Pompier à Vouvray (Indre-et-Loire) dans la vie de tous les jours, Grégory Laurençon pratique le béhourd, sport de combat médiéval, le week-end. Il est ce qu'on appelle un béhourdeur ou un tournoyeur.
Quand il ne brave pas les flammes, Grégory Laurençon défie ses rivaux, armure de fer sur le dos et masse à ailette entre les mains.Pompier à Vouvray (Indre-et-Loire) dans la vie de tous les jours, Grégory Laurençon est également ce qu'on appelle un béhourdeur ou un tournoyeur. Ce colosse aux gros bras tatoués est un adepte du béhourd.
Adaptation contemporaine d’une pratique sportive et guerrière médiévale, le béhourd se pratique en équipe. En confréries plus exactement. Le but : sortir vainqueur de batailles qui se livrent à 5 contre 5, 16 contre 16 et jusqu'à 21 contre 21...
Le poids de l'histoire sur les épaules
Codification médiévale oblige, cette discipline médiévale est dictée par un règlement bien défini : les oppositions se font "en armure complète d’époque dans des châteaux médiévaux ou des gymnases, à pieds, à coups d’épées, de haches et autres armes pesantes".Dans le fracas des épées qui s'entrecroisent, des cris de rage et des coups de haches qui s'abattent violemment sur les boucliers ennemis, la sécurité elle est garantie, selon la Fédération française de béhourd. "Les armes ne sont ni pointues, ni tranchantes [...] Elles sont fortement arrondies et émoussées pour un maximum de sécurité."
C'est dans ces conditions donc que Grégory, pompier-chevalier / chevalier-pompier, croise le fer, équipé d'une armure datant XIVe siècle et pesant 40 kg, le week-end aux côtés de ses frères d'armes de la confrérie des Loups. Le poids de l'histoire sur les épaules...
Un équipement qui demande de la patience aussi. "Enfiler une armure... Ca prend bien 45 minutes", affirme celui qui est également membre de l'équipe de France.
"Comme sur un feu, on doit tout donner"
Vue de l'extérieur, la passion du pompier volontaire intrigue et surprend par son originalité. "C'est une découverte. Je ne savais pas que ce sport existait. Je l'ai découvert quand Gréogry m'en a parlé. Puis, je l'ai vu s'entraîner un peu, mais sans armure. J'ai aussi suivi un peu sa compétition pour voir quel était son résultat.", raconte Philippe Allias, chef de service des pompiers d'Auvray.Car le béhourd, aussi impressionnant qu'il soit, reste peu représenté en France. Ses combattants sont répartis en 26 confréries [une confrérie est composée d'au moins cinq membres] sur le sol français en 2018.
"J'en parle, j'essaye de recruter à droite, à gauche... Mais le recrutement se fait un peu tout seul quand les gens viennent sur les tournois et que la magie du spectacle opère", explique de son côté le pompier-chevalier rebaptisé Grégory Kasgard une fois sous sa cuirasse.
Si Grégory cherche à grossir les rangs, ce n'est pas seulement parce que le béhourd compte encore peu d'adhérents, c'est aussi car il est autant investi dans sa passion que dans son métier. "Comme lors d'une intervention sur un feu, on doit tout donner du début à la fin dans le béhourd".
Les 1er et 2 septembre prochains au Château de la Chapelle d'Angillon (Cher), il représentera fièrement le blason de la confrérie des Loups.
Retrouvez le portrait de Grégory Laurençon, signé Christelle Chapiotin et Pascal Epée :
Le Béhourd
-Le mot "béhourd" un mot de vieux français qui peut être traduit par "fracas".-Il s’agit d’une "adaptation contemporaine d’une pratique sportive et guerrière ancienne. Les compétiteurs s’y affrontent en armure complète, à pieds, avec des armes en acier qui ne sont ni pointues, ni tranchantes. Tous les équipements utilisés par les compétiteurs (appelés béhourdeurs ou tournoyeurs) doivent correspondre à des sources historiques issues de l’archéologie ou de l’iconographie médiévale".
-Fait son apparition dans les années 1990 en Russie.
-Sa pratique compte aujourd’hui des amateurs dans une trentaine de pays (France, Russie, Mexique, Ukraine, Japon...).
-Il existe 26 confréries en France en 2018.