Meurtre dans le Cher : une pétition pour demander la démise en examen d’un homme 7 ans après les faits

En 2016, Fernando Mourao était tué par balles chez lui, à Châteaumeillant. Son voisin Gilles Tourny était mis en examen un an plus tard. Depuis, plus rien. Face à la dégradation de son état de santé, une pétition a été lancée pour obtenir la levée de la mise en examen. Un texte initié par la nièce de la victime.

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La justice a-t-elle vocation à reconnaître ses torts ? C'est la question que pose une pétition mise en ligne cet été, sept ans après le meurtre de Fernando Mourao à Châteaumeillant, dans le Cher. Le vendredi 25 mars 2016, le sexagénaire était retrouvé chez lui, tué par balles.

Dans les jours qui suivent, deux personnes étaient placées en garde à vue, puis relâchés. Un an plus tard, le voisin de la victime, Gilles Tourny, est mis en examen, puis placé en détention provisoire pendant quatre mois. Il en ressort sous contrôle judiciaire, avec interdiction de résider dans le Cher.

"Qu'il puisse mourir en paix"

C'était il y a six ans. Depuis, il est tombé gravement malade. Une affection neuro-dégénérative le prive petit à petit de ses capacités cognitives. Désormais, "tout ce qu'on peut faire pour Gilles, c'est l'aider à récupérer son honneur pour qu'il puisse mourir en paix".

Voilà ce qu'en dit Charline Mourao. Elle est la nièce de la victime, Fernando Mourao, et a lancé le 24 août une pétition en ligne pour réclamer la démise en examen de Gilles Tourny, comme l'a révélé Le Berry républicain. "J'ai décidé de le faire un soir où j'étais en colère, ça fait six ans que la justice s'acharne sur Gilles", assène-t-elle.

Car les familles de la victime et du mis en examen sont liées depuis des années par un mariage. À la suite du meurtre, "notre famille a éclaté", note Charline Mourao. Elle-même dit se prononcer au nom de deux de ses tantes, de son oncle et de son père. Une sœur et une fille de Fernando Mourao ne se sont pas associées à la pétition. Selon leur avocat Me Eugène Bangoura, contacté par France Bleu Berry, "il n'y a pas de raison [de] faire des faveurs particulières" à Gilles Tourny.

"Cette affaire l'a détruit"

"Ce n'est pas une faveur que de lui accorder la paix", souffle Charline Mourao. Elle assure : "Je ne défendrais pas Gilles si j'avais le moindre doute." Elle en veut "énormément à la première équipe d'enquête", dont un membre aurait "décidé lui-même de s'acharner sur Gilles".

C'est la thèse défendue par l'avocat du mis en examen, Me Sylvain Cormier : "Pour lui, ses inactions devenaient des indices, et non pas la présence d'éléments." Depuis, "la justice, réalisant que l'hypothèse ne tenait pas, a levé ses contraintes". Notamment l'interdiction de résider hors du Cher.

Reste que "cette affaire l'a détruit, et a accéléré la progression de sa maladie", juge l'avocat. Charline Mourao abonde :

Il a passé quatre mois en détention, il a été en exil chez sa fille pendant deux ans. Il a été traumatisé, il disait toujours : "Est-ce qu'on va pas venir me chercher ?" Et en plus, il a vu son ami mort par terre, par balles. Pendant ce temps là, il était mis en examen, et la justice n'a rien trouvé.

Charline Mourao, nièce de Fernando Mourao et initatrice de la pétition pour Gilles Tourny

Une démise en examen n'aurait probablement aucun effet concret, mais serait symbolique pour Gilles Tourny et sa famille. Son avocat a fait parvenir, en mars, un courrier à la juge d'instruction pour réclamer cette démise en examen. Sans réponse. "Reconnaître ses torts, la justice n'est pas très enthousiaste à le faire", estime Me Sylvain Cormier. D'autant que, selon Charline Mourao, "la juge n'a jamais rencontré Gilles, alors qu'on la supplie de venir en aide à un homme condamné à mort".

Désormais, la pétition est, pour la famille du mis en examen, le dernier espoir d'avoir une décision rapide, "de son vivant". Le texte a, ce 19 septembre, recueilli 623 signatures.

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