Cette année, nous fêterons Pâques confinés. Pas de week-end familial, pas de repas chez les grands-parents, pas de chasse aux oeufs entre cousins dans un parc. Un coup dur pour les chocolatiers.
C'est la période de l'année à ne pas rater pour tous les chocolatiers français. Selon la Confédération des Chocolatiers et Confiseurs de France, les fêtes de Pâques représentent entre 25% et 30% du chiffre d'affaire annuel de la profession.
"Pour cette année, on s'attend à faire seulement 70% du chiffre de l'année dernière. Les chocolatiers vont perdre autour de 30% ! C'est énorme" déplore Sylvie Collin, secrétaire générale de la confédération.
Un manque à gagner, certes, mais aussi toute une partie de la production qui restera invendue. Depuis plusieurs semaines, partout dans la région, les amateurs de chocolat se font rares en boutiques, même à l'approche de Pâques.Pâques, c'est 28% de mon chiffre annuel. Cette année, si je fais 2%, je serai content, regrette Max Vauché, chocolatier à Bracieux.
"Aujourd'hui, notre usine de production est presque à l'arrêt. J'ouvre la boutique uniquement le samedi, alors que normalement c'est ouvert sept jours sur sept" déplore Alexandra Lavergne, présidente de la maison Mazet de Montargis.
Résultat : des lapins, des poules, des poissons, des cloches, ou autres œufs en chocolat qui se sentent bien seuls cette année. Et pour cause, tous les ans, le mois d'avril est si important que la production de chocolat commence en mars, bien avant Pâques. Des douceurs qui restent aujourd'hui sur les étals.
"Nous avons décidé d'en donner une partie, et sinon on fait de la refonte. C'est du chocolat que l'on fait fondre et que l'on façonnera autrement plus tard" explique Jérôme Alloin, co-gérant de la chocolaterie gourmande à Amboise.
Certains chocolatiers peuvent se permettre, eux, de calquer leur production sur la demande. C'est notamment le cas des artisans plus modestes, à flux tendu.
Les chocolatiers plus développés, comme la Maison Mercier à Baugy ou Max Vauché à Bracieux, accusent le coup. Leur production est telle que les stocks de Pâques sont colossaux. Alors, pour tenter de vendre la marchandise, il faut innover.Pour les fêtes, on fait une tonne de chocolat en général, et là on n'a produit que 300 kg. Heureusement que tout n'était pas déjà transformé se console Jean-Michel Cailleaux, gérant de l'Esprit Cakao à Tours.
"On a d'abord divisé par deux les prix de nos produits de Pâques. On a ensuite créé un drive à Bourges avec une vendeuse qui conseille directement le client au téléphone, avant qu'il ne passe récupérer sa commande en voiture" précise Daniel Mercier, gérant de la biscuiterie-chocolaterie Mercier à Baugy.
Les chocolateries ont l'autorisation de rester ouvertes malgré le confinement. Par conséquent, les artisans ont, tous, organisé leurs boutiques de façon à respecter les gestes barrières. Pour autant, les magasins sont désertés.
"J'avais espoir de me rattraper avec les produits que je vends en grande distribution. Mais même ceux-là sont boudés par les consommateurs" poursuit Max Vauché.
Seule lueur d'espoir pour limiter la casse : la vente en ligne. Un pari gagnant pour certains. L'achat sur Internet semble séduire le consommateur en période de confinement.
Nous sommes 83% des Français à consommer du chocolat au moins une fois par semaine. Selon la Confédération des Chocolatiers et Confiseurs de France, à Pâques, les chiffres donnent le tournis : plus de 15 000 tonnes de chocolat sont consommées en France à cette période.Hier on a fait autant de ventes en ligne que durant tout le mois de décembre se rassure Daniel Mercier, qui planche déjà sur le futur, et tente de trouver des solutions pour reconquérir le client après la crise. On va aller sur un maximum d'ingrédients bio et développer encore davantage les circuits courts.