Déserts médicaux : la situation "s'aggrave de plus en plus vite" en Centre-Val de Loire

Généralistes, mais aussi spécialistes, les médecins manquent dans la région. Une étude de l'association des maires ruraux de France dénonce une situation en dégradation, d'après le chercheur Emmanuel Vigneron.

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A Châteauroux, impossible de trouver un pédiatre libéral. A Bourges, il manque plus de la moitié des effectifs nécessaires pour les services d'anesthésie et de réanimation. A Blois, difficile de trouver un cardiologue. Selon une étude publiée ce 30 septembre par l'Association des maires ruraux de France (AMRF), il manque des médecins dans tous les départements du Centre-Val de Loire.

La Touraine sauvée par son université

Enfin, presque tous. L'Indre-et-Loire est relativement épargnée par la désertification médicale. Seule discipline en peine en Touraine, la gynécologie, qui est en déficit de 15%. Bien loin de ce qu'il manque ailleurs. Les douze spécialités les plus importantes dans le quotidien d'un patient ont été évaluées.

Qu'est ce qui rend le 37 différent ? Son université de médecine, explique Emmanuel Vigneron, chercheur en géographie responsable de l'étude : "C'est un vecteur d'attractivité important, non seulement parce qu'il y a des étudiants qui sont formés, mais aussi parce que les professeurs sont praticiens." Des noms parfois reconnus, qui donnent une base de spécialistes compétents, et poussent d'autres à s'installer.

La fac de médecine d'Orléans comme indicateur positif

"Tours est une grande ville qui fait aspirateur et déprime les alentours" insiste le chercheur. La ville étant attractive, elle concentre la majeur partie des volontés d'installation. A Orléans, l'ouverture de la faculté de médecine devrait insuffler une nouvelle dynamique, puisque le Centre Hospitalier Régional devient ainsi Centre Hospitalier Universitaire. Jusqu'ici, il était l'un des seul à ne pas avoir cette compétence. Cent ans en arrière, il n'y avait que trois facultés de médecine en France, aujourd'hui, il y en a trente. 

Le spécialiste en géographie et questions sanitaires n'est pourtant pas très optimiste : "la situation n'est pas enthousiasmante, il est de plus en plus difficile de s'installer". Le manque de médecins, généralistes ou spécialisés amène les possibles candidats à douter : "Ils ont peur que tout repose sur eux et ne viennent pas".

Le cercle vicieux commence et s'aggrave d'année en année : "Ça s'étouffe, comme à la fin d'une symphonie". Nationalement, il manque 6 000 généralistes en zone rurale pour permettre d'atteindre 1 médecin pour 1 000 habitants. Là où chaque praticien couvre un périmètre de 30km², contre 5km² en milieu urbain.

La liberté d'installation à revoir ? 

"Maintenant, il faut que le législateur réfléchisse" souhaite Emmanuel Vigneron "on ne peut plus vivre sur les restes des trente glorieuses et poser des rustines sur ce qui ne va pas en espérant que ça passe, aujourd'hui on est au pied du mur".

Dans son viseur, la liberté d'installation, règle qui doit permettre aux médecins de choisir leur lieu d'exercice : "la liberté des uns s'arrête où commence celle des autres" rappelle le sexagénaire. "Il n'y a pas de raison que le droit d'avoir accès aux soins soit moins important que le droit des médecins de s'installer". Une idée contre laquelle se battent déjà les représentants des "jeunes et futurs médecins". 

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