Il est l'un des principaux protagonistes du documentaire d'Hélène Médigue, "On a 20 ans pour changer le monde", projeté demain à Chinon. Rencontre avec Xavier Mathias, ancien maraîcher aujourd'hui formateur.
Tout changer, en commençant par ce qu'on a sous les pieds : notre terre. "On a 20 ans pour changer le monde", documentaire d'Hélène Médigue, sorti le 11 avril, s'offre une projection-débat à Chinon, ce mardi.
La douleur et l'espoir
A l'origine du film, quelques constats alarmants : un suicide d'agriculteur tous les deux jours, une production fruitière qui a baissé de 26% en quinze ans, des sols qui s'épuisent... Mais surtout une volonté de changer les choses, et d'y aller tous ensemble. Avec le sourire.
Sous l'oeil de la caméra, le dispositif Fermes d'avenir prend son envol. Il crée, soutient et accompagne des fermes qui fonctionnent en s'inspirant de la permaculture et de l'agroécologie. Une agriculture différente, respectueuse de son environnement.
Pour découvrir nos actions, profitez de votre dimanche pour aller voir "On a 20 ans pour changer le monde" au #cinéma ! Ce premier week-end est décisif pour garantir la longévité du film sur grand écran, on compte sur vous !! Toutes les salles ici > https://t.co/tZkgd6xAVm
— Fermes d'Avenir (@FermesdAvenir) 15 avril 2018
Parmi ceux qui seront présents pour cette projection : Xavier Mathias, l'un des protagonistes principaux de ce film. Ancien maraîcher, il se consacre désormais à la transmission : livres, articles, mais surtout sous forme de cours à l'école du Breuil, et chez Fermes d'avenir.
Il a atterri dans ce film presque par hasard. "Ma participation au film est à l'image de tout le reste : rien n'est truqué. Hélène a filmé l'une de mes rencontres avec Max (Maxime de Rostolan, fondateur de Fermes d'avenir, ndlr) et elle a décidé de me donner une place plus importante. En fait, c'est ma rencontre avec Max, il y a des années, qui a été déterminante."
Un film en forme d'avènement
Pourquoi avoir accepté ? Parce que Xavier Mathias a longtemps bataillé seul, avec se méthodes bio et écolo. "Max ne se rend pas compte, mais moi il y a vingt ans, je rasais les murs. Là, on vit cette expérience de se rendre compte que notre méthode est en train de devenir presque "mainstream", et c'est génial à vivre ! Mes prédécesseurs n'ont pas connu ce moment, je pense à des gens comme Victor Renaud, Claude Aubert qui ont dit pendant des années que ce système allait droit dans le mur. (...) 30 ans d'indifférence, ou plutôt même de moquerie."
Fils de viticulteur, en visite dans le Chinonais, il prend l'exemple de ce domaine, qui a compris avant les autres l'urgence de la situation. "Ils n'ont pas le choix, les vignes meurent." commente-t-il. Biodynamie, cultures biologiques, croisements génétiques : les viticulteurs réfléchissent depuis des années déjà à couper le cordon avec les pesticides.
Pour Xavier Mathias, "On a 20 ans pour changer le monde", c'est un film en forme d'encouragement. "Le vrai fond c'est : c'est possible, on peut y aller. Les gens qui viennent voir le film, ça leur fout la banane, ce n'est pas constat déprimant. Bon, il faut être lucide, mais l'autre constat c'est qu'on peut faire changer les choses, et sans se faire mal hein ! Ce qu'on propose c'est : si on y va tous - déjà, on va se marrer plus - et le seul risque qu'on prend, c'est que ça marche."
Tous, ce sont les agriculteurs, bien sûr, et les professionnels, mais aussi les consommateurs, invités à revoir leurs exigences.
Lumière, musique
C'est un documentaire, "pas un reportage", nous précise Xavier Mathias. Qu'on se le dise : l'image est léchée comme pas permis. On le sait dès ce plan d'ouverture, magnifique, dans la lumière orangée sur un champs dont on ne sait pas s'il est endormi ou mourant. Une étendue de terre qui nous ramène dans le vif du sujet.
Pour aller avec l'énergie de l'image et du propos, une musique qui est l'oeuvre de Chrisitan Olivier, chanteur des mythiques "Têtes raides", dont Xavier Mathias est un fan de la première heure.
Pour lui le film "gagne à être vu". "C'est pas tellement vingt ans pour changer le monde. C'est surtout : il n'y a pas une minute à perdre pour se changer soi. Le monde, j'y arriverai peut-être pas, et puis il est beau. Mais me changer moi, c'est jouable, et il faut le faire maintenant."