La crèche de Noël de l’église de Châteauneuf-sur-Cher a retrouvé sa place dans la basilique Notre-Dame-des-Enfants après trente d'ans d'absence. Ses magnifiques personnages, datant du XIXe siècle, sont visibles pendant une semaine.
S'il y a bien une crèche qui a fait parler d'elle depuis un an, c'est bien celle de Châteauneuf-sur-Cher. Achetée 950 francs en 1887, elle est l'œuvre du sculpteur Martin Pierson de l'union artistique de Vaucouleurs (Meuse). En janvier 1906, après la séparation de l’église et de l’état, elle devient la propriété inaliénable de la commune de Châteauneuf-sur-Cher. Faisant fi du statut juridique de l’objet, ou semblant l'ignorer, le curé de l'époque la vend à un antiquaire de la région. Celui-ci s’installe dans le sud, près de Nîmes. Et le village perd la trace de son bien.
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En 2019, le père Hervé Benoît, surfant sur le web, la reconnaît sur un site d'annonces d'occasion en ligne. Il en avise aussitôt le maire, qui toujours propriétaire des personnages, se met en contact avec le vendeur. Celui-ci en demande 20 000 euros dans un premier temps, puis 75 000 euros. Maire et curé, s'offusquent, mais ne renoncent pas. Le maire de Châteauneuf a l'idée d'ébruiter l'affaire. La presse régionale s'empare du sujet. Des groupes d'amateurs passionnés par les santons se créent sur Facebook et des photos de la crèche de Châteauneuf-sur-Cher circulent sur la toile. Un beau matin, le maire William Pelletier, reçoit une curieuse missive : "Cher Confrère, j’ai pris connaissance de l’histoire de la crèche. Il faut s’entraider entre petites communes. Avocat au Barreau de Paris, je m’intéresse particulièrement aux questions de restitutions d’œuvres d’art . Je vous propose mes services, gracieusement bien entendu." signé : Cédric Fischer, maire de Saint Céols (Cher). Me Fischer indique toutes les démarches à accomplir. Dès octobre, des compromis sont proposés, puis refusés pour aboutir à une date de procès fixée au 6 janvier 2021 par le juge de Nîmes.
Le matin du 24 décembre 2021, quelqu'un frappe à la porte du presbytère
Après 14 mois d'âpres négociations, la crèche est encore à vendre sur le site d'annonces en ligne. Le retour des rois mages et des 11 autres personnages se fait vraiment attendre. Mais le matin du 24 décembre 2021, quelqu'un frappe à la porte du presbytère. C'est le vendeur en personne, accueilli par le père Benoît. Il vient rendre gratuitement la crèche. Pour Monique, une paroissienne, ce revirement de dernière minute est le fait de la divine Providence "Un avocat est tombé du ciel pour ramener cette crèche bénévolement. Je suis certaine que la Vierge voulait qu’elle revienne." affirme-t-elle.
L'an passé, les délais étant trop courts pour installer la fameuse crèche à minuit, ce n'est que pour ce Noël 2022 qu'elle fait réellement sa réapparition. Mais après cette longue cavale, les personnages avaient besoin d'un brin de toilette, il en manque encore. À cet effet, le père Benoît se félicite de l'aide des vieilles maisons françaises et de la mairie " Les bergers, l’âne et le bœuf sont encore dans l'atelier de la restauratrice. Il faut compter 1 000 euros par personnage, on y va progressivement. Même incomplète, je m'émerveille devant la qualité technique utilisée à l'époque. Le plus grand personnage mesure 1,20 mètre ! " En attendant que quelqu'un offre des moutons, le père Benoît a ajouté un ange pour que la crèche ne disparaisse pas à nouveau.
