La députée LREM d'Indre-et-Loire, Fabienne Colboc, revient sur le rapport de la commission d'enquête en charge de mesurer et de prévenir les effets de la crise du Covid-19 sur les enfants et la jeunesse. Un rapport publié le 16 décembre dernier.
Chômage, précarité, dépression, décrochage scolaire, solitude... La crise du Covid-19 a plongé la jeunesse dans une détresse, physique comme psychologique, dont l'ampleur n'est pas encore mesurable dans son ensemble. Un sujet difficile dont s'est emparé l'Assemblée nationale. "Sans panique ni déni, il nous faut prendre le parti des jeunes", écrit la députée LREM Sandrine Mörch dans l'avant-propos du rapport de la commission d'enquête "pour mesurer et prévenir les effets de la crise du Covid-19 sur les enfants et la jeunesse".
Après quatre mois et 80 heures d'auditions, le rapport de commission d’enquête est voté le 16 décembre 2020 et contient 80 propositions, afin de préserver la jeunesse "dans la perspective d’une nouvelle crise, de quelque nature qu’elle soit". France 3 Centre-Val de Loire a posé trois questions à Fabienne Colboc, députée LREM de la 4e circonscription d'Indre-et-Loire et secrétaire de la commission d'enquête.
Comment s'est déroulé le travail de la commission d'enquête ?
Pour savoir ce qu'il fallait mettre en place, nous avons réalisé des dizaines d'auditions et de tables rondes, aussi bien avec du personnel de santé, avec des syndicats étudiants ou des associations accompagnant des personnes en situation de handicap. Nous avons balayé tous les acteurs en lien avec la jeunesse pour entendre leur point de vue.
Nous avons vu de belles choses, des élans de solidarité, des jeunes qui se sont engagés pour aider les plus fragiles, comme les personnes âgées isolées. Mais nous avons vu aussi les conséquences de la crise du Covid-19 : au niveau de la santé et du manque d'accès au soin, des violences intrafamiliales, des problèmes d'alimentation, de la fracture numérique... Il y a beaucoup d'angoisse.
La santé mentale des enfants et des jeunes tient d'ailleurs une place centrale dans ce rapport. La commission souligne le fait qu'il manque cruellement de pédopsychiatres et de psychologues en France...
C'est un problème qui date depuis très longtemps, peut-être 30 ou 40 ans, et auquel on essaie de remédier, surtout auprès des jeunes. Il faut les aider à remonter la pente, et les psychiatres et psychologues sont au coeur de cette démarche-là. Ils ont d'ailleurs mis en exergue que cette crise inédite avait révélé de nouveaux traumatismes, notamment une peur de la mort pour soi et ses proches, mais qui peuvent être aussi liés à des violences à la maison.
Pour y remédier, il faut chercher ces jeunes, travailler avec eux et des structures d'accompagnement. Faire appel aux associations, comme l'Espace santé jeune ou la Maison des ados à Tours. Mais il faut surtout créer un parcours de santé du jeune, physique et mental : il faut que les enfants comme les jeunes rencontrent obligatoirement du personnel de santé, à l'école, comme dans toutes les étapes de leur vie. Car, en grandissant, on ne va plus forcément voir le médecin, car on n'a pas l'habitude d'y aller, ou on ne se rend pas compte que l'on est malade. Il faut avoir un suivi.
Que reste-t-il à faire selon vous ?
Avoir un accompagnement sur la durée. Pour pouvoir prévenir des difficultés dans le temps, qu'il n'y ait pas d'angle mort. Dans le secteur de l'enfance, on retrouve plusieurs politiques publiques (comme l'ASE, Aide sociale à l'enfance), qui n'ont parfois rien à voir les unes avec les autres. Il faudrait regrouper toutes ces informations et arrêter de travailler en silo. Nous voulons d'ailleurs créer une délégation aux droits de l’enfant et à la jeunesse à l’Assemblée nationale, à l'image de celle pour le droit des femmes. Elle pourrait concentrer les informations, et avoir une vision globale de la jeunesse.
Je veux aussi me battre pour la création d'un Observatoire régional de la jeunesse en Centre-Val de Loire. Ressemblant à l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire de Bretagne, il permettrait de voir sur le terrain le travail qui est fait pour la jeunesse, avoir des relations privilégiées avec les services de l’état ou encore les associations, et de faire un constat sur l'état des jeunes dans la région.