D’après l’INSEE dans la région Centre Val de Loire, les femmes sont plus nombreuses à devenir entrepreneuses. Mais la grande majorité de ces entreprises restent au statut d’autoentrepreneur. La nouvelle génération veut rêver plus grand.
En ce 8 mars, elles sont 101 cheffes d’entreprise, une par département, à être invitées par le Premier Ministre, Gabriel Attal. Grâce au dispositif « 101 femmes de Matignon », chacune va pouvoir bénéficier d’un accompagnement pour pérenniser et développer son entreprise. Parmi elles, Candice Menant-Fernàndez, une Loir-et-Chérienne, et cheffe d’entreprise d’une savonnerie éco-féministe, « La Fleur des châteaux ». Arrivées la veille, les discussions sont franches, on parle beaucoup d’argent. Nous les femmes, nous n’osons pas beaucoup emprunter à la banque pour développer notre entreprise. Franchement les projets à 2000€ depuis la cuisine, stop !".
Depuis un an, cette jeune femme s’est lancée dans cette aventure en proposant des savons maison, en misant à fond sur l’économie circulaire. Entre la fabrication, l’administratif, la vente par correspondance et sur les marchés, la cheffe d’entreprise rêve de s’agrandir sur son territoire.
Je veux arriver à être le « Feuillette » de la savonnerie. Recréer de l’emploi sur mon territoire. Depuis mon enfance, lorsqu’on pense emploi et carrière, on se dit qu’il faut aller à Paris. J’en reviens, je veux prouver le contraire.
Candice Menant-Fernàndez, créatrice de La Fleur des châteaux
Comme Candice Menant-Fernàndez, elles sont plus de 10 000 à s’être lancées dans l’entrepreneuriat en 2022. Selon l’INSEE, 45% des entreprises crées cette année-là le sont par des femmes. Dix ans plus tôt, le nombre était à 39%. Mais lorsqu’on regarde dans le détail, l’écrasante majorité (72%) des entreprises est des microentreprises. Selon Anne Cornet, directrice régionale de BPIfrance, la diversité des secteurs reste encore faible.
Cette génération de femmes est plus sensible à l’entreprenariat. Mais beaucoup évoluent sur les secteurs de la santé, du « care », de l’enfance, du social. Des projets importants pour la région, mais pas les plus rémunérateurs.
Anne Cornet, directrice régionale en Centre-Val de Loire de BPIfrance
Si le constat est avéré, la région Centre-Val de Loire a aussi des atouts dans ces secteurs en particulier celui du cosmétique. En septembre dernier, Noémie Arnal cofondatrice de Greez, une jeune entreprise spécialisée dans l’anti-gaspillage des invendus de la cosmétique, s’est installée à Chartres (Eure-et-Loir), après avoir quitté le sud de la France. Là-bas, au cœur de la « Cosmetic Valley », et en quelques mois, son entreprise est rentrée en hyper-croissance. Nous sommes dans cette étape, où l’on doit lever des fonds, pour recruter du monde et faire pousser notre entreprise, rajoute-t-elle.
Chaque année l’industrie des cosmétiques détruit pour 180 millions d’euros de produits. Greez est une plateforme en ligne qui permet d’acheter jusqu’à -80, du stock invendu car mal étiqueté, un emballage écorné ou dépassé (spécial Noël par exemple). Malgré des diplômes d’ingénieur chimiste et d’études en cosmétique, et plusieurs succès professionnels en la matière, la route pour passer de salariée à cheffe d’entreprise ne s’est pas fait sans remarques. Notamment lorsqu’il a fallu obtenir un prêt bancaire.
J’étais avec mon associé devant le banquier, malgré ma présence, mes questions, le banquier s’adressait toujours à mon binome ! J’étais complètement ignorée. Evidemment, nous n’avons pas choisi cette banque !
Noémie Arnal, co-fondatrice de Greez
Lancée en septembre 2023, l’entreprise compte aujourd’hui plus de 3000 clients. Si le nombre d’entrepreneuses progresse, seules 3% d’entre elles réussissent à lever des fonds pour développer leur entreprise et changer de dimension.