Face aux risques de coupures de courant cet hiver, le gestionnaire du réseau électrique, RTE, a mis en place l'application EcoWatt. En cas de surchauffe, elle émet une alerte rouge. Que se passera-t-il chez vous dans ce cas ?
Les températures chutent et notre consommation d'énergie, elle, augmente. Avec la guerre en Ukraine et un parc nucléaire français à la moitié de ses capacités, des tensions menacent de perturber le réseau électrique cet hiver. Le gestionnaire français d'énergie, RTE, considère même ce risque "élevé" pour le mois de janvier, avec comme conséquence la plus grave : des coupures de courant.
Afin de les éviter, RTE a donc mis en place un outil permettant de mieux réguler sa consommation, l’application EcoWatt. Elle se présente sous la forme d’une carte météo de l’électricité, qui peut passer au rouge lorsque le réseau est trop sollicité. Une fois le signal carmin déclenché, le pays à trois jours pour réussir à moduler ses dépenses énergétiques.
S’il n’y parvient pas, le courant sera arrêté dans certaines régions. "Mais la coupure est la dernière étape", indique la préfecture d’Indre-et-Loire, jointe par France 3. En effet, à partir de l’émission du signal rouge par EcoWatt, plusieurs étapes se succéderont, donnant lieu à différents scénarios. Que faire alors à chaque stade ? À défaut d’avoir de l’électricité, France 3 vous éclaire sur le sujet.
Appliquer les écogestes
Lorsque l’application aura émis l'alerte rouge, l’information sera relayée par de nombreux médias, tels que France Télévisions et Radio France. Il est recommandé d’activer les notifications EcoWatt afin d’être prévenu directement sur son téléphone. Dans le département d'Indre-et-Loire, par exemple, la préfecture explique que “le premier levier d’action pour moduler sa consommation est la sobriété énergétique". "Les écogestes sont très importants et ont un véritable impact sur le réseau."
EcoWatt les recense d’ailleurs au sein de l’application : il est conseillé de baisser de la température à 19 degrés, de limiter le recours à eau chaude, de couvrir ses poêles pendant la cuisson, ou encore de décaler le lancement d'appareils énergivores tels que le lave-vaisselle ou le lave-linge, de 8 à 13h et de 18 à 20h.
Ces économies d'énergies s'appliquent également aux pouvoirs publics. La préfecture d’Indre-et-Loire détaille : "nous les invitons à mettre en œuvre le plan sobriété qui contient des indications sur l’éclairage public, les panneaux publicitaires, la mise en place de LED."
Des interruption volontaires dans les industries
Autre levier possible pour réguler la consommation : l’interruption volontaire d’électricité chez des industriels ayant passé un contrat avec RTE, en échange d’une rémunération. "Comme ce sont d'importants consommateurs d'énergie, leur interruption va permettre de retrouver un équilibre sur le réseau", précise la préfecture d’Indre-et-Loire.
Enfin, la tension électrique - actuellement de 230 volts - sera quant à elle baissée de 5%. Cette diminution sera imperceptible pour la plupart des usagers. Concrètement, les luminaires seront moins éclairants et les chargeurs mettront un peu plus de temps à remplir complètement les batteries.
Trois jours plus tard, les délestages commencent
Si ces mesures suffisent à diminuer les tensions sur le réseau, alors l’alerte est levée. Cependant si ce n’est pas le cas, les délestages commenceront et des mesures d’urgence seront mises en place. Ces suspensions ne devraient durer que deux heures, sur des plages horaires allant de 8 à 13h et de 18 à 20h.
Les territoires touchés seront indiqués la veille de la coupure à 17h et aucune région ne les subira deux fois de suite. Dans ces cas-là, les préfectures appliqueront des mesures destinées à limiter les conséquences de ces délestages sur le quotidien des Français.
Des infrastructures protégées
Pour ce faire, le gouvernement a envoyé une circulaire aux préfets afin qu’ils puissent adapter leur territoire à ces délestages. Une liste des infrastructures protégées a été élaborée par les services de l'État à l’échelle départementale. En Indre-et-Loire, elle est prête "depuis septembre".
Si elle est confidentielle, elle recense toutefois les hôpitaux, les casernes et les commissariats, elle devrait aussi concerner certains sites industriels de la région, dont le fonctionnement est nécessaire à la nation et dont le délestage aurait des conséquences graves. Ainsi, les habitants voisins de ces infrastructures seront eux aussi épargnés par les coupures.
Numéro d'urgence et personnes vulnérables
Pour les urgence, seul l’accés au 112 sera possible. Actuellement, une étude est en train d’être réalisée sur le territoire afin de déterminer les zones blanches où les téléphones ne pourraient pas avoir accès à ce numéro. "Nous attendons les résultats, et en fonction, nous pourrons par exemple déployer des sécurités civiles sur ces terrains-là", indique la préfecture d’Indre-et-Loire.
Des "gardes postés" pourraient également prendre place au sein des commissariats et des casernes pour accueillir physiquement les requérants. Les réseaux de radio des sapeurs-pompiers ne sont pas touchés par les délestages.
Les personnes vulnérables, notamment celles sous respirateur, enregistrées sur les fichiers de l’ARS, seront quant à elles contactées par Enedis pour être prévenues des coupures (par message, appel, et déplacement si le contact n’a pas été établi jusque-là). "Leur prise en charge sera ensuite réfléchie au cas par cas."
Transports et écoles
Qui dit coupure de courant, dit aussi feux de circulation éteints ou tram à l'arrêt. La question des transports est actuellement au coeur des réflexions. À Tours par exemple, le tram pourrait ne pas fonctionner le temps des délestages. Si les délestages arrivent le matin, les écoles seront fermées pendant la demi-journée. Pour le moment, plusieurs pistes sont envisagées dont des cours reprogrammés ou décalés.
La préfecture d'Indre-et-Loire conclue en relativisant : en France, les coupures d’électricité arrivent souvent, comme après un accident de réseau, des vents violents ou une catastrophe naturelle. "La priorité est de mettre en place un plan de sobriété pour éviter ce scénario-là, et c’est possible, les gestes du quotidien et ceux d’institution et d’entreprises peuvent avoir un vrai impact sur l’équilibre du réseau.