Le confinement et la crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19 n'ont fait qu'aggraver les difficultés financières structurelles de cet établissement, déjà déficitaire en 2019 (3 millions d'Euros). Le maire de Chinon, qui préside le Conseil de surveillance de l'hôpital, tire la sonnette d'alarme
On a besoin de moyens supplémentaires, il en va de la survie de l'hôpital!
Président du Conseil de surveillance de l'hôpital François Rabelais, Jean-Luc Dupont ne cache pas son inquiétude quant à l'avenir de cet établissement :
"Aujourd'hui, la perte de moyens, de recettes nous oblige à mobiliser des lignes de trésorerie pour être en capacité de payer le personnel. Il faut que l'Etat prenne la mesure des difficultés des hôpitaux et que des moyens nous soient alloués, par les Agences régionales de Santé ou directement par le ministère. On a besoin d'une aide et rapidement! Il en va de l'attractivité du territoire, un bassin de vie sans politique de santé forte, sans un centre hospitalier fort, c'est un territoire qui meurt..."
Pour l'exercice 2020, le déficit devrait s'élever à 7,3 M d'euros, plus de 10% du budget annuel de l'établissement, qui s'élève à 70 M d'Euros. La crise sanitaire n'est évidemment pas étrangère à cette situation.
La baisse d'activité liée au confinement et la suppression des interventions prévues pendant cette période représentent plus de 3,4 M d'Euros de pertes. Il faut y ajouter tous les surcoûts engendrés par cette crise (mise en place d'un protocole sanitaire, examens complémentaires, prime COVID pour le personnel, etc) soit 1,2 M d'euros de charges supplémentaires. Avec le déficit prévisionnel (plus de 2,5 M d'Euros), on atteint le chiffre annoncé de 7,3 M d'Euros.
La crise sanitaire n'est donc pas seule en cause dans les difficultés financières du centre hospitalier du Chinonais. Jean-Luc Dupont pointe du doigt la politique tarifaire (tarification à l'acte) :
"Il faut revoir la tarification à l'acte, qui est aujourd'hui désuète., c'est une fuite en avant dans la réduction des moyens. En 10 ans, notre hôpital a perdu 4 M de recettes, juste sur la tarification. On nous demande de faire des efforts partout, ça pèse forcément sur le personnel qui est mis à contribution. Dans notre établissement, le taux d'absentéisme est en train d'exploser."
Responsable syndical FO de l'hôpital François Rabelais, Alexandre Robert confirme que la situation est tendue pour les salariés de l'établissement :La politique faite depuis Paris et déclinée de la même façon sur tout le territoire ne correspond pas aux besoins de santé des secteurs ruraux comme le nôtre.
"Avec le CREF (contrat de retour à l'équilibre financier) la direction a supprimé l'équivalent de 10 emplois depuis le début de l'année et aujourd'hui, on est en difficulté pour travailler sereinement, pour prendre en charge correctement la population. On ne peut pas continuer à supprimer des postes sous prétexte qu'on est en déficit, il faut au contraire recruter, on a besoin de bras et de lits supplémentaires."