Dix robiniers, âgés de plusieurs dizaines d'années, ont été abattus dans la nuit du 1er au 2 octobre par la mairie de Chartres, ce qui met fin à un nouveau bras de fer avec ses opposants, écologistes et amoureux du patrimoine.
De la colère, de la déception, mais pas de surprise ce 2 octobre à Chartres pour les élus et militants écologistes de Chartres, engagés dans la sauvegarde d'une rangée d'arbre à l'angle de la cathédrale."On avait les plus grandes craintes" les jours précédents, explique Jean-François Bridet, conseiller municipal et vice-président du conseil régional de Centre-Val de Loire, "car d'un seul coup la zone a été close par les services municipaux".
Aussitôt, les membres de l'Association de défense de l'environnement de l'agglomération chartraine (ADEAC) décident d'organiser une veille de ces dix robiniers plantés il y a plusieurs dizaines d'années devant le Café bleu. Ils auraient dû se retrouver à 6h du matin, mais entre 3 et 5h du matin, une riveraine les appelle : les tronçonneuses ont déjà commencé leur œuvre. "C'était déjà trop tard pour faire quoi que ce soit."
"Violence et lâcheté"
"C'est écœurant de voir qu'on fait ça très tôt le matin pour qu'on ne puisse pas s'y opposer", regrette Patrick Chenevrel, président de l'ADEAC. Un recours gracieux, et non suspensif, avait été déposé auprès de la préfecture, mais on ne saura donc jamais s'il aurait abouti. Pour lui, intervenir de cette manière avant le lever du jour, la même méthode qui avait été appliquée aux marronniers centenaires du boulevard de la Courtille, vise à mettre l'opposition devant le fait accompli.
De fait, sur la forme, l'opération a choqué les opposants du projet. "Intervenir en pleine nuit, comme on signe un forfait, c'est la preuve de l'incapacité de la mairie à assumer ce choix au grand jour", assène Jean-François Bridet. "Ce qui est patent, c'est la violence et la lâcheté avec laquelle les choses se font. la discussion est très difficile. C'est une épreuve de force, dans laquelle nous n'avons pas les mêmes armes."
Le projet d'aménagement du cloître Notre-Dame, autour de la cathédrale, prévoit un dallage, qui nécessitait semble-t-il l'abattage de ces robiniers. Un "revêtement clair, minéral, triste", juge Patrick Chenevrel. "Par rapport au joyau qu'est la cathédrale c'est une vraie catastrophe." En outre, conserver les arbres des centres-villes est "nécessaire à l'adaptation au changement climatique" rappelle Jean-François Bridet.
On essaie de se battre, et ceux qui en font les frais, outre la biodiversité au sens large, ce sont les générations futures à qui on va léguer un désert de béton
Jean-François Bridet, conseiller municipal "Chartres écologie"
Enfin, pour l'écologiste, ce projet d'aménagement "dévalorise l'immobilier du quartier, qu'il s'agisse des commerces qui profitaient de ce coin d'ombre, ou des logements qui perdent une vue avec de la verdure".
Quelles suites ?
Si un rassemblement citoyen est prévu ce 2 octobre à 19h, les différentes associations et collectifs constitués autour des bras de fer liés à l'abattage d'arbres à Chartres sont encore dans l'expectative. "Ce n'est qu'un épisode", estime Jean-François Bridet. "Qu'on qu'on fasse, ça ne fera pas repousser ces arbres. Mais on peut se battre pour que d'autres soient plantés ailleurs, et pour faire évoluer ce projet à la marge afin qu'il ne soit pas totalement minéral."
L'affaire des marronniers "a mobilisé, rassemblé des gens qui ne se connaissaient pas", indique, sur une note positive, Patrick Chenevrel. Comme un contrecoup des abattages, des collectifs comme "Les Trois Marroniers" ou l'ADEAC ont fleuri pour contester les projets d'aménagement qu'ils jugent nocifs. Impossible cependant de juger la robustesse de ces organisations, du moins jusqu'au prochain bras de fer.
Jointe par France 3 ce 2 octobre pour confirmer et commenter ces informations, la mairie de Chartres n'a quant à elle pas donné suite à nos sollicitations.