Chinon, Dreux, Orléans, Bourges... Dans les hôpitaux de la région Centre-Val de Loire comme ailleurs en France, les arrêts maladie s'accumulent et les grèves s'enchaînent. Les hôpitaux de petites villes sont dans une "situation très inquiétante" à l'approche de l'été alertent des élus. La nouvelle ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, a promis de réagir.
Dans un article datant du 4 mai 2022, France 3 faisait état de l'inquiétude des personnels soignants pour l'été dans les hôpitaux du Centre-Val de Loire.
"Dès janvier, on nous a annoncé qu'il n'y aurait pas de remplacement dans le service des urgences cet été", à Vierzon, nous expliquait Marivonne Roux il y a quelques semaines. Cette déléguée syndicale Force Ouvrière était inquiète pour les conditions de travail de ses collègues. Pour pouvoir avoir les semaines de vacances prévues, les agents pourraient passer à des gardes de douze heures ! A Bourges, le prix pour quinze jours, maximum trois semaines de repos c'est : "d'enchaîner trois week-ends d'affilé" avant de partir ou après être rentré. "Certains vont travailler le week-end avant de partir en vacances, ou partent en milieu de semaine" nous décrivait Armelle Paris, infirmière et secrétaire générale CGT au centre hospitalier Jacques-Coeur à Bourges (Cher).
La ministre de la santé interpellée
Devant cette situation partagée dans plusieurs établissements de petites villes ou villes moyennes, l'Association des petites villes de France (APVF) a interpellé mercredi 25 mai la nouvelle ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, sur la "situation très inquiétante des services d'urgence dans les hôpitaux".
"Celle-ci est particulièrement grave dans un certain nombre d'établissements hospitaliers de petites villes qui voient leur fonctionnement se dégrader du fait du manque d'effectifs", écrit dans un communiqué l'association d'élus, présidée par Christophe Bouillon, maire de Barentin (Seine-Maritime).
L'APVF cite les hôpitaux de Sarlat (Dordogne), Jonzac (Charente-Maritime), Sainte-Foy-la-Grande (Gironde), Guingamp (Côtes-d'Armor) ou Chinon (Indre-et-Loire), "où l'activité est carrément suspendue".
Mercredi, Brigitte Bourguignon a promis de la "concertation" avec les soignants avant de prendre des mesures "pour faire face à l'été" et répondre à la pénurie de personnels.
Selon l'association Samu-Urgences de France, au moins 120 hôpitaux font face à de graves difficultés de fonctionnement. Plus de la moitié ont dû se résoudre à une fermeture, le plus souvent partielle, de leurs urgences, en raison du manque de personnel.
Une dizaine ont dû avoir recours à des délestages, c'est-à-dire renvoyer les malades vers d'autres sites.
"Notre système hospitalier (...) souffre depuis des années d'une gestion purement comptable et financière de notre système de santé au mépris des patients et de la qualité des soins", affirme l'APVF, voyant dans la saturation des urgences un effet de la "désertification médicale" qui frappe certains territoires.
"Sous peine d'une crise sanitaire très grave, ce problème doit désormais être pris à bras le corps par le Gouvernement et la nouvelle ministre. Des questions telles que l'obligation de la permanence de soins pour les médecins libéraux et la régulation de l'installation des médecins doivent être maintenant posées sans tabou", affirme-t-elle.