"Les gens nous hurlent dessus" : face à la montée des incivilités, 32 communes du Cher ferment leurs portes

L'action choc et symbolique a été prise en soutien au maire de Saint-Priest-la-Marche. Seules les urgences seront traitées durant deux jours.

Si vous habitez le département du Cher et que vous souhaitez vous rendre en mairie ces 3 et 4 octobre, vous risquez de trouver portes closes. En effet, 32 communes de la communauté de communes Berry Grand Sud sont appelées à fermer durant deux joursm en soutien au maire de Saint-Priest-la-Marche, dont la mairie a fermé "jusqu'à nouvel ordre" suite à des "incivilités et insultes".

Une action votée à l'unanimité

Cette action choc a été décidée et votée à l’unanimité ce 26 septembre, à l’occasion d’un conseil communautaire, explique Jean-Luc Brahiti, président de la communauté de communes. Un acte officiel, sous forme de motion, qui a été transmis à la Préfecture du département.

Cette décision a été prise pour lutter contre des incivilités jugées “grandissantes, importantes et qui crées un malaise au sein des collectivités” précise-t-il au micro de France 3. 

Celui qui peut en témoigner en premier chef, c’est Jean Giraud, le maire de Saint-Priest la Marche. Il n’a pas pu assister au début de ce fameux conseil communautaire. La raison : la veille, sa secrétaire de mairie venait d’être victime d’une agression verbale.

Un individu qui vient régulièrement se plaindre, hurler et qui devient dangereux

Jean Giraud, maire de St-Priest-la-Marche

Depuis cet événement, sa mairie est fermée et un dispositif permettant de filtrer l'entrée a été instauré. L’édile souhaite le voir pérenniser, et en attendant une plainte a été déposée. 

Des élus de moins en moins respectés

Les élus et les personnels administratifs et communaux sont en première ligne face au mécontentement d’une partie de la population, qui ne prend plus de gants pour le faire savoir. “C'est une évolution depuis le covid” a noté le maire de la commune qui ajoute avoir toujours connu des comportements pouvant être déplacés “mais ils étaient réglés plus facilement car le maire était davantage respecté et avait soutien de la gendarmerie”, elle-même de moins respectée, regrette-t-il. 

Aujourd’hui les gens nous hurlent voire nous gueulent dessus

Jean-Luc Brahiti, président de la communauté de communes Berry Sud

Dans ce contexte, pour le président de la communauté de communes Berry Sud c’est donc une action importante qui s’apprête à être menée car “trop c’est trop” dit-il. “La mairie c’est la maison accessible de tout le monde.” Il espère que cette action aura l’écho qu’elle mérite. 

Des mairies fermées par solidarité

Pour cela, 31 maires sont donc disposés à suivre le mouvement. Parmi eux, Frédéric Durant, le maire Châteaumeillant.

Il va fermer sa mairie par solidarité, un ralliement évidemment explique-t-il : “Tous les maires, adjoints et agents territoriaux sont tous les jours abordés par des gens mécontents et qui se croient tout permis. En tant que maire, on le sait, on est critiqué et on est critiquable.” dit-il avant d’ajouter : “Il y a eu des craintes mais on y fait attention.” 

C’est donc un ras-le-bol général qui s’exprime face à des incivilités pas toujours évidentes à cerner et à déterminer. “Cela peut aller de propos déplacés, orduriers, des invectives et pour des raisons futiles la plupart du temps” détaille Jean-Luc Brahiti. 

 Quels services en mairie ?

Alors concrètement à quoi ressembleront ces deux journées “mortes” en mairie ? “L’accueil au public sera fermé” nous explique Delphine Morand, secrétaire général de la mairie de Chateaumeillant. Pas de possibilité de réaliser un recensement ou encore une demande d’acte civil par exemple.  

En revanche, en cas d’urgence comme un dégât les portes vous seront ouvertes. Les rendez-vous prévus avec les élus seront également maintenus. Le personnel administratif, présent en mairie répondront également au téléphone.  

"On nous entend mais on ne nous écoute pas"

Sensibiliser, mener des campagnes contre les incivilités, c’est ce que réclament les maires. Avec un taux d’élus démissionnaires de plus en plus élevé, ceux du Berry Sud espèrent que leur action permettra une prise de conscience générale et ainsi de se faire entendre “on nous entend mais on ne nous écoute pas” déplore Jean-Luc Brahiti.  

Fermer leurs portes, c'est donc le dernier ressort de ces 32 mairies pour se faire entendre.