Elle ne figure pas dans les innombrables classements des villes où il fait bon vivre, sans aucun doute parce qu’elle n’est pas assez connue. Mais Chambray-lès-Tours pourrait -devrait- y faire partie au vu de toutes les initiatives qu’elle met en place.
Il y a d’abord eu les cantines 100% bio.
Aujourd’hui, cela vous semble peut-être ordinaire, mais il y a 2 ans, c’était innovant. Chambray-lès-Tours était alors la première à proposer ces menus en Indre et Loire.
Il faut se l’avouer, tout cela à un coût : environ 8€ par repas. Mais pas question de faire payer la facture aux familles (il reste toujours entre 2,35 et 3,05€ selon le quotient familial).
La ville de Chambray a donc réfléchi.
Pourquoi ne pas créer une cuisine centrale ?
C’est désormais chose faite. Cette grande cuisine ultramoderne (et 100% bio bien sûr) hébergera même une légumerie, de manière à transformer directement le produit issu du champ vers l’assiette. On ne peut pas faire plus court en terme de circuit !
Le rêve devient donc une réalité dès septembre prochain, pour alimenter les 6 écoles, les 4 crèches chambraisiennes et un centre de loisirs comme aujourd’hui, soit plus de 1 200 menus chaque jour (contre 850 actuellement).
Le tout pour la modique somme de 2 millions d’euros. Les actuelles cuisines deviendront bientôt des satellites, où faire réchauffer les bons plats.
Ce projet fait partie d’une réflexion globale de modernisation des cantines scolaires, qui s'apparente à une révolution.
Une révolution
Elle est écologique, alimentaire, environnementale, sociale et même responsable
Car pour les réaliser ces menus 100% bio, dans cette cuisine centrale, il faut pouvoir s’approvisionner chez les agriculteurs de la région, et c’est là que la ville intervient.
Chambray a décidé de réquisitionner un terrain de 2 hectares dans le quartier de la Fontaine Blanche pour y faire … une ferme maraichère et pédagogique bio !
« C’est un projet ambitieux, osé, voir même risqué ; on part de zéro, il faut tout créer ! On se mesure à quelque chose qui n’est pas évident mais j’y crois vraiment »
Yves Delcroix croit en ce projet. Le conseilleur municipal délégué à la transition écologique espère une première récolte à la fin de l’été 2021.
Du circuit extra court
« Cette parcelle est parfaitement adaptée, c’est une prairie depuis 25 ans, on aura donc rapidement la certification agriculture biologique pour permettre à un exploitant agricole de travailler dès le milieu du mois de janvier. En février il installe les serres, commence les semi et tout va aller très vite !
On ne va pas pouvoir fournir toute la restauration scolaire au début mais plus les années vont passer, plus nous serons en mesure de le faire"
Effectviement, difficile de faire plus local et plus bio que cela.
Un exploitant agricole, oui, mais qui ?
Ce qui est sûr, c’est que cet exploitant agricole sera embauché par la ville, un agent municipal donc, avec un contrat de projet. Mais pas de nom pour le moment puisque le recrutement est en cours, les candidatures sont d’ailleurs acceptées par la mairie de Chambray jusqu’au 18 décembre.
« Cette crise sanitaire nous a rappelé à l’ordre : la production la plus proche, la plus locale est la plus pertinente. Mais nous n’avons pas attendu le covid pour nous en rendre compte, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous réfléchissons a ce projet depuis 2018. Nous avons besoin de réintégrer des espaces agricoles au sein des métropoles, une autre forme d’agriculture prise en charge par les collectivités. Nous avons un rôle à jouer, et nous l’assumons pleinement ! »
Agroforesterie: est-ce l'avenir ?
A travers cette ferme maraichère, Chambray-lès-Tours assume donc un mode de conduite qui casse tous les concepts que l’on connaît de la monoculture. Ici, on parle d’agroforesterie.
« Nous allons diviser en deux cette terre : un hectare sera consacré à du maraîchage et sur le second nous allons plantés des arbres fruitiers associés à des arbustes champêtres»
L’agroforesterie, c'est en quelque sorte un chemin vers une agriculture durable, un moyen de lutte contre le réchauffement climatique et la destruction de la biodiversité.
Cette agriculture représente toutes les pratiques agricoles qui intègrent l’arbre dans un environnement de production tout en s’inspirant du modèle de la forêt.
"On a un rôle pédagogique sur cette ferme. Pour les écoles mais également pour le grand public. J'espère que ce grand projet et toutes les initiatives qui l'accompagnent pourront faire évoluer notre monde".
Avant de s'attaquer au monde, attaquons nous à nos villes. A l'image de Chambray-lès-Tours.
Stop au gaspi
Avec des telles initiatives, plus question de gaspiller les bons produits.
Tiens d’ailleurs, savez vous que les cantines de Chambray-lès-Tours gaspille moins que les moyennes des cantines françaises ?
Belle perf, mais ce n’est pas (encore) assez pour la ville qui a mis en place des « gâchimètres » ? Ce sont des balances qui pèsent les denrées jetées et les comparent ensuite au poids d’un animal de compagnie ou d’un objet. Histoire que les enfants réalisent leur gâchis et se prennent en quantité raisonnable la prochaine fois au self-service.