Les admissions aux urgences de Chinon sont suspendues jusqu'à nouvel ordre. 21 soignants sur 22 sont en arrêt maladie. L'équipe du SMUR, en revanche, fonctionne toujours pour les détresses vitales.
La crise de l'hôpital public continue à s'aggraver en France, où 112 services d'urgence ont déjà dû fermer ponctuellement, comme à Amboise ou à Bordeaux. D'autres on tout simplement leur activité sans savoir quand elle reprendra. C'est le cas à Orléans depuis la fin du mois de mars, et c'est désormais aussi le cas à Chinon, en Indre-et-Loire. A compter de ce mercredi 18 mai, à 8 heures, les urgences sont fermées. Seule reste une équipe du SMUR, à même de répondre aux détresses vitales.
Un hôpital privé de moyens
Cette fermeture a été annoncé après que 21 soignants sur 22 ont déclaré un arrêt de travail. "Si aujourd'hui on en est là, c'est parce qu'ils sont obligés de se protéger", explique à France 3 Alexandre Robert, du syndicat Force ouvrière. "Ils sont dans un état lamentable, c'est plus tenable. Il faut nous donner les moyens d'assurer notre mission."
En cause selon lui, une "politique comptable" qui prive l'hôpital de moyens, et les soignants de repos. Jusqu'à l'effondrement.
Samedi dernier, les collègues étaient en pleurs. On a dû faire travailler des étudiants aides-soignants, la situation était catastrophique. Aujourd'hui c'est encore pire : la direction supprime des postes
Alexandre Robert, Force Ouvrière
Jean-Luc Dupont, le maire LR de la commune, fustige lui aussi une "politique de santé faite à base de calcul et de pourcentage, sans tenir compte des besoins de la population". Une motion a été déposée au conseil de la communauté de communes Chinon Vienne et Loire pour porter le sujet devant l'ARS et le ministère de la Santé, mais "on n'est que très peu entendus, et jamais écoutés".
L'ARS plaide pour une meilleure organisation
Pourtant, du côté des institutions, on va plus volontiers chercher la solution du côté d'une meilleure organisation des services que de celui d'un financement qui n'arrive pas. "La clé, c'est de cesser de considérer les urgences comme un service de soin non programmé", expose le professeur Saïd Laribi, le chef du pôle inter-hospitalier des urgences d'Indre-et-Loire . "Il faut évoluer vers système où rendre urgences vrai rôle qui est de gérer une détresse vitale potentielle. Pour tous les autres, les patients doivent accepter d'être reprogrammés." Le département de l'Indre-et-Loire a d'ailleurs été le terrain d'expérimentation du Service d'accès au soin, instauré par l'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn en 2019... sans pour autant parvenir à désengorger les urgences.
"Il n'y a pas de solution simple, sinon ça se saurait", abonde Laurent Habert, le directeur de l'ARS du Centre-Val de Loire. "L'ARS travaille avec Chinon pour résoudre les difficultés spécifiques à cet hôpital", poursuit-il, arguant que les cas d'Amboise, Chinon et Orléans sont "des situations différentes avec des solutions propres". De façon plus générale, "l'organisation de l'hôpital, la façon dont les établissements interagissent entre eux" doit être améliorée, ainsi que le recrutement, pour permettre d'attirer davantage les jeunes infirmiers en sortie d'école. Dans la capitale régionale en tout cas, les urgences sont restées fermées un mois et demi, et certains soignants sont toujours en grève.