Dissolution de l'Assemblée : "L'extrême-droite n'est plus aux portes du pouvoir, elle a d’ores et déjà mis un pied dans la porte"

Au lendemain des élections européennes, le Centre-Val de Loire, comme toute la France, est repeint en bleu sombre. Seules une vingtaine de communes, sur plus de 1750, ont échappé au raz de marée du Rassemblement National. Cette victoire historique du RN, couplée à l'annonce présidentielle de la dissolution de l'Assemblée Nationale, est largement commentée par la classe politique en Centre-Val de Loire.

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D’abord le clan de la victoire. Au RN, on a déjà rangé les flûtes à champagne et ressorti l’attirail de campagne.

L’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale n’a pas pris de court les représentants du Rassemblement National.

On se préparait depuis plusieurs mois à cette éventualité. La direction du parti a préparé un « Plan Matignon ». On avait anticipé et on est prêts. D’ailleurs, dès ce matin, des militants sont passés récupérer des affiches et de la colle pour commencer la nouvelle campagne électorale. On sent un vrai enthousiasme, on nous appelle pour nous proposer de l’aide. Dans le Loiret on a deux députés, on va les garder et on peut même viser le grand chelem, la victoire dans les 6 circonscriptions.  

Anthony Zeller, Délégué Départemental RN Loiret

Le département où le RN fait son meilleur score en Centre-Val de Loire est l'Indre. 40,08% des suffrages exprimés, 33 924 voix, 12% de plus qu'au précédent scrutin. Sur les réseaux sociaux ou dans les discussions de comptoir, bien des commentaires font état d'une percée à mettre en rapport avec les faits divers des dernières semaines. 

À Châteauroux, la mort du jeune Matisse, un adolescent de 15 ans tué à l'arme blanche le 27 avril, a effectivement provoqué de la colère et des tentatives de récupération politique.

Pour autant, les chiffres du RN à Châteauroux, 33,08% des suffrages exprimés, sont loin des plébiscites enregistrés dans certaines communes rurales du Berry.

Dans ma ville il n'y a pas eu de surplus par rapport à la moyenne nationale du RN. Cependant le message est clair et les castelroussins demandent aussi plus de sécurité et un contrôle de l'immigration. Très honnêtement, avec ces résultats là il fallait dissoudre car on a eu une campagne des Européennes qui n'a fait qu'évoquer les problématiques françaises. Maintenant il faut se mettre en ordre de bataille, faire entendre une voix différente sur la sécurité, l'immigration et la réindustrialisation.

Gil Averous, maire de Châteauroux (Divers droite)

"Dès ce lundi soir, on va en discuter avec le député de ma circonscription (1ère de l'Indre), François Jolivet (Horizons) pour savoir s'il veut repartir en campagne. Si ce n'est pas le cas, je ne m'interdis pas d'être candidat, mais ce n'est pas le sujet principal du jour", a affirmé le maire divers droite de Châteauroux.

Se mettre en ordre de marche et accepter le futur verdict des urnes, c'est déjà la posture adoptée par les ministres issus de notre région.

C'est notamment le cas de l'ancien maire de Marchenoir (Loir-et-Cher) et actuel ministre de l'agriculture, Marc Fesneau. Pas de commentaire sur le score du RN, pour lui seul le résultat de l'élection législative anticipée compte désormais.

 

Le seul département à résister au RN est l'Indre-et-Loire. La liste de Jordan Bardella y obtient 28,45% des suffrages, sous la barre nationale de 31,37%. La Fédération Départementale du Parti Socialiste y voit un motif d'espoir, sans obérer le risque d'un prochain gouvernement dirigé par le Rassemblement National.

Nous ne pouvons que nous inquiéter du résultat de l'extrême droite. En totalisant environ 37% des voix, et avec la dissolution qui vient d’être prononcée, elle n'est plus simplement aux portes du pouvoir, elle a d’ores et déjà mis un pied dans la porte.

Franck Gagnaire, Secrétaire Fédéral du Parti Socialiste d'Indre-et-Loire

"À 15%, les libéraux ne sont plus en mesure de pouvoir lui faire barrage. En totalisant plus de 30% des voix, seule la gauche peut aujourd’hui représenter une alternative. L’alternative à l’inéluctable, c’est une gauche rassemblée dans la clarté et la fraternité. Construire une coalition qui fonctionne de manière démocratique pour porter la justice sociale et écologique est maintenant un impératif. Le PS qui rassemble ce soir près de 15% des voix avec Place publique - bien davantage que ce qui était annoncé en début de campagne - a la responsabilité de s’engager dans cette construction. À Tours où nous arrivons vraisemblablement en tête (Glucksmann 19,5%, Bardella 17,88%) j’y veillerai particulièrement" conclut le secrétaire général du PS de la Touraine. 

Reste à déterminer les conditions de l'alliance à gauche dans un contexte post-européennes requinquant pour le PS, encourageant pour LFI et déçevant pour les écologistes.

Le député EELV de la première circonscription d'Indre-et-Loire, Charles Fournier, regrette le vent contraire aux écologistes à travers toute l'Europe, mais espère que la future alliance de gauche n'oubliera pas le travail de terrain opéré par les verts ces dernières années.

Je souhaite une union de la gauche, seule force capable de battre le RN, mais cette union ne doit pas être uniquement basée sur les résultats électoraux de ce dimanche. Je pense qu'il faut respecter les sortants. Je suis candidat pour poursuivre l'action de toute la gauche, car j'ai démontré, sur le terrain, que j'étais de tous les combats de gauche. Toutefois je saurai privilégier l'union si un accord m'est contraire.

Charles Fournier, Député EELV d'Indre-et-Loire

Désormais le sprint est lancé.

Rendez-vous dans les urnes les dimanche 30 juin et 7 juillet.

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