Face à la "mise en danger" de résidents, un Ehpad du Cher repris en main par le département et l'ARS

Un administrateur provisoire a été nommé pour corriger des dysfonctionnements, dénoncé par les personnels et les familles de résidents de l'Ehpad "L'Hostellerie du Château", situé à Massay dans le Cher. Racheté en 2019 par le groupe Bridge, l'établissement accumule les difficultés, qui auraient dégradé la qualité de la prise en charge des personnes âgées.

Aux grands maux, les grands moyens. En quatre ans, deux contrôles ont été menés par le département, et quatre inspections conjointement avec l'agence régionale de santé (ARS). Face aux "dysfonctionnements" constatés à répétition, les autorités ont décidé de nommer un administrateur provisoire, au sein de l'Ehpad "L'Hostellerie du Château", situé à Massay, dans le Cher.

Sous tutelle du département et de l'ARS, l'administrateur aura "toute latitude pour prendre des décisions" visant à corriger ces dysfonctionnements, explique l'agence. Concrètement, les autorités ont constaté "des défauts de personnels, un manque de volonté de recruter, une direction non remplacée les week-ends et les vacances".

Manque de volonté de la direction

En 2019, l'établissement était racheté par le groupe Bridge. Depuis, familles de résidents et personnels ont remonté à l'ARS des difficultés récurrentes, causées par le non-remplacement de personnels ayant quitté l'Ehpad. "Ça engendrait une surcharge de travail, des glissements de tâches, et une baisse de la qualité des soins", voire une "mise en danger" des résidents, explique Bénédicte de Choulot, vice-présidente du conseil départemental du Cher, en charge de l'autonomie.

Les autorités s'inquiètent également de la "qualité de vie au travail" des personnels. "On ne leur lance pas la pierre, ils n'avaient pas les moyens de faire leur travail", note l'ARS.

Selon Bénédicte de Choulot, le manque de recrutement est avant tout "une volonté" du groupe Bridge. Ce dernier expliquait pourtant à France Bleu, en mars 2022, souffrir de "difficultés de recrutement" et de la "tension qui existe notamment sur le métier d'aide-soignante", niant une volonté de faire des économies sur le dos des personnes âgées. Une défense qui ne tient pas, selon la vice-présidente du département :

On connaît ces problèmes de recrutement dans le département. Mais ça n'engendre pas la même chose sur les autres établissements.

Bénédicte de Choulot, vice-présidente du conseil départemental du Cher

Même constat du côté de l'ARS, qui note une différence entre "ne pas recruter parce qu'on n'y arrive pas mais qu'on fait le maximum" et "ne pas recruter parce qu'on ne se donne pas les moyens d'y arriver". Pour l'agence, pas de doute : "Le groupe n'a pas fait le nécessaire, n'a pas engagé les dépenses qu'il fallait, qui coûtent cher mais qui sont nécessaires."

En cas d'échec, vers un retrait d'autorisation ?

L'administrateur provisoire, un ancien haut fonctionnaire retraité du médico-social, prend ses fonctions ce vendredi 20 octobre, pour une durée de six mois. Durant cette période, il aura la charge d'"accompagner dans ses décisions la directrice du site", qui ne sera pas démise de ses fonctions. "Le groupe Bridge n'était pas content de cette décision, mais ils se sont présentés dans un état d'esprit constructif et collaboratif, ce qui est une bonne chose", note l'ARS.

L'administrateur aura, cependant, tout pouvoir pour prendre les décisions qui lui sembleront nécessaires, même contre l'avis de la direction de l'établissement.

Au bout de ces six mois, l'objectif aura été de "remettre l'établissement à flot", mais aussi d'"assurer que le groupe est capable de gérer de façon pérenne l'établissement", ajoute Bénédicte de Choulot. Si, à l'inverse, les autorités constatent que le groupe ne parvient pas à maintenir les correctifs, "la prochaine sanction pourrait être le retrait de leur autorisation officielle".

Contacté, le groupe Bridge n'a pas encore été en mesure de répondre aux sollicitations de France 3.

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