Alors qu'Emmanuel Macron s'apprête à prendre la parole, Bertrand Fougère, chef de service des trois unités gériatriques (Courts séjours, SSR et EHPAD de l’Ermitage) du Centre hospitalier de Tours répond à nos questions concernant la meilleure stratégie pour enrayer la crise sanitaire.
Quelles seraient, selon vous, les mesures les plus efficaces à prendre pour tenter d'enrayer cette épidémie?"Toute décision qui permettra de soulager le système hospitalier sera bonne à prendre. Ce n'est pas à moi de dire s'il faut reconfiner ou pas, mais à l'évidence, il faut respecter le plus possible les mesures barrières, le port du masque, évidemment, mais aussi diminuer les interactions sociales non essentielles. En tant que médecin je dois dire : portez un masque, lavez-vous les mains et arrêtez les interactions sociales! Autrement, on ne pourra plus soigner les gens qui ne sont pas malades de la COVID."
Annoncée dès le printemps, cette deuxième vague a-t-elle été sous-estimée, prise à la légère?
"On ne peut pas former de personnels soignants en aussi peu de temps. Mais la COVID aura au moins eu un aspect positif, en pointant le dysfonctionnement du système hospitalier, ses failles, à la fois en nombre de lits, de personnels et d'attractivité du métier. Je ne veux pas lancer la pierre sur ce gouvernement en particulier, on paye ce qui a été mis en place depuis des années. Il est temps que nos décideurs ouvrent les yeux sur la situation de l'hôpital et des personnels soignants pour qu'on avance."
Faut-il nécessairement trancher entre l'économie et la santé pour mettre un terme à cette crise?
"Au moment du confinement, la balance était surtout entre la santé et l'éthique, à propos notamment des visites dans les EHPAD. Aujourd'hui, on fait la balance entre l'impact sanitaire et l'impact économique des décisions. Mais puisque ça ne marche pas sur le plan sanitaire, on prend chaque semaine des mesures de plus en plus restrictives. Selon moi, la santé et l'économie sont difficilement conciliables. L'urgence, aujourd'hui, c'est d'éviter de saturer le système hospitalier, car si l'on ouvre des lits pour les malades de la COVID, d'autres vont en pâtir."