C'est l'une des mauvaises nouvelles de ce début d'année 2024. Les prix des mutuelles ont fortement augmenté. En moyenne, près de 10 %, selon UFC-Que Choisir. Pour aider leurs administrés, des communes se lancent dans les complémentaires santé, en servant d'intermédiaire avec les professionnels.
Depuis le 1er janvier 2022, les habitants de Dreux en Eure-et-Loir peuvent souscrire une complémentaire santé en passant par leur mairie. Pour la municipalité LR, il y a trop de personnes qui ne se soignent plus. "Aux urgences, on a des gens dans des situations graves parce qu’ils n’avaient pas fait leur accès aux soins depuis longtemps ou qu’ils renonçaient", raconte Christine Ricard. L'adjointe au maire en charge de la santé prend un autre exemple. "Les appareils auditifs ou dentaires ont des restes à charge trop élevés pour certaines ressources".
Depuis 2019, la Mutuelle familiale observe le mouvement se développer. Elle a signé une convention avec 340 communes dont deux en Centre-Val de Loire. Elle travaille avec la région Île-de-France. Et elle pourrait bien collaborer avec la région Auvergne-Rhône-Alpes. Elle a répondu à un appel d'offres."La problématique d’accessibilité à la santé touche toutes les communes", explique Alexis Carrier, son directeur marketing et développement.
Plus des deux tiers des clients sont des seniors
Les critères pour prendre une complémentaire sont très larges. Il faut habiter dans la commune en question. Et parfois, y travailler suffit. Il n’y a pas de questionnaire de santé, pas de limite d’âge. Les demandeurs d’emploi, les étudiants, les intérimaires ou encore les apprentis sont concernés. Mais il y a surtout des retraités. À Dreux, la moyenne d’âge est de 66 ans. Selon la Mutuelle familiale, 70 % des clients sont des seniors. Les actifs bénéficient de leur mutuelle via leurs entreprises.
Ce type de contrat est tellement large que le Département du Loiret ne peut plus le proposer, suite à une recommandation de la Chambre régionale des comptes. De 2017 à 2023, la collectivité proposait Loiret santé, "une complémentaire à prix attractifs, en partenariat avec l’association d’assurés Actiom". Mais elle ne pouvait pas "mesurer si son offre répondait aux attentes des personnes éprouvant des difficultés à obtenir une complémentaire". L'initiative a donc pris fin.
Des prix plus bas
À Dreux, en 2022, 86 personnes ont souscrit à la mutuelle municipale. Elles étaient 118 en 2023. Et pour le seul mois de janvier 2024, 26 clients ont signé un contrat. La tendance doit-elle être analysée au regard de l’augmentation des prix des mutuelles ? Selon UFC-Que Choisir, la complémentaire santé va augmenter "de l'ordre de 10 %" en 2024. "Les complémentaires santé sont de plus en plus chères. Négocier au nom de la collectivité, ça permet d’avoir des tarifs négociés", explique Thierry Charpentier, le maire de Saint-Jean-le-Blanc (Loiret) qui avait fait de la mutuelle communale une promesse de campagne. En moyenne, les tarifs sont de 10 à 20 % moins chers que les contrats individuels. "Ça sera à nous d’être vigilant pour que les bonnes conditions soient maintenues", prévient l'élu.
À Dreux, on évalue les économies de 300 à 1 000 euros par an en fonction du contrat, qui est personnalisé pour s’adapter aux besoins du client. "Ça génère des rendez-vous où les gens regardent si ce qu'ils ont, correspond toujours à leurs besoins", positivise Danielle Dupré-Ségot, maire du Poinçonnet (Indre). Sa ville propose ce service depuis 7 ans avec Axa. "On peut payer des complémentaires de soins très chères alors qu’on n’utilisera pas les garanties".
Quid des hausses des prix ? Selon la Mutuelle Familiale, elles sont limitées. Avant 2024, "on n’a pas augmenté nos tarifs pendant 3 ans", rappelle Alexis Carrier. "En 2024, on a eu une augmentation de 5 %, mutuelle de communes exclues quand le marché pratiquait entre + 8 % et + 12%. Pour les mutuelles de commune, on est plutôt stable. Parfois, on a des clauses de non-augmentation sur les premières années".