Coronavirus : quasiment à l'arrêt, la filière du BTP s'inquiète en Centre-Val de Loire

Depuis le début du confinement, la cacophonie règne dans le secteur du BTP : doit-on suspendre les chantiers ? Les poursuivre en respectant les gestes barrière ? En Centre-Val de Loire, la quasi-totalité des chantiers est actuellement à l'arrêt. Et on redoute déjà la reprise de l'activité. 

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En 2016, la région recensait 18 400 entreprises employant du personnel et 52 700 employés dans la filière du BTP en Centre-Val de Loire. Autant d'entreprises quasiment à l'arrêt depuis le début du confinement en France.

"On a presque tout arrêté, dans tous les départements", explique Jean-Luc Despas, retraité du BTP et président régional du syndicat CFE-CGC BTP. "Seuls les chantiers urgents comme les dépannages sont encore assurés." 

Depuis la mi-mars, la marche à suivre pour les entreprises et les employés du bâtiment reste ambigüe.

La plupart des chefs d'entreprise ont d'abord demandé à leurs salariés de rester confinés chez eux, dès l'annonce d'Emmanuel Macron, le 16 mars dernier. C'est le cas de Jean-Pierre Augis, dirigeant de l'entreprise S.T.P.A. à Saint-Denis-en-Val, dans le Loiret, qui embauche quarante salariés. "Le soir-même de l'annonce, j'ai dit à mes salariés que l'on cessait l'activité car je ne souhaitais pas les mettre en danger."
 

Un bras de fer entre la filière du BTP et le gouvernement

Mais dès le 18 mars, le ton monte entre le secteur du BTP et le gouvernement après la suspension quasi-intégrale de l'activité.

La ministre du Travail Muriel Pénicaud accuse alors, sur la chaîne LCI, les entreprises du bâtiment et de travaux publics de "défaitisme" et de "manque de civisme" et leur refuse le droit au chômage partiel. Des propos que le président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), Jacques Chanut, jugera par la suite de "scandaleux" et "insultants". 

On ne comprenait pas, confie Aline Mériau, présidente du FFB Loiret et gérante d'une entreprise d'électricité. D'un côté, Emmanuel Macron martelait "Restez chez vous" et, de l'autre, Muriel Pénicaud nous demandait de retourner sur les chantiers.

Le samedi 21 mars, un accord est finalement trouvé entre les parties. Le gouvernement accepte d'ouvrir le chômage partiel aux établissements du BTP qui souffriraient d'une baisse d'activité et leur donne le droit de bénéficier d'un fonds de solidarité.
Il valide aussi la suspension temporaire des chantiers, sauf ceux jugés "urgents". En revanche, il appose une condition : les chantiers devront reprendre dès la publication d'un "guide de bonnes pratiques", élaboré à partir des recommandations de l'Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics (OPPBTP).

"Ce guide n'a toujours pas été officialisé à ce jour, c'est pourquoi 95 % des chantiers dans la région sont encore à l'arrêt", poursuit Aline Mériau. La présidente du FFB 45 précise aussi que la plupart des entreprises ont entamé les démarches pour prétendre au chômage partiel. "Nous avons rempli les fiches de paie en faisant comme si nous allions le percevoir. Mais nous sommes encore en attente."
 

Même avec le chômage partiel, la perte de revenus sera importante pour les salariés, selon le syndicat CFE-CGC.

"Ils ne toucheront que 84 % de leur salaire brut, ce qui revient à une perte de 15 à 20 % sur le salaire net, s'inquiète Jean-Luc Despas. Car une grande partie du revenu provient aussi des primes et des heures supplémentaires."

Des entreprises peuvent également proposer à leurs salariés de prendre des congés, afin d'être payés à 100 %. Mais sans accord de branche, ni d'entreprise, il est illégal pour les gérants de leur imposer cette solution, même pour préserver l'emploi. 

Une hypothétique reprise de l'activité qui s'annonce difficile

Les entreprises du BTP sont désormais dans l'attente de la publication de ce guide de bonnes pratiques et appréhendent la reprise de l'activité

"Bien sûr, on espère que cette crise se finira au plus vite. Mais dans l'état actuel des choses, on ne peut pas reprendre l'activité !", s'exclame l'entrepreneur Jean-Pierre Augis, avant d'ajouter :

Déjà, on manque de masques et de gel hydroalcoolique. Et pour ce qui est des gestes barrière, c'est impossible à tenir : sur des chantiers étroits, on ne peut pas respecter le mètre de distanciation sociale. Et puis, les salariés se prêtent les outils : je ne peux pas leur demander de désinfecter leur pelle à chaque usage !

Autre interrogation : y aura-t-il du travail si l'activité reprend ces prochains jours ?

"On aura toujours des chantiers à terminer évidemment", se rassure Aline Mériau. "Mais de nombreux appels d'offre et projets ont été reportés à plus tard. Sans parler des particuliers qui ne souhaiteront pas que l'on entre chez eux pendant la période de confinement. Alors le carnet de commandes ne sera sûrement pas plein pour tout le monde."
 
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