Pour combattre la réforme des retraites, les grévistes de la centrale nucléaire de Chinon retardent le débranchement d'une partie de l'édifice pour maintenance. Le but : bousculer le calendrier et faire perdre de l'argent à l'actionnaire majoritaire d'EDF, l'Etat.
C'est l'effet boule de neige. Pour cela, rien de plus simple, explique Nicolas Josset, délégué syndical CGT : "Il suffit de laisser branchée la tranche 1 de la centrale, alors qu'elle devrait être mise en sommeil." Cette partie de l'édifice représente un quart de la production totale d'électricité de la centrale nucléaire de Chinon.
Retarder un plan national de maintenance
Elle doit être stoppée depuis vendredi 3 février, pour 252 jours précisément. Un plan national de maintenance vise à prolonger la durée de vie des centrales de 10 ans. Et la minutie du planning a de l'importance : "tout est bien cadré" affirme Nicolas Josset.
Les interventions sont prévues sur des jours anticipés. Les techniciens doivent parfois se déplacer dans une autre ville dès le lendemain. Si bien que le moindre retard dans l'arrêt de cette "tranche" pourrait tout désorganiser.
Lutte contre la réforme des retraites
Une action contre le projet de loi de réforme des retraites, qui vise directement l'Etat : "à travers les dividendes qu'il perçoit" affirme Nicolas Josset. "Il est actionnaire largement majoritaire. En fait c'est notre patron."
Le blocage des centrales nucléaires en octobre 2022 menaçait l'approvisionnement en électricité "le gouvernement avait alors fait pression pour que la direction accède à nos demandes" se souvient le syndicaliste.
Samedi 4 février après-midi, la "tranche 1" n'était toujours pas mise en pause, et les troupes espèrent tenir au moins trois jours de plus. La seule limite sera la sûreté nucléaire : "Les grévistes sont responsables" rassure le délégué syndical.
Coûter de l'argent à l'Etat
Quelles conséquences alors pour cette action ? "Tout retard va coûter de l'argent à EDF, et donc par extension à l'Etat" explique Nicolas Josset. À terme, c'est aussi la production d'électricité de l'hiver prochain qui pourrait être touchée.
L'action est pleinement assumée : "le gouvernement doit comprendre qu'il n'a pas la majorité sur cette réforme". Il s'étonne de voir autant de ses collègues mobilisés : "Nous remplissons déjà des bus pour la prochaine date de manifestation nationale". Le 31 janvier, ils étaient plus de 70% des salariés estime-t-il.
Une assemblée générale prévue lundi 6 février doit donner le ton pour la suite. Nicolas Josset prévient déjà, si le projet n'est pas retiré, d'autres actions pourraient être déclenchées.