Des militants anti-bassines dénoncent une concentration de projets dans le Cher

Une dizaine de projets de retenues d'eau sont en cours dans le département. Les opposants dénoncent l'impact environnemental quand les partisans, eux, avancent une solution face au dérèglement climatique.

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Ils avaient donné rendez-vous à 19h30 ce mercredi 25 septembre pour une réunion publique d’information. Une soixantaine de personnes a répondu présent à l’appel du collectif Bassines Non Merci Berry (BNM Berry) et de certains habitants de Villequiers (Cher). Lieu du rendez-vous, la salle des fêtes.

La commune est justement au cœur des débats. Elle doit accueillir dans les prochaines années trois bassines. De grands réservoirs artificiels d’eau utilisés pour l’irrigation agricole. Un projet est d’ailleurs en cours de construction.

Des effets néfastes sur l'environnement

Et cela fait débat sur le territoire, car les effets seraient néfastes sur l’eau, la fertilité du sol, l’environnement, la biodiversité ou encore sur le bilan carbone avance le collectif BNM Berry. "Ça n’est pas une solution au réchauffement climatique ni aux épisodes de sécheresses" explique François Crutain, opposant au projet et ancien maraîcher bio dans le département.

Une forte concentration des projets

Malgré cette inquiétude, les projets se multiplient dans le Cher. Au-delà de Villequiers, ce sont une dizaine de projets individuels et autofinancés par les agriculteurs eux-mêmes qui devraient voir le jour à terme. À Baugy, Villebon ou encore Quincy. Quatre bassines sur sept kilomètres. Une forte concentration, dénonce le collectif dans un communiqué.

"245 000 m3 d’eau pompée soit l’équivalent de près de 100 piscines olympiques"

Collectif Bassines Non Merci Berry

Communiqué

Si l’on ajoute les bassines déjà existantes – au nombre de trois – ces réservoirs "pomperaient 245 000 m³ d’eau, soit l’équivalent de près de 100 piscines olympiques ou encore l'équivalent de la consommation annuelle en eau potable de 4 445 habitants" détaille-t-il toujours.

"De l'eau gaspillée"

"Du gaspillage de l’eau alors qu’on doit l’économiser la plus possible" renchérit François Crutain qui redoute également, avec la présence d’eau en surface, une détérioration de sa qualité ainsi que le développement d’une vie bactérienne.

Alors comment expliquer le recours à ces bassines ? Selon ce membre de la confédérale paysanne, ces dernières sont un moyen d’échapper aux restrictions d’irrigation mises en place par les pouvoirs publics.

Des restrictions de plus en plus courantes au fil des années, des épisodes de sécheresse et de la baisse de débit des cours d’eau.

"Ces réservoirs sont une partie de la solution et non le problème."

Etienne Gangneron, président de la chambre d'agriculture du Cher

Etienne Gangneron, président de la Chambre d’agriculture du Cher est lui favorable à ces bassines ou plutôt à ces "retenues d’eau" comme il préfère les nommer. "On pompe dans la nappe l’hiver lorsque cette dernière est pleine à ras bord et qu’elle déborde, cela ne pose aucun préjudice, car il y a moins de prélèvements en période de basses eaux. La substitution est un principe très vertueux" explique-t-il.

Puis, comme pour prendre le contre-pied total des opposants, il affirme "Ces réservoirs sont une partie de la solution et non le problème."

Des pluies de plus en plus fréquentes à venir

Pour légitimer ces bassines, Étienne Gangneron s’appuie sur les prévisions du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du Climat). "D'ici à 30 à 40 ans, on annonce une augmentation des précipitations à des périodes où nous n’en avons pas forcément besoin. Il faudra pouvoir la stocker".

Autre argument, ces retenues d’eau permettent également la diversification des cultures, des contrats de semences et de légumes, "tout ce dont a besoin le département " se justifie Etienne Gangneron.

Un avantage économique

La logique est donc ici économique. Les rendements sont plus importants. Le blé, l’orge ou encore le colza, ces cultures dites "sèches" n’apportant pas de grande valeur ajoutée n’entraînent pas des revenus décents. "L’eau d’irrigation permet de développer l’économie du département" affirme encore le président de la Chambre d’Agriculture du Cher.

Et cela, les agriculteurs bio dont les besoins en eau sont importants l’ont bien compris. Dans le département, ils sont 20 % à être irriguant contre 7 à 8 % pour les agriculteurs de la filière classique.

Des arguments qu’ont du mal à entendre les opposants comme François Cutrain. "Tout est réduit à l’aspect économique et financier" regrette-t-il.

"L’agriculture répond à des injonctions financières , on en oubli le bon sens agronomique des choses. Les bassines encouragent ce système."

François Crutain, membre du collectif Bassines Non Merci Berry

Une réforme de l'agriculture

Ce partisan du "zéro bassine" prône l’arrêt des cultures certes à fort rendement, mais trop gourmandes en eau comme le maïs. "Il faut réformer complètement l’agriculture, replanter des kilomètres de haies, généraliser l’agroforesterie, refaire de la polyculture élevage, remettre des circuits courts."

La question est aussi de savoir si cela paraît réaliste, "ça n’est pas utopique parce que c’est faisable, mais c’est très difficile, oui" confesse-t-il.

Des mégabassines d'ici à 2028 ?

D’autant plus qu’à l’horizon 2028, ce ne sont pas des projets de bassines, mais de mégabassines collectives qui sont en réflexion.

Huit pourraient être créées. Rien d’acté pour l’instant, mais des "méga-inconvénients" à venir pour les opposants qui peuvent déjà se préparer aux prochaines réunions publiques d’information. La lutte devrait encore durer un certain temps…

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