Crise de l'énergie : la multiplication des fermetures de piscines fait craindre le pire à la ligue de natation

Alors que les annonces de fermetures se multiplient dans les communes de la région, la ligue régionale de natation alerte sur les conséquences économiques et sociales de ces décisions.

Michel Sauget se sent bien démuni face à l'ampleur du problème. "Je peux alerter, mais pas beaucoup plus", se désole le patron de la ligue de natation du Centre-Val de Loire. L'homme a de quoi être inquiet. 

Dans la région, mais également dans tout l'hexagone, les actions pour faire des économies d'énergie se multiplient. Et les piscines, très énergivores, sont souvent les premières à en faire les frais.

Dans l'Indre, par exemple, la piscine d'été du Blanc n'a pas rouvert cette saison, et les températures de la piscine d'hiver ont également été baissées de 27 à 25 °C. 

Sur le secteur de la métropole orléanaise, les températures des piscines municipales de Fleury-les-Aubrais et Olivet ont également été baissées. Le bassin nordique, le seul du département a été fermé, au début du mois de novembre pour une durée de trois mois. "C'est une situation très compliquée", reconnaît Thomas Renault, l'adjoint aux sports à la Ville d'Orléans. "On cherche la moins pire des solutions. Le risque, aujourd'hui, c'est d'avoir des associations sportives qui ne survivent pas", regrette-t-il.

Au centre aquatique du Grand Chambord, la sentence est la même, les bassins extérieurs sont fermés jusqu'en avril 2023.

Si le patron de la ligue, Michel Sauget reconnaît "que les piscines sont très énergivores", il regrette certains choix des collectivités : "Baisser la température, cela peut s'entendre, mais pas en dessous de 26 °C, sinon plus personne ne vient," assure-t-il. 

Des choix politiques ou réalistes ? 

Des décisions d'autant plus difficiles à accepter qu'il ne comprend pas toujours leur logique : "Ce qui consomme le plus, c'est l'air chaud que l'on diffuse dans les piscines fermées, pas de faire chauffer l'eau. Donc les bassins nordiques consomment moins que les piscines intérieures. Et pourtant c'est eux que l'on ferme ". 

Même son de cloche chez Stéphane Théault, le président de l'EC Orléans, le club de natation : "Oui, c'est exact. D'ailleurs, dans les pays nordiques, il n'y a quasiment que des bassins extérieurs. À Orléans, l'eau est chauffée à la biomasse, ce qui réduit encore les coûts", se désole-t-il.

Comment expliquer un tel choix ? "On navigue à vue. On a eu le covid et maintenant la crise énergétique. Si on avait fermé la piscine intérieure et pas les bassins extérieurs, quelle aurait été la cohérence alors que nous sommes en plein hiver ?", explique Thomas Renault. 

Au-delà du sport, il y a la question du public pour qui l'offre est très réduite. Nous devons prendre des décisions qui ne sont pas évidentes.

Thomas Renault, adjoint aux sports à la mairie d'Orléans

Des clubs en danger ? 

Ces mesures peuvent-elles mettre en danger les clubs de natation ? À en croire Manuel Sauger et Stéphane Théault, la réponse est "oui". Pour le premier, la fermeture des bassins nordiques est catastrophique pour les clubs : "Pour celui de Bourges, l'un des meilleurs de la région, c'est très compliqué. Les nageurs n'ont plus de bassin de 50 m2 pour s'entraîner".

La fermeture, en octobre 2022, n'a d'ailleurs pas plu aux usagers. Une pétition recueillant à ce jour près de 2000 signatures a été lancée, sans succès.

Le défi, ça va être de nous adapter et éviter que ses fermetures ne se répètent à chaque fois. Il y a peut-être d'autres choses à sacrifier que le sport pour tous.

Stéphane Théault, président de l'ECO Club

Du côté du club d'Orléans aussi, on s'inquiète des conséquences : "La perte du bassin, c'est la perte de notre dynamisme. On va devoir serrer tout le monde sur un bassin de 25 m. Ce n'est peut-être pas évident pour les non-initiés, mais pour les entraînements ça n'a plus rien à voir".

Pour le patron de l'ECO, si la fermeture venait à se prolonger, son équipe de six salariés, dont quatre à temps plein, pourrait être menacé : "Notre club repose sur la compétition et nous sommes fiers d'être devenus le 48e club français en seulement deux ans. Si l'on perd ce dynamisme, c'est aussi l'ensemble des bénévoles qui font vivre ce club qui partiront". 

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