Réforme des retraites : pourquoi la fronde au centre menace de faire capoter le projet de loi

À quelques jours de l'entrée du débat à l'Assemblée nationale de la réforme des retraites, le texte fait grincer les dents chez certains députés de la majorité, en discordance avec le gouvernement.

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Tic-tac, tic-tac. L’heure de l’examen du texte en commission des Affaires sociales a sonné ce mercredi 1er février, sur les coups de 20 heures. Avec peu de temps, les 7 000 amendements déposés n’ont pas pu être étudiés malgré 28 heures de débat. Prochaine étape, la discussion qui se déroulera entre les quatre murs de l’hémicycle ce lundi 6 février.

Une réforme qui pourrait faire exploser le centre ?

Cette mesure est un agacement général pour certains membres du parti centriste. La foule dans les rues, lors des manifestations des 19 et 31 janvier 2023, devraient faire réagir le gouvernement, pour Richard Ramos, député MoDem de la 6e circonscription du Loiret. Il faut écouter les Français et faire avec eux, car ils ne nous croient plus, nous les politiques. Il faut construire avec eux, c'est avec eux qu'il faut faire la réforme", explique-t-il.

Pour lui, "les ministres et les têtes d’œuf de Bercy" considèrent les Français comme des enfants. "Quand vous allumez la télévision, vous entendez le mot "pédagogie" prononcé 50 fois. La pédagogie, c’est dire : j’ai raison et je vais expliquer à toi le con pourquoi j’ai raison", s'insurge Richard Ramos.

"Ça fait des mois que je dis qu’on est assis sur une poudrière sociale et que cette réforme des retraites, c’est la mèche qui peut la faire exploser. Il faut revoir cette réforme parce qu’elle n’est pas juste et non pas parce que nous avons peur de la rue"

Richard Ramos, député MoDem de la 6e circonscription du Loiret

Certains points ne réjouissent pas le député aux couleurs du MoDem et "ne votera pas ce texte en l'état actuel". Il se dit "toujours inquiet" sur cette réforme, notamment par rapport à l'âge de départ de 62 à 64 ans. S'il reconnaît que ce texte contient "des avancées, notamment avec la pension minimum à 1 200 euros brut", l'élu blésois pointe du doigt sur "des éléments très dangereux" de cette réforme.

En l'état, la réforme est "inacceptable"

À la droite du centre, pour Loïc Kervran, député Horizons dans le Cher, il faut protéger deux points pour garder l'équité du système de retraite actuel : la situation des carrières longues et des femmes ayant eu des enfants. "Dans l'état actuel du texte, quelqu'un qui commencerait à travailler l'âge de 18 ans devrait cotiser 44 ans. Alors que pour tous les autres, c'est 43 ans. À mon sens, c'est inacceptable", s'insurge le député de la 3e circonscription du Cher.

Sur la cotisation des femmes avec des enfants, le député souligne le positif de la donation allant jusqu'à huit trimestres.

En tout cas, si le report du texte doit se faire, les situations de carrières longues et des femmes qui ont des enfants ne doivent pas créer d'injustice

Loïc Kervran, député Horizons de la 3e circonscription du Cher

Le député qui ne se considère cependant pas comme un frondeur, déplore que "l'instauration de l'âge légal, on annule en quelque sorte les effets positifs de ces trimestres pour les mères avec des enfants."

Concernant l'âge du report de l'âge légal du départ à la retraite, pour le député, "cela peut s'entendre. Il faut que l'effort soit le même pour tout le monde. Cette réforme, aujourd'hui, pèse sur ceux qui ont commencé à travailler tôt". 

Pour autant, d'autres points du texte proposé par le gouvernement trouvent toujours les faveurs de Loïc Kervran. Notamment sur la retraite minimale à 1200 euros et la suppression de certains régimes spéciaux comme celui de la Banque de France. "Ce régime ne justifie plus d'une pénibilité particulière", précise le député.  

"Une majorité écrasante s'est montrée favorable au texte"

Fort de sa majorité relative, le parti présidentiel Renaissance affiche sa tranquillité face à l'opposition. Guillaume Kasbarian, député Renaissance de la première circonscription de l'Eure-et-Loir, votera le texte actuel de la réforme des retraites.

"En plus, une majorité écrasante de l'Assemblée s'est montrée favorable au texte. Elle est à l'aise avec cette réforme", pointe-t-il du doigt. 

On écoute la parole de la rue, mais aussi celle du programme, des économistes, des électeurs...

Guilaume Kasbran, Kasbarian, député Renaissance de la première circonscription de l'Eure-et-Loir

Concernant les amendements déposés par les différents députés de la majorité, Guillaume Kasbarian assure les regarder avec bienveillance. "Mais il faut que la somme totale des amendements respecte le budget des retraites", explique le député.

En fait de majorité écrasante, la réforme se heurtera à la fois à l'opposition de la gauche, de l'extrême-droite, et même d'une partie des Républicains. Si certains des alliés du gouvernement au centre faisaient défection à leur tour, il pourrait être beaucoup plus compliqué de faire passer le texte. L'un des enjeux du débat, pour Renaissance, sera donc de rassurer les récalcitrants. "Leur position n'est donc pas forcément définitive", assure-t-il.  

Quel est le calendrier pour cette réforme ?

À partir du 6 février, les échanges dans l'hémicycle commencent pour s'achever le 17 février à minuit précis pour que le texte prenne le chemin du Sénat le 26 février. Les sénateurs disposeront de 15 jours. 

Députés et sénateurs tenteront de se mettre d'accord en commission mixte paritaire. La chambre haute et basse devront valider le texte. Dans le cas contraire, retour à l'Assemblée qui aura le dernier mot. Les députés n'auront que vingt jours pour se prononcer sur le texte.

"Le moment de vérité sera en mars", témoigne Guillaume Kasbarian. Le gouvernement espère voir la réforme rentrer en vigueur le 1er septembre 2023. 

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