95 % des chantiers du bâtiment et des travaux publics sont à l'arrêt. Les organisations professionnelles réclament des mesures immédiates pour protéger leurs salariés. Ils ont remis leurs propositions aux ministères du travail, des transports et de la santé. Réponse avant la fin de la semaine.
Le printemps, c'est traditionnnellement la meilleure période pour les entreprises du bâtiment et des travaux publics. A la fin de l'hiver, les conditions météorologiques s'améliorent, et les chantiers démarrent: construction de logements, installation de canalisations, travaux sur la chaussée, rénovation de bâtiments du patrimoine. Avec la crise du covid-19, 95 % des chantiers se sont arrêtés, parfois à l'initiative des maîtres d'ouvrage parfois du fait des entreprises elles-mêmes.
"Sur les chantiers, nos salariés étaient en danger"
"Les ouvriers travaillent tôt, restent toute la journée sur les chantiers, sont amenés à porter des charges, se trouvent à plusieur dans des tranchées. Impossible de mettre en place des gestes barrières. Nos salariés sont en danger et risquent de faire circuler le virus", relève le président de la Fédération Grand-Est des Travaux Publics, Hevé Noêl.Résultat : les salariés ont peur d'attraper le virus en travaillant sur des chantiers, sans aucune protection. "J'ai fait le tour de mes 70 salariés, n tiers ne veulent plus revenir travailler. Ils ont peur du virus", confie Christophe Possémé, président national de l'Union maçonnerie et gros oeuvre et président de l'entreprise Bâtiment Associé de Muizon, dans la Marne.
Les organisations professionnelles proposent un protocole de sécurité
"En demandant aux entreprises de continuer à travailler, la ministre du Travail avait mal évalué les conditions sur les chantiers", commente Hervé Noêl.Réunies en urgence, les organisations professionnelles représentant les patrons et les salariés ont travaillé d'arrache-pied pour proposer aux ministères concernés, ceux du Travail et de la Santé un mode opératoire qui permette de garantir la sécurité des salariés sur les chantiers.
Parmis ces propositions notamment, une personne par banquette dans les véhicules, un doublement de la surface des bases de vie où sont installés les réfectoires et les vestiaires, un nettoyage toutes les 2 heures des surfaces, du gel, des points d'eau, des casques avec visière jusqu'au menton ou encore des masques FFP2 lorsque la distance d'un mètre ne peut être respectée
La réponse des ministères est attendue avant la fin de la semaine. Si le protocole est accepté, il faudra le mettre en place et l'adapter en fonction des filières et des maitres d'ouvrage, Ce ne sera pas le plus simple...
Reprendre les chantiers, ce ne sera pas si simple
Les mesures préconisées sont drastiques, et il sera difficile pour les plus petites entreprises de les respecter. "On ne peut pas exiger des masques pour tous nos salariés. La priorité est pour le personnel soignant, ce qui est bien normal, commente Christophe Possémé. Des masques, il n'y en a pas, et il n'y en aura pas avant trois semaines. Le gel, en revanche, commence à arriver, car il est produit sur place. J'en ai commandé ce matin. Au Bâtiment Associé, on pourra reprendre 15 % des chantiers, ceux où les salariés peuvent travailler à deux ou trois et peuvent respecter les gestes barrière. Mais les gros chantiers ne pourront pas reprendre, par manque d'effectifs."Actuellement, 95 % des salariés du bâtiment et des travaux publics, sont en activité partielle. Et tous ne pourront pas reprendre le travail. "Il va y avoir un écrémage, prédit Christophe Possémé. Les entreprises les plus fragiles auront du mal à passer la crise."Dans le secteur des travaux publics, 10 % des chantiers pourront reprendre tout de suite, mais cela prendra des semaines voire plusieurs mois pour les autres.
- Christophe Possémé, président de l'entreprise Bâtiment Associé de Muizon, dans la Marne.