. "D’après les premiers résultats publiés dans le point épidémiologique du 21 janvier, en semaine 02, une diminution du taux d’incidence des cas confirmés de SARS-CoV-2 a été observée dans les 15 départements placés sous couvre-feu anticipé, le 2 janvier." Il était en revanche trop tôt lors de ce dernier point pour se prononcer sur le reste du pays.

Pas de certitude pour les hôpitaux

Même constat à l'échelle très locale. Joint par France 3, le centre hospitalier Jacques-Coeur de Bourges constate que le taux d'occupation reste élevé, et la situation difficile pour le personnel soignant. "Le 10 janvier, on était à 77 patients hospitalisés, dont 8 en réanimation. Là, le 25, on est à 82 patients hospitalisés dont 9 en réanimation", note le service communication de l'institution. Toutefois, cette dernière reste prudente quant à une éventuelle conclusion sur l'efficacité du couvre-feu.

 

A notre niveau, c'est compliqué de donner un avant-après. On n'a pas la vision départementale, voire régionale. On pourrait se dire qu'entre le 10 janvier et le 25 janvier il n'y a pas beaucoup d'évolution. Mais est-ce que c'est parce que le couvre-feu n'a pas eu d'effet, ou est-ce que l'effet du couvre-feu ça a été précisément d'éviter un taux encore plus élevé ? C'est une question à laquelle on peut difficilement répondre.

Centre hospitalier Jacques-Coeur, Bourges

Qu'à cela ne tienne, France 3 Centre-Val de Loire a repris les chiffres de la circulation du covid-19 dans la region depuis la mi-décembre, en se basant sur les rapports de l'ARS publiés quatre à cinq fois par semaine. En plus du taux d'incidence, il a été décidé de prendre en compte le nombre d'hospitalisations, à la fois dans la région et dans le département du Cher, qui a "bénéficié" de dix jours de couvre-feu précoce par rapport au reste de la région.

 

Il faut toutefois garder en tête que ces chiffres doivent se manipuler avec prudence. Le coronavirus peut incuber pendant plusieurs jours avant d'être détecté, et il y a donc forcément un délai entre la décision du couvre-feu et son éventuel effet. Ensuite, plus le nombre de cas est faible, plus il sera difficile d'observer une évolution réellement significative, ce qui rend l'étude d'un département peu peuplé comme le Cher particulièrement hasardeuse. Enfin, le taux d'incidence peut aussi varier pour des raisons complétement différentes que le couvre-feu : c'est la différence entre corrélation et causalité.

Ces précautions mises à part, qu'observe-t-on ? Le 15 décembre, la région Centre-Val de Loire est dans une tendance de légère hausse du taux d'incidence, alors que le Cher vient de le voir bondir de 162 à 191. Celui du Cher s'infléchit légèrement à partir du 22 décembre, avant de repartir de plus belle à partir du 4 janvier. Mais, fait intéressant, l'arrivée du couvre-feu à 18h le 10 janvier voit l'évolution du taux d'incidence s'infléchir considérablement dans le Cher et uniquement dans le Cher, quelques jours plus tard, ce qui pointe vers l'hypothèse d'une réelle efficacité du couvre-feu. Dix jours après la généralisation du couvre-feu à 18h, les deux courbes se rapprochent : le taux d'incidence du Cher continue à baisser, tandis que celui de la région augmente plus lentement, et se stabilise même à partir du 25 janvier. Bien sûr, seul davantage de temps et de données pourront dire si cette baisse relative va se confirmer.

En d'autres termes, à la question de savoir s'il est trop tôt pour trancher sur l'efficacité, ou non, du couvre-feu, la réponse "longue" est donc : oui aussi.

Emmanuel Macron attend de connaître les effets du couvre-feu et ne s'exprimera pas ces prochains jours

Pour savoir si nous devons subir un troisième confinement, le président de la République attend d'en savoir plus sur les effets du couvre-feu généralisé à 18 heures, normalement visibles au niveau national à partir de samedi 30 janvier, selon Santé Public France.

Pour éviter un nouveau reconfinement, Emmanuel Macron attend aussi d'en savoir plus sur l'évolution de la campagne de vaccination. A ce jour, 1 100 000 injections ont été faites en France. "Des décisions seront prises cette semaine (...), il ne s'agit pas de baisser la garde", a estimé le Premier ministre, Jean Castex, lundi 25 janvier. Le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, a de son côté, appelé à ne pas tergiverser, face à la menace des variants du virus, qui "changent complètement la donne".

 

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