Météo : face au risque de gel annoncé, les viticulteurs expliquent les moyens utilisés pour protéger leurs vignes

Méteo France annonce une chute des températures avec des risques de gel du 2 au 7 avril. Si cet épisode de gel n'inquiète pas outre-mesure les viticulteurs d'Indre-et-Loire et du Loir-et-Cher, ils préfèrent être prêts à protéger leurs vignes du gel de printemps dévastateur pour les bourgeons.

"Je ne sais pas ce que ça va donner mais au moins on est prêt". Anthony Pantaléon est viticulteur à Saint-Nicolas de Bourgueil en Indre-et-Loire. Il a passé la matinée à vérifier que ses tours anti-gel et son système d'aspersion fonctionnaient correctement. "L'an dernier, on a mis en route les tours anti-gel une dizaine de fois et on a réussi à gérer. C'est le système le plus simple à utiliser mais il ne faut pas une trop forte gelée. En dessous de - 5°C, l'aspersion est plus efficace", constate-t-il. 

L'aspersion permet de créer un petit cocon autour du bourgeon

L'aspersion permet de créer un cocon autour du bourgeon et ainsi de le protéger du gel. "C'est comme un petit igloo. A l'intérieur du cocon, on est toujours à zéro ou à -1 °C. Donc le bourgeon ne gèle pas. C'est efficace mais cela demande beaucoup de précision."

En effet il faut mettre en route le système quand il fait un ou zéro degré exactement. Par ailleurs, le système d'aspersion est gourmand en eau : 40m3 par heure et par hectare. "Même si l'eau repart dans le sol, il faut avoir pas mal de réserves. Pour le moment, nous n'avons pas reçu de consignes de restriction mais on nous parle d'aménagement vu l'état des nappes phréatiques", explique Anthony Pantaléon.

La tour anti-gel pour gagner trois ou quatre degrés

Pour cet épisode de gel, s'il a lieu, les tours anti gel devraient suffire. C'est l'outil de protection qu'a choisi Olivier Bellanger, viticulteur à Monthou-sur-Cher dans le Loir-et-Cher. Il est aussi président de la CUMA Protec' gel qui compte 60 adhérents (ndlr : CUMA : Coopérative d'Utilisation de Matériel Agricole) "Nous avons 65 tours réparties sur les communes de Monthou-sur-Cher, Thésée, Saint-Romain et Cheverny. Il faut une tour pour 5 hectares."

La tour anti-gel possède un moteur qui fait tourner une pale à très haute vitesse, environ 2500 tours/minute. "Le but est d'inverser les flux d'air. Sur une gelée blanche par exemple, l'air à 10 mètres est plus chaud qu'au sol. Le fait de brasser l'air inverse les flux d'air. On ramène ainsi le flux d'air chaud au sol. Cela permet de monter de trois à quatre degrés", explique Olivier Bellanger. 

Une fois l'acquisition faite par la CUMA des tours anti gel, les adhérents paient 800 euros par an et par hectare pour utiliser ces tours. "Je préférerais payer pour qu'elles ne servent jamais. C'est un outil de protection que nous n'utilisons pas par gaité de cœur. Nous espérons qu'elles ne serviront pas la semaine prochaine", tient-il à préciser. 

L'humidité, autre variable à prendre en compte

Du côté de la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher, Anne Buchet, responsable du pôle viticulture et œnologie se montre prudente : "Il y a deux ans, Météo France avait annoncé -2°C et on est descendu à -4°C. Donc même si ça devrait passer, nous préférons être prêts. Nous en saurons davantage demain. La météo est très changeante.

La température n'est pas la seule variable à prendre en compte. L'humidité est aussi importante. En situation de forte humidité, les jeunes pousses peuvent geler à partir de -2 à -3°C alors qu’en situation plus sèche (hygrométrie <60%), elles peuvent résister à -4 voire -5°C.

Ces gelées n’entraînent jamais la mort de la vigne même si elles peuvent détruire la récolte. Elles prennent la forme de gelées blanches (refroidissement des organes végétaux et du sol par rayonnement) ou de gelées noires (arrivée de masses d’air froid et sec à une température en général de -7 à -9°C, associée à du vent). 

"Ce qui nous rassure c'est que les bourgeons sont moins avancés cette année que l'année dernière donc s'il gèle, cela devrait faire moins de dégât dans les parcelles qui ne sont pas protégées", constate Anne Buchet. 

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