"1200 euros par an pour chauffer 18m2" : en Indre-et-Loire, Christelle raconte "3 ans de froid, de pleurs, d’angoisse"

Alors que le gouvernement vient d’annoncer le gel des prix du gaz et de l’électricité après les hausses historiques des tarifs réglementés, pour les plus précaires, comme Christelle dont la maison n’est pas isolée, la facture est déjà beaucoup trop élevée.

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Il y a presque 3 ans, Christelle achète une petite maison à Veigné en Indre-et-Loire. Mais ce qui devait être un nouveau départ marque le début de l’enfer pour cette quinquagénaire. Elle découvre rapidement que la demeure est insalubre.  L’électricité n’est pas aux normes mais pire encore, la maison n’est pas du tout isolée. Et aucune pièce n’y échappe, pas même la chambre à coucher. "J’ai des radiateurs électriques, mais comme il y a zéro isolation et que sur le toit c’est de la taule, il fait très froid l’hiver."

Elle a donc trouvé refuge dans le petit atelier de 18 m2 qui jouxte sa maison, mais lui non plus n’est pas isolé. "Il me coute une fortune en chauffage",  1200 euros chaque année soit un mois de salaire pour Christelle. "Je chauffe pour rien. Je chauffe pour dehors. Je peux passer ma main sous la porte et comme ça a été mal fait, on ne peut pas enlever la porte pour la changer (..) Et quand il pleut l’eau remonte dans la maison."

Un mois de salaire par an pour chauffer 18m2

Depuis trois ans, cette maman divorcée, travailleuse à mi-temps pour raisons de santé, a dû se résoudre à confier son chien à son ex-mari, craignant pour la santé de l’animal. Plus difficile encore, elle a renoncé à avoir une vie sociale et même à accueillir son fils de 26 ans chez elle.  "C’est compliqué de vivre dans 18m2. Je ne peux pas recevoir de famille, je ne peux pas recevoir d’amis. Je tiens le coup mais c’est compliqué."

Alors pour tenter de s’en sortir, elle a fait appel à l’association Soliha (solidaires pour l’habitat) d’Indre-et-Loire, qui aide les personnes les plus précaires à se maintenir dans leur logement. Un technicien en habitat insalubre s’est donc rendu chez elle pour dresser un diagnostic et lui a proposé une solution. Il s’agit, dans un premier temps, de rendre le rez-de-chaussée habitable. "Tous les murs périphériques seront isolés ainsi que la surface du plancher haut", explique Bertrand Lehoux, qui estime à 66 000 euros le coût des travaux dont 60% proviendront d’aides. "On constate que bien souvent, il y a une méconnaissance des aides financières", déplore Amélie Desgourdes, la directrice de Soliah.

Il y en a tellement que le particulier ne se retrouve pas dans les aides. Le mieux, c’est donc vraiment de faire appel à une association pour avoir un conseil neutre et non commercial.

Amélie Desgourdes - Directrice de Soliah

En Indre-et-Loire, l’association a aidé à rénover 370 logements l’an dernier pour un montant de 9 millions d’euros dont 6,5 millions d’aides. Des chiffres révélateurs du nombre grandissant de passoires thermiques, directement lié à la dégradation des logements des années 50 à 80. "Bien souvent, on entend parler de "MaPrimeRénov’" ou de divers dispositifs à 1 euro. Il ne faut pas y aller bille en tête. Si on part sur l’idée de seulement rénover ses fenêtres, ça n’isolera pas son logement. Il faut vraiment partir sur une rénovation plus globale et en plus vous aurez plus d’aides."

"Ce que j’ai vécu, je ne le souhaite pas à mon pire ennemi."

Chez Christelle, les travaux vont bientôt débuter. Elle ira vivre quelques temps chez ses parents en attendant qu’ils soient terminés. Après  "trois ans de froid, de pleurs, d’angoisse", elle ne peut cacher son émotion. En larmes, elle réalise à peine qu’elle va "enfin pouvoir tourner la page définitivement et arrêter de souffrir." "J’ai tenu le coup pour mon fils, parce que je vous jure sur ma tête, mon fils ne serait pas là, je ne serais plus là non plus. Ce que j’ai vécu, je ne le souhaite pas à mon pire ennemi." 

En Centre-Val de Loire, on estime à 300 000 le nombre de ménages vivant dans des habitats mal ou non-isolés. Selon la Fondation Abbé Pierre, 4,8 millions de foyers seraient des passoires thermiques en France. Dans un même temps, les tarifs du gaz ont grimpé de 60% en un an. La nouvelle hausse de 12,6%  prévue en octobre devrait être la dernière jusqu’au printemps 2022 après que Jean Castex ait annoncé le gel des prix.

 

 

 

 

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